RECORD BATTU POUR LE X-37B
Basé sur le X-40, le X37B affiche aujourd'hui plus de 2800 jours cumulés en orbite basse sur cinq missions
Lancé le 7 septembre 2017 par une fusée Falcon 9 (mission OTV5), le petit appareil spatial de l’US Air Force vient de battre un impressionnant record. Le 26 août dernier, il a franchi le cap des 720 jours passés en orbite terrestre.
A quoi sert-il ? Que fait-il dans l’espace ? Sur l’utilisation faite de son petit avion orbital, l’armée de l’air américaine reste bien mystérieuse. Depuis son premier vol (OTV1) en 2010, ses missions restent frappées par le sceau du secret. « Les objectifs principaux du X-37B sont doubles : tester des technologies spatiales pour les futurs engins réutilisables américains dans l’espace et des expériences d’exploitation pouvant être renvoyées et examinées sur Terre. », apprend-on sur la fiche signalétique disponible sur le site de l’US Air Force. Conçu à la base sous maîtrise d’œuvre par Boeing en partenariat avec la NASA, le projet du #X-37, débuté en 1999 a été transféré le 13 septembre 2004 à l’Agence pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA), puis à l’Air Force en 2006 où il devient classé confidentiel. D’une masse totale au lancement de 4990 kg, le X-37B mesure 8,9 m de long et atteint une envergure de 4,5 m. Comme la navette spatiale en son temps, il comporte également une baie cargo de 2,1 par 1,2 m lui permettant d’emporter de petites charges utiles. Sa puissance électrique lui est fournie par des panneaux solaires à l’arséniure de gallium et des batteries lithium-ion et il peut évoluer en orbite basse entre 230 et 1064 km d’altitude.

Retour de la mission OTV5 en mai 2017 sur la piste du Kennedy Space Center (crédit photo : US Air Force)
Au-delà de mille jours ?
Selon une information du site space.com, on sait que parmi les technologies testées au cours de ses cinq missions de la mini navette spatiale, figurent notamment le guidage, les systèmes de protection thermique ou encore les procédures de rentrée atmosphérique et d’atterrissage. De plus, il semble acquis que le petit avion ait procédé, au cours de ses vols, à un ou plusieurs changements d’orbites. Certaines sources évoquent également des essais avec des moteurs expérimentaux. La mission OTV-4, entre le 20 mai 2015 et le 7 mai 2017, embarquait ainsi un propulseur ionique à effet Hall* de type XR-5A de la firme Aerojet Rocketdyne. En 2015, en partenariat avec l’#ESA, Rocketdyne, via sa filiale irlandaise a développé une version XR-5E « européenne » de ce petit moteur susceptible d’être utilisé notamment sur les satellites de télécommunication. Par ailleurs, la position actuelle du X-37B est connue. Ainsi le 2 juillet dernier, l'astronome néerlandais Ralf Vandebergh a pu photographier alors l'engin alors qu'il circulait sur une orbite à 339 kilomètres d'altitude.

Lancement de la mission OTV-3 en décembre 2012 avec une fusée Atlas 501 (crédit photo : DR)
Vers les mille jours en orbite ?
Vraisemblablement plus un banc d’essais pour de nouvelle technologies qu’un avion fantôme, le X-37B est increvable puisque ses missions s’enchainent assez rapidement. Et les vols sont à chaque fois toujours plus long : 225 jours pour le premier, 469 pour le second, 675 pour le troisième et 717 pour le quatrième. Une durée qui sera largement battue par le vol en cours et qui permet aujourd’hui de dépasser le total de plus de 2800 jours cumulés en orbite basse. Cette mission OTV5 ne semble d’ailleurs pour le moment pas prête de s’arrêter. Il parait même acquis que le X-37B puisse dépasser les mille jours en orbite. Si tel est le cas, l’appareil reviendrait sur Terre le 3 juin 2020 ! Bien que cette hypothèse reste encore à confirmer, cela n’est techniquement pas irréalisable sachant que certains engins spatiaux ont une durée de vie qui se compte en décennies. Les plus anciens encore en service sont les sondes spatiales Voyager qui ont été lancées il y a maintenant quarante-deux ans. Quand le X-37B rentrera-t-il sur Terre ? Il n’y a pour le moment aucune information dans ce sens…
Antoine Meunier