LE CST-100 STARLINER RATE SA PREMIÈRE INSERTION ORBITALE

Si le lanceur Atlas V a parfaitement fonctionné au lancement, Starliner a partiellement échoué son insertion orbitale (Photo : NASA).

Si le lanceur Atlas V a parfaitement fonctionné au lancement, Starliner a partiellement échoué son insertion orbitale (Photo : NASA).

Si le lanceur Atlas V a décollé hier à l’heure prévue (12h36 heure de Paris), la capsule de Boeing a partiellement échoué dans sa mission inaugurale (Boe-OFT). Suite à un problème logiciel, le vaisseau a été placé sur une mauvaise orbite. A la suite de cet incident, il a été décidé de rapatrier le vaisseau dimanche matin.

Le redémarrage des vols habités sur le sol américain n’est décidément pas une chose simple. Que s’est-il passé ? A la suite d’un problème temporel du à une défaillance logiciel, la mise à feu de la propulsion n’a pas permis d’insérer le Starliner sur l’orbite qui permet un rendez-vous avec la Station spatiale internationale (ISS). « Le vaisseau spatial a cru qu'il était sur une « mise à feu », permettant l’insertion orbitale, alors qu'en réalité il n'y était pas », explique dans un tweet l’administrateur de la NASA Jim Bridenstine. La conséquence de ce problème : Starliner a été inséré sur une orbite dont le périgée se situait à 73 km d’altitude. C’est-à-dire dans l’atmosphère terrestre. Toutefois au cours de la conférence de presse post-lancement, Jim Bridenstine, l’administrateur de la NASA, s’est voulu rassurant : « beaucoup de choses ont très bien fonctionné ». Après ce problème qui malheureusement annule l’amarrage à l’ISS, initialement prévu ce samedi, le vaisseau a ainsi pu être sécurisé. Son orbite a pu être rehaussé grâce au carburant disponible à bord du vaisseau. Mais la trop grande consommation d’ergols (25 % en plus) ne permet plus au Starliner de rejoindre l’ISS. Le véhicule a rejoint une orbite de 186 km x 216 km, largement inférieure à celle du complexe orbital (330 X 420 km). 

Pour un atterrissage, Starliner a recours des airbags issus de ceux des Rover martiens MER (Crédit image : Boeing).

Pour un atterrissage, Starliner a recours des airbags issus de ceux des Rover martiens MER (Crédit image : Boeing).

Possibilité de récupérer des données

Avec le Crew Dragon, le CST-100 Starliner est le second gagnant de l’initiative Crew Commecial Dev lancée en 2010 par la NASA et qui vise à la création d’un véhicule privé de transport pour les astronautes à destination de la Station spatiale internationale (ISS) à la suite des retards accumulés dans le développement du vaisseau Orion. Pour mémoire, Boeing et Space X se sont vues allouées respectivement 4,2 et 2,6 mds de dollars par la NASA, afin de développer leur capsule respective. Une différence importante entre les deux : le Crew Dragon est une évolution du Dragon cargo tandis que Boeing est parti d’une copie quasi blanche pour construire le Starliner qui est doit être réutilisable jusqu’à dix fois, bien que le module de propulsion n’est cependant pas récupéré lors de la rentrée atmosphérique. Starliner marque une petite révolution puisqu’il est prévu qu’il revienne sur Terre, bien qu’un amerrissage reste également possible. Starliner se pose sur un matelas d’airbags dont la technologie est issue des missions martiennes Spirit et Opportunity. De plus, son volume habitable peut théoriquement accueillir jusqu’à sept personnes. Ce qui sur le papier permettrait de lancer l’équivalent d’un équipage complet de la Station spatiale internationale (ISS) à laquelle chaque Starliner doit, à terme, rester amarré au maximum 210 jours. Cependant, le vaisseau est optimisé pour quatre personnes (spécifications NASA) bien qu’il serait tout à fait possible de l’aménager pour un cinquième passager et notamment un potentiel touriste spatial. Pour les futurs astronautes privés, la firme Space Adventures devrait commercialiser les premiers sièges sur Starliner dès que celui-ci entrera dans sa phase opérationnelle, soit normalement d’ici la fin de l’année 2020. Il est également prévu que Starliner et Crew Dragon réalisent chacun six rotations d’équipage à raison de deux par an.

Le simulateur de tableau de bord du Starliner exposé à l'IAC 2019 à Washington. Un mélange de manettes et d'écrans numériques (Crédit Photo : LCS/Antoine Meunier).

Le simulateur de tableau de bord du Starliner exposé à l'IAC 2019 à Washington. Un mélange de manettes et d'écrans numériques (Crédit Photo : LCS/Antoine Meunier).

Etre opérationnel fin 2020

A la suite de cet échec, se pose la question du premier vol habité. Celui-ci devait intervenir au cours du premier semestre 2020. Mais Jim Bridenstine a clairement indiqué qu’il était trop tôt pour prendre une telle décision. Le vaisseau doit revenir se poser ce dimanche matin à 12h30 UTC à White Sands. Il faudra ensuite dépouiller les données du vol pour comprendre ce qui s’est passé au moment de la séparation entre la capsule et le lanceur Atlas V. Bien que l’objectif de l’amarrage soit annulé, Jim Chilton, l’un des responsables de Boeing, a indiqué qu’il était néanmoins possible de tester plusieurs dispositifs nécessaires aux futurs vols habités : les détecteurs du système d’amarrage, le guidage d’approche ou encore le support-vie. Le premier vol habité, Baptisé Boe-CFT (pour Boeing Crew Flight test), sera commandé par Chris Ferguson (4èmemission). Un choix symbolique puisqu’il fut le dernier commandant d’un vol de navette spatiale en 2011 (STS-135). Pour cette nouvelle mission, Chris Ferguson doit être accompagné par Mike Fincke (4ème vol) et par Nicole Mann (1er vol). Totalisant 40 jours dans l’espace, Chris Ferguson a également pris part au développement du Starliner qui doit être assemblé dans le bâtiment Orbital Processing Facility n°3 (OPF 3) du Centre spatial Kennedy (KSC). C’est à cet endroit que l’on assemblait la navette. Il doit permettre d’employer jusqu’à 550 personnes. La phase pleinement opérationnelle du Starliner doit intervenir à compter de décembre prochain. Pour cette mission USCV-2, qui doit être en fait le second vol habité de Starliner, les astronautes américains Sunita Williams (3ème vol) et Josh Cassada (1ervol) seront accompagnés par le français Thomas Pesquet (2ème vol) et du cosmonaute russe Andreï Borisenko (3ème vol).

La capsule Crew Dragon, quant à elle, doit effectuer son premier vol de test habité (Spx-DM2) au cours du mois de mars 2020.

Antoine Meunier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *