LA NASA COMMANDE DE NOUVEAUX EXEMPLAIRES D’ORION

Actuellement en phase de test, l'exemplaire d'Orion prévu pour la mission Artemis I doit s'envoler à partir de juin 2019
L’agence spatiale américaine, par la voie de son administrateur, a annoncé lundi avoir sécurisé la commande d’un lot pouvant aller jusqu’à douze unités du futur vaisseau destiné à retourner sur la Lune. Le contrat, passé entre l’agence et l’industriel Lockheed Martin court jusqu’au 30 septembre 2030.
Le programme américain de retour vers la Lune revêt à présent un caractère industriel important car il donne corps à l’ambition américaine de retourner vers notre satellite d’ici 2024. Comme l’indique Jim Bridenstine, « ce contrat sécurise la production d’Orion pour la prochaine décennie ». S’il est prévu de commander jusqu’à douze capsules Orion, l’exécution du contrat se fera néanmoins par étapes. Ainsi, l’administration spatiale américaine commencera par commander trois unités destinées aux missions Artemis 3 à 5. Cette troisième mission du successeur du programme Apollo doit être le premier alunissage avec un équipage mixte prévu d’ici cinq ans. La seconde mission (Artemis 4), prévoit entre autres l’utilisation d’un module réutilisable de retour vers l’orbite. Enfin, la mission Artemis 5 prévoit notamment une procédure de « refueling » pour le futur module de retour. Le montant de cette première phase est fixé à hauteur de 2,7 milliards de dollars. Les trois Orion suivants ne devraient pas être commandés avant l’année fiscale 2022. Le montant estimé de cette possible transaction est communiqué puisqu’il s’élèverait, selon le communiqué de la NASA, à 1,9 milliard de dollars. En commandant la capsule Orion par groupe de trois, l’administration spatiale américaine entend optimiser la production mais aussi réduire les coûts.

Illustration de la capsule Orion avec le module de service européen (ESM). La disposition des panneaux solaires est la même que celle de l'ATV (Image : NASA)
Déjà deux modules de service européens
Dans cette optique, l’accent est notamment mis sur la réutilisation. Le plan à long terme implique de réutiliser au moins une fois chaque capsule Orion. Ce principe de réutilisation s’articule sous plusieurs formes qui doit démarrer avec la mission Artemis 2. Ainsi, il est prévu de réutiliser certains composants intérieurs du vaisseau (ordinateurs de vols, sièges des astronautes, etc…). Le premier module d’équipage a être réutilisé doit celui de la mission 3 qui doit être reconditionné pour Artemis 6. Mais qui dit nouveaux exemplaires d’Orion dit peut-être nouveaux modules de service européen (ESM). Il faut rappeler que le module propulsif de la capsule Orion (ESM), réalisé sous maîtrise d'oeuvre par Airbus DS, prend sa source dans celui du vaisseau cargo européen ATV qui a ravitaillé à cinq reprises l’ISS entre 2008 et 2014. Un moyen pour le vieux continent de payer sa contribution dans la Station spatiale internationale. L’ESA finance sa quote part dans le complexe orbital à hauteur de 8,3 %. Le dernier exemplaire de l’ATV, le Georges Lemaitre, n’assurait le paiement du loyer européen dans la station que jusqu’en 2017. Afin d’assurer une continuité dans la fourniture de services, Airbus DS a donc fourni les modules ESM des deux premières missions Artemis. Le premier exemplaire a été livré en 2018 et est programmé pour voler à partir de fin 2020 ou début 2021. Le second (ESM2) est actuellement en cours d’intégration à Brême. Il est prévu qu’il vole en 2022 sur Artemis 2, la première mission habitée d’Orion qui consistera en un vol circumlunaire.

Orion, le véhicule qui servira à rallier la Deep Space Gateway d'ici la prochaine décennie (Image: NASA)
Vers une poursuite de l’aventure européenne
La logique voudrait donc que l’aventure européenne à bord d’Orion se poursuive. Selon une information du site Spaceintelreport, l’agence spatiale européenne propose désormais de poursuivre son actuel engagement avec six ESM supplémentaires. En juillet dernier, la NASA et l’ESA se sont néanmoins mises d’accord pour la livraison d’un troisième ESM qui serait utilisé dans le cadre de la mission Artemis 3, planifiée pour 2024. Toujours selon SpaceIntelreport, l’autorité spatiale européenne devrait débourser 432 millions de dollars (390 millions d’euros) pour ce troisième exemplaire et 1,01 milliard d’euros pour une commande groupée de six exemplaires d’un vaisseau destiné à l’exploration habitée au-delà de l’orbite basse de la Terre. Un point qui doit normalement être discuté lors de la conférence ministérielle de l’ESA les 27 et 28 novembre prochain à Séville. Un rendez-vous au cours duquel devrait également être abordé l’implication européenne dans la Deep Space Gateway (DSG), la station qui devrait normalement succéder à l’ISS à partir de la seconde moitié de la prochaine décennie.
Antoine Meunier