ARIANE 6 DANS LA DERNIÈRE LIGNE DROITE

Il reste moins d'un an avant le début de carrière d'Ariane 6. Sur l'image, la version 64 avec 4 propulseurs d'appoint
A moins de deux semaines d’un rendez-vous crucial pour le spatial européen, la conférence ministérielle de l’ESA, André-Hubert Roussel, le président exécutif d’#ArianeGroup a rencontré les journalistes de l’AJPAE vendredi 15 novembre. L’occasion d’aborder notamment les dernières étapes avant l’échéance du tir inaugural d’Ariane 6 qui est planifié pour la fin 2020.
Dans moins d’un an maintenant, l’Europe réceptionnera son nouveau moyen d’accès à l’espace : le lanceur Ariane 6. Une fusée qui aura connu un temps de développement ultra rapide, puisque la prise de décision de concevoir une succession à Ariane 5 remonte à 2014. « C’est une première mondiale, il n’y a pas dans l’histoire des lanceurs quelque chose qui a été développé aussi rapidement », rappelle ainsi André-Hubert Roussel. Il faut généralement une bonne décennie pour mettre au point une fusée. Et après cinq années, Ariane 6 est maintenant quasiment dans la dernière ligne droite. Parallèlement, alors que nous sommes à moins d'une année du premier tir, la succession de ce lanceur qui n’a pas encore volé se prépare également (Ariane Next). Ce futur d’Ariane 6 repose déjà sur trois éléments clés, à commencer par le moteur Prometheus. Initié dès 2016, ce moteur à bas coût (un million d’euros contre 10 pour le Vulcain) fonctionnant sur la base d’un mélange lox-méthane, aura une puissance de l’ordre de 100 tonnes de poussée. La particularité de Prometheus est qu'il sera possible de faire varier la poussée. « C’est une donnée importante dans l’optique de la réutilisation notamment lorsqu’un lanceur revient se poser au sol », précise André-Hubert Roussel. #Prometheus doit justement servir à équiper le démonstrateur réutilisable Themis actuellement développé par la plateforme commune #ArianeWorks, codétenue par le CNES et #Arianegroup. Themis devrait être équipé d'un moteur Prometheus pour son vol inaugural envisagé à partir de 2022. De plus, le futur lanceur qui succèdera à Ariane 6 utilisera peut-être l’étage composite #Icarus (Innovative Carbon Ariane Upper Stage) actuellement à l’étude. Réalisés en polymères de carbone renforcé, Icarus permettrait de gagner de 1 à 2 t sur la masse.

L'étage supérieur cryotechnique d'Ariane 6 et son moteur Vinci va être prochainement testé sur le banc d'essais de Lampoldshausen en Allemagne (Image : ArianeGroup).
Des missions majeures
Toutefois, ces développements doivent franchir une étape importante : la conférence ministérielle #Space19+ de l’#ESA qui se tient les 27 et 28 novembre à Séville. Au cours de ce rendez-vous essentiel pour le spatial européen, l’ESA devrait proposer aux ministres des états membres un budget de 12,5 milliards d’euros sur trois ans dont 2,6 milliards d’euros pour l'évolution des lanceurs. Ce qui comporte entre autres une évolution pour le Centre spatial guyanais (CSG). "Un peu plus de la moitié de ce budget sera dédiée pour l’activité des lanceurs Ariane", souligne le dirigeant. 500 millions sont notamment prévus pour le retrait du service d'Ariane 5 dont le dernier vol est programmé avant la fin 2022. A noter que le prochain vol d'Ariane 5 est prévu pour le vendredi 22 novembre (VA 250) : la charge utile se compose des satcoms égyptien Tiba-1 (conçu par Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space) et de GX-5 pour Inmarsat. Plusieurs missions majeures sont confiées à la fusée avant sa mise à la retraite dont le lancement du télescope JWST en 2021 ou bien encore ceux des satellites militaires de télécommunications Syracuse 4 en 2021 ou 2022. Les huit dernières Ariane 5 ont été commandées et il en reste 12 à lancer alors que la production des 14 premières Ariane 6 est maintenant en cours (auxquelles il faut ajouter un exemplaire pour les tests). Le premier lancement sera dédié au déploiement de 30 petits satellites de la constellation OneWeb qui seront installés sous la coiffe d'une Ariane 62 (deux propulseurs d’appoint). Mais avant le premier tir, il reste encore plusieurs étapes à franchir dont des tests de mise à feu de l'étage supérieur sur le banc d’essais du DLR à Lampoldshausen. Au premier semestre 2020, sont également prévus des tests combinés avec la fusée installée sur l'ensemble de lancements Ariane flambant neuf (ELA4), qui comporteront notamment des essais de remplissage des réservoirs. Il s'agit d'une étape importante : ce devrait être la première fois qu’Ariane 6 sera disposée en intégralité sur son site de lancement.
Antoine Meunier