APOLLO 11, LE GRAND DÉFI DU 20ÈME SIÈCLE

20 juillet 1969, pour la première fois des humains marchent à la surface d'un autre monde au cours de la mission Apollo 11 (Crédit photo : NASA)

20 juillet 1969, pour la première fois des humains marchent à la surface d'un autre monde au cours de la mission Apollo 11 (Crédit photo : NASA)

C’était il y a exactement 50 ans. Pour la première fois, des hommes marchèrent sur le sol d’un autre monde. Une entreprise qui a mobilisé des capacités industrielles comme jamais auparavant afin de permettre à Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins d’atteindre la Lune.

Parvenir à envoyer des hommes sur la Lune nécessite un effort industriel, humain et technique sans précédent. Cela implique de structurer l’ensemble du programme pour que la tentative ait une chance de réussir. Le président Eisenhower l’avait d’ailleurs parfaitement compris en signant en juillet 1958, le décret qui acte la naissance de la NASA. Mais le véritable coup d’accélérateur est donné le 12 avril 1961 lorsque Youri Gagarine effectue son unique tour de Terre à bord de la capsule Vostok 1. Pour les Etats-Unis, c’est un coup de tonnerre supplémentaire (après ceux de Spoutnik 1 et 2 et des premières sondes soviétiques Luna. Une réaction américaine s’impose et elle va venir en deux temps. Il y a d’abord le lancement d’Alan Shepard à bord de la capsule Mercury 3 le 5 mai 1961 pour un vol suborbital de 15 mn (le lanceur Redstone n’autorise pas la satellisation). Et surtout, il va y avoir une réponse politique au vol réussi de Gagarine. Elle va venir d’un jeune président de 44 ans qui doit essuyer les plâtres du fiasco du débarquement de la Baie des Cochons en avril 1961.

L'usine de Michoud, ici dans les années 60, pour la production des étages de fusée de la famille Saturn

L'usine de Michoud, ici dans les années 60, pour la production des étages de fusée de la famille Saturn

Coup d’envoi

En prononçant, ce qui est probablement son plus célèbre discours le 25 mai 1961 devant le Congrès américain, John Kennedy ne fait pas que lancer un défi à l’Union Soviétique, il donne l’impulsion qui permet à l’industrie spatiale américaine de voir le jour. Avant mai 1961, aucune des infrastructures nécessaires à l’élaboration d’une fusée géante (Saturn 5 qui culmine à 111 m de haut !) n’est disponible. Ces infrastructures hors normes sont notamment installées en Louisiane à Michoud. Cette gigantesque usine (tout de même 174 000 m2 couverts) de la NASA a permis d’intégrer les étages de Saturn 1 et 1B ainsi que l’étage S1-C de Saturn 5. L’installation de Michoud sera réutilisée par la suite pour la navette spatiale et aujourd’hui pour le Space Launch System, la descendante de Saturn 5. Mais outre les outils nécessaires pour accomplir le voyage de la Terre à la Lune, il faut imaginer des situations jamais vécues auparavant, sauf peut-être en littérature et au cinéma. 420 000 personnes à travers tout le pays se mettent au service de cette aventure qui s’étirera jusqu’en décembre 1972 et la mission Apollo 17, épilogue grandiose de cette incroyable odyssée lancée presque douze ans auparavant. Une odyssée dont le coût s’élève à 25 milliards de dollars de l’époque soit environ 150 milliards de dollars d’aujourd’hui. Une odyssée qui pourrait repartir dans les prochaines années…

SLS, la descendante de Saturn 5, initialement prévue pour l'an prochain, pourrait maintenant ne pas être disponible avant fin 2021 (Crédit image : NASA)

SLS, la descendante de Saturn 5, initialement prévue pour l'an prochain, pourrait maintenant ne pas être disponible avant fin 2021 (Crédit image : NASA)

La Chine, le nouveau coup d’accélérateur ?

Car l’exploration de la Lune n’est pas terminée. Les douze astronautes, qui ont eu le privilège de fouler le sol sélène entre 1969 et 1972, ont simplement exploré une surface équivalente à un arrondissement de Paris. Autant dire pas grand-chose. Pour retourner vers l’Astre des Nuits, la NASA dispose du « petit-fils » d’Apollo ; le vaisseau Orion. Un dispositif construit en collaboration avec Airbus. C’est en effet le géant de l’aérospatial européen qui fournit le module de propulsion de cette capsule qui doit faire un tour de la Lune en mode automatique (mission Artemis 1). Elle sera propulsée par la fusée Space Launch System (SLS) évoquée plus haut.  C’est un lanceur qui ressemble beaucoup à Saturn 5 et qui est équipé de deux boosters latéraux. Le SLS ne devrait toutefois pas être disponible avant fin 2021. L’administrateur de la NASA Jim Bridenstine l’a annoncé lors d’une audition face à la commission sénatoriale du commerce des sciences et du transport le 17 juillet. La première mission habitée, envisagée à partir du vol Artemis 2, reste pour le moment planifiée en 2023. Il s’agira d’orbiter autour de la Lune à la manière d’Apollo 8 mais pas de descendre en surface. L’administration américaine aimerait bien qu’un équipage plante une nouvelle bannière étoilée pour 2024, ce qui correspondrait à la dernière année d’un potentiel deuxième mandat de Donald Trump. Le vice-président Michael Pence s’en est exprimé sur le sujet en mars dernier lors de la cinquième réunion du conseil de l’espace. Mais pourquoi aussi vite ? Et bien parce que la Chine a son propre programme d’exploration de la Lune. Dans l’esprit du président Trump, pas question de voir les Etats-Unis à la seconde place. Pour l’instant, l’Empire du Milieu n’a envoyé aucun homme à la surface de la Lune mais il a réussi à envoyer cinq sondes : deux orbiteurs en 2007 et 2010 ; Chang’E-1 et Chang’E-2. En 2014, Chang’E-5T1 permet de valider les phases de vol planifiée pour les futures missions de retour d’échantillons lunaires. Et puis surtout, il y a eu les alunisseurs Chang’E-3 (décembre 2013) et Chang’E-4 qui, elle, s’est posée sur la face cachée de la Lune le 3 janvier dernier. L’exploration humaine de la Lune fait aussi partie des projets de la Chine. Il leur faut pour cela disposer d’un lanceur de grande taille, ce sera la Longue Marche 9 qui est en développement depuis 2011. Cette grande fusée doit être disponible à partir de 2029. Cependant, avant d’envoyer des hommes, la Chine continue toujours une exploration automatique en faisant appel aux partenaires internationaux, avec notamment la signature d’un accord avec le CNES en mars dernier pour une présence scientifique sur la mission de retour d’échantillons Chang’E-6 prévue pour 2023.

Cette montée en puissance de la Chine est vraisemblablement le signal que l’Oncle Sam attendait pour relancer les voyages interplanétaires entre la Terre et la Lune tels qu’ils ont été imaginés il y a maintenant plus d’un demi-siècle. Des voyages qui permettront peut-être d’envisager enfin une présence à long terme sur notre satellite.

                                                                                       Antoine Meunier

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