LE SUCCESSEUR DE SHENZHOU SE DÉVOILE
Le futur vaisseau interplanétaire chinois se rapproche en design d'Apollo (Image : capture d'écran vidéo CAST)
Le programme d’exploration spatiale chinois est ambitieux. S’il prévoit notamment deux missions de retour d’échantillons de la Lune avec #Chang’E-5 et 6, il est également prévu que l’Empire du Milieu mette en service un nouveau véhicule habité destiné à l’espace lointain. Celui-ci pourrait faire un vol d’essai automatique l’an prochain.
C’est le 15 octobre 2003 que la Chine a fait son entrée dans le club très restreint des puissances capables d’envoyer un homme dans l’espace. La mission Shenzhou 5 permet au taïkonaute Yang Liweï de devenir le premier représentant de son pays à orbiter autour de la Terre. Depuis maintenant seize ans, six missions Shenzhou ont été réalisées et ont permis à onze taïkonautes hommes et femmes de voler. Jing Haipeng est le plus titré des #taïkonautes avec trois missions au compteur (Shenzhou 7, 9 et 11). Il est suivi par Nie Haisheng qui a réalisé deux vols (Shenzhou 6 et 10). La dernière mission, Shenzhou 11, qui s’est déroulé entre le 17 octobre et le 18 novembre 2016 a permis à Jing Haipeng et Chen Dong de séjourner un mois (32 jours) à bord de la petite station spatiale Tiangong 2. L’ensemble de l’expérience acquise sur les modules Tiangong 1 et 2 constitue un préambule pour la grande station spatiale #Tiangong3 attendue pour 2022/2024. A plus longue échéance, la Chine escompte envoyer ses explorateurs célestes au-delà de l’orbite basse de la Terre. La Lune constitue un objectif essentiel, un objectif annoncé dans le plan quinquennal 2011-2016. Mais pour y parvenir, la Chine doit mettre en service une nouvelle capsule habitée dont des images sont disponibles dans une vidéo institutionnelle de l’académie chinoise de technologie spatiale (CAST) récemment mise en ligne.
Le module d'équipage doit pouvoir être réutilisable (Image : capture d'écran vidéo CAST)
Caractéristiques
Si le Shenzhou s’inspire du vénérable Soyouz, son successeur, qui n’a pas encore de nom, est un vaisseau made in China dont le design évoque très vaguement celui d’Apollo. La vidéo montre qu’il comporte deux modules : service et commande contre trois pour le Shenzhou. Outre les modules de commande et de service, celui-ci comprend, comme le #Soyouz, un compartiment orbital qui offre ainsi un espace de vie supplémentaire pour les équipages. Pour sa part, le nouveau vaisseau mesure neuf mètres de long et, selon les rares informations disponibles, sa masse au décollage peut atteindre jusqu’à vingt-deux tonnes* (contre seulement 8,6 tonnes pour le Shenzhou). Il doit pouvoir résister aux contraintes liées à un retour atmosphérique en mode interplanétaire. Il serait capable de transporter de quatre à six personnes, ce qui correspond aux capacités de son homologue américano-européen Orion. Il est également prévu que le module d’équipage soit réutilisable. Se pose à présent la question du premier vol. En 2016, Les ingénieurs chinois ont préalablement testé une maquette à l’échelle du module d’équipage pour valider la rentrée atmosphérique. Un premier test sans équipage du vaisseau est envisagé pour 2020. Mais si Shenzhou pouvait se contenter de la Longue Marche 2F comme vecteur de lancement, son successeur requiert une fusée plus puissante en l’occurrence la Longue Marche 5B qui est capable de lancer jusqu’à 23 tonnes en orbite basse (LEO). Malheureusement, le lanceur est pour le moment cloué au sol suite à l’échec du second tir de Longue marche 5 le 2 juillet 2017.

La Longue Marche 9, un lanceur pas disponible avant dix ans (Image : DR).
Approche à long terme
Le rôle de cette fusée est central puisqu’elle doit également lancer vers la Lune les sondes lunaires Chang’E-5 et Chang’E 6 mais aussi les éléments de la station spatiale chinoise Tiangong 3. Pour les missions habitées en direction de l’Astre des nuits, une fusée de grandes dimensions, type Saturn 5 ou SLS, reste nécessaire. L’équivalent chinois s’appelle Longue Marche 9 et devra être capable d'envoyer jusqu'à 130 t sur orbite basse (LEO). Il est à l’étude depuis 2011. Celui-ci ne devrait cependant pas être disponible avant 2029 ou 2030. L’échéance d’un débarquement humain chinois sur la Lune est prévue mais cela reste encore éloigné puisque l’empire du Milieu se concentre d’abord sur la construction de Tiangong 3. Toutefois, une surprise est toujours possible...
Antoine Meunier