LAUNCHER ONE : POSSIBLE PREMIER VOL TEST EN FIN D’ANNÉE

Après son essai de largage parfaitement réussi en juillet, le Launcher One devrait passer à un test opérationnel (crédit photo : Virgin Orbit)

Après son essai de largage parfaitement réussi en juillet, le Launcher One devrait passer à un test opérationnel (crédit photo : Virgin Orbit)

C’est ce qu’a confié Dan Hart, CEO de Virgin Orbit, en marge d’une table ronde de la World Satellite Business Week qui se tient cette semaine à Paris. Si les données récoltées lors du programme d'essais sont encore en phase d'analyse, le largage du lanceur en juillet, marquait la dernière étape importante des tests en vol captif.

Rappelons d’abord le concept. Initialement sous l’autorité de Virgin Galactic, l’activité lanceurs a été séparée pour être développée dans une entité à part entière à partir de 2017 : Virgin Orbit. Le concept de LauncherOne fait appel à une idée ancienne mais qui a fait aujourd’hui ses preuves : l’aéro-largage. Le premier du genre est plus vieux que la conquête spatiale elle-même, puisqu’il s’agit du largage de l’avion-fusée Bell X-1, par un bombardier stratégique B-29, qui permit à Chuck Yeager de franchir le premier le mur du son le 14 octobre 1947. Ce principe a été repris à grande échelle par la suite notamment pour les vols des lifting-bodies de la série X. L’idée est utilisée aujourd’hui pour les vols d’essais du SpaceShip 2 de Virgin Galactic et il est à présent appliqué avec le LauncherOne. Ce dernier est largué depuis une altitude 35 000 ft (11 500m) sous l’aile gauche du B747 reconfiguré Cosmic Girl qui fait en quelque sorte office de premier étage réutilisable. L’intérêt de la solution proposée par Virgin Orbitn est que l’on peut lancer depuis n’importe quel point du globe sans avoir à utiliser les lourdes infrastructures, inhérentes à l’intégration d’un lanceur classique. Il serait même techniquement possible de procéder à deux tirs successifs de la fusée au cours d’un même vol du Cosmic Girl.

Essai à pleine puissance du moteur Newton 3 en mai 2019 (crédit photo :

Essai à pleine puissance du moteur Newton 3 en mai 2019 (crédit photo :

Une flotte de six lanceurs

C’est dès 2007 que commence le développement du LauncherOne. Il s’agit une petite fusée de 16 mètres de long à deux étages. D’un diamètre de 1,6 m, le premier développe une poussée de 327 kN (33,3 t) dans le vide à l’aide d’un moteur Newton 3 fonctionnant à l’aide d’un mélange Lox-kérosène avec une durée de fonctionnement atteignant 180s . Le moteur Newton 4 qui équipe le deuxième étage, fonctionne avec le même carburant. D’un diamètre de 1,3 m, il affiche des performances de poussée de 22 kN (2,2 t) dans le vide et peut fonctionner pendant 360 s. A ce jour, six exemplaires ont été produits. L’ensemble Launcher One se positionne sur le segment des petits lanceurs, dont notamment l’Electron de Rocket Lab, pour lancer des charges utiles allant sur orbite basse (LEO) et héliosynchrone (SSO). Virgin Orbit, qui dispose aujourd’hui de six fusées disponibles, annonce des performances de l’ordre de 200 kg pour l’orbite SSO. La phase de tests captifs s’est achevé avec le largage du mois de juillet et « le premier vol d’essai proprement dit pourrait avoir lieu avant la fin de l’année, le temps de terminer l’analyse des données », indique Dan Hart. Le premier vol commercial n’est maintenant pas prévu avant 2020, ajoute le dirigeant. Parmi les premiers passagers susceptibles d’embarquer sur ce lanceur qui accélère à l’horizontal, figure la Royal Air force. Le 19 juillet dernier, Virgin Orbit et l’armée de l’air britannique ont signé un partenariat dans le cadre de son programme de smallsats Artemis pour lequel un démonstrateur pourrait être lancé en 2020. Du côté des acteurs commerciaux, dès 2017 Virgin Orbit et Cloud Constellation ont signé un contrat pour le lancement des 12 premiers satellites de Spacebelt. En avril de cette année, un MOU a également été signé pour transporter à terme les clients de l’opérateur allemand de petits satellites Exolaunch. Compte tenu de la flexibilité offerte par la mise en œuvre de son moyen de lancement, Virgin Orbit annonçait en 2018 être à même de réaliser jusqu’à 24 lancements par an. La demande semble être là puisqu’Euroconsult, l’organisateur de la WSBW, estime à 8 500 le nombre de satellites de moins de 500 kg à envoyer dans l'espace au cours des dix prochaines années.

Antoine Meunier

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