FALCON HEAVY A POUSSÉ SES PREMIERS CRIS

En quelques secondes, un impressionnant panache de fumée se dégage depuis le pas de tir SLC-39A

En quelques secondes, un impressionnant panache de fumée se dégage depuis le pas de tir SLC-39A

Après neuf reports, et le Shutdown qui a bloqué tous les services administratifs des Etats-Unis, l’essai statique de la fusée lourde de Space X, initialement programmé le vendredi 11 janvier, a eu lieu ce mercredi. Les moteurs, ont comme prévu, été activés pendant une poignée de secondes.

La dixième tentative aura donc été la bonne. On imagine d’ailleurs que les nerfs du personnel de Space X ont été soumis à rude épreuve depuis presque deux semaines sur le SLC-39 A du Centre spatial Kennedy (KSC), le même pas de tir qui a vu partir les fusées lunaires Saturn V et les navettes spatiales. Mais comme Elon Musk l’avait lui-même annoncé, l’allumage de Falcon Heavy n’est pas sans risque. Il faut en effet faire fonctionner en même temps vingt-sept moteurs Merlin 1-D. Ce qui a eu lieu pendant une poignée de secondes, mais moins semble-t-il que les douze secondes initialement prévues, si l’on en croit les différentes vidéos qui ont commencé à circuler sur la toile. Ce n’était cependant pas une mince affaire dans la mesure ou Falcon Heavy comporte presque autant de tuyères que le premier étage Bloc-A de la fusée N-1. La gigantesque fusée lunaire soviétique comptait en effet trente moteurs NK-15 à sa base. Malheureusement, celle-ci n’a jamais pu fonctionner. Mais autre temps et surtout autre contexte.

La Telsa Roadster, première charge embarquée pour Falcon Heavy

La Telsa Roadster, première charge embarquée pour Falcon Heavy

Politique de marque...

Falcon Heavy, c’est un véhicule haut de 70 mètres et d’une masse de 1421 tonnes. Elle doit pouvoir générer plus de 2500 t de poussée au décollage et est théoriquement capable d’envoyer une charge utile de 63,8 tonnes en orbite basse (LEO), de 26,7 tonnes sur orbite géostationnaire, et jusqu’à 16,8 tonnes pour une trajectoire en direction de mars. Initialement, son vol inaugural était programmé pour 2013 mais des difficultés techniques dans la mise au point sont venues retarder la date du premier lancement. Par la suite, Il y a eu des événements, comme l’explosion du Falcon 9 qui a détruit le pas de tir en septembre 2016, qui ont retardé le calendrier. Après ce premier test réussi, le vol tant attendu de Falcon Heavy est à présent décalé en février. Il est prévu de récupérer les propulseurs d’appoint et le corps central (un Falcon 9 V.1.1). Ce qui constituera là aussi une première. Le premier passager de ce qui s’annonce actuellement comme le lanceur le plus puissant du moment, on le sait, sera la Tesla Roadster personnelle d’Elon Musk qui sera envoyée en direction de Mars. Il est prévu que son autoradio joue le Space Oddity de David Bowie. Si l’utilité d’une telle charge utile reste encore à démontrer, au moins Elon Musk sait comment faire pour vendre l’image de la marque Space X. Plus sérieusement, la première «vraie mission» de Falcon Heavy doit être le lancement de la charge utile de l’US Air Force STP-2 également appelée GPIM (Green Propellant Infusion Mission). Son lancement était à la base programmée en mars 2017. La seconde charge utile de ce vol doit être l’horloge atomique DSAC. En 2020, Falcon Heavy doit lancer l’un des deux satellites de télécommunications Viasat 3 pour le compte de l’opérateur californien Viasat.

Après le test statique, le passage du premier lancement doit venir pour Falcon Heavy. Peut-être en février

Après le test statique, le passage du premier lancement doit venir pour Falcon Heavy. Peut-être en février

Faire ses preuves

Mais la finalité de cette grande fusée, c’est de pouvoir envoyer le vaisseau habité Dragon 2, qui reste lui aussi à tester, autour de la Lune. Ce qui était théoriquement planifié pour la fin de l’année. Deux passagers auraient du prendre place à bord pour un vol en retour libre autour de la Lune pour Noel 2018. Cela aurait marqué le retour de l’Homme autour de la Lune depuis la mission Apollo 17 de décembre 1972 et surtout le cinquantième anniversaire de la mission Apollo 8, premier vol humain autour de notre satellite. Hors, le premier vol d’essai habité n’aura vraisemblablement pas lieu avant la fin de l’année 2018 comme le rapportait récemment le site spacenews.com. Ce même vol doit être précédé par un vol d’essai inhabité qui doit normalement avoir lieu au mois d’août prochain. Le survol lunaire habité souhaité par Elon Musk apparaît compromis du moins pour le moment. Si Falcon Heavy a néanmoins franchi une étape importante, il se doit à présent de faire ses preuves au lancement. Ce qui est attendu pour février.

Antoine Meunier

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