DES BUDGETS POUR L’EXPLORATION

Dans le budget 2020 de l’ESA, l’exploration vient en 4ème position (Crédit illustration : ESA).
Cette nouvelle décennie commence bien pour le spatial européen avec un budget global de 14,5 milliards d’euros pour les trois prochaines années décroché lors de la ministérielle de Séville sur laquelle est revenu mercredi Jan Worner, le Directeur général de l’ESA, lors de ses voeux de nouvel an à la presse. Un vent favorable qui profite également aux programmes d’exploration (automatique et habité) bien qu’il ne soit toujours pas question d’envisager un véhicule habité européen.
Dans le budget 2020 de l’ESA (6,68 milliards d’€), comme celui de l’an dernier, le volet exploration, avec 645,2 M€ (9,7 % du montant total de 2020) constitue le quatrième poste. Il accuse toutefois une légère baisse de 2,3 % par rapport au budget 2019. En première position figure l’Observation de la Terre (1536,8 M€), le transport spatial (1536,1 M€) est second et la navigation troisième (1103,9 M€). En cinquième position, on trouve le programme scientifique avec 538 M€. L’ensemble des budgets spatiaux européens a connu un événement favorable avec la ministérielle Space 19+ à Séville, les 22 délégations des états membres de l’agence spatiale européenne ont accordé une dotation plus importante que demandée par l’autorité spatiale européenne (14,256 milliards demandés et 14,5 milliards obtenus). Les programmes d’exploration européens ont ainsi bénéficié de ce « vent favorable » avec une hausse de 35%. David Parker, le responsable des programmes d’exploration humaine et robotisée, au sein de l’autorité spatiale européenne, a donc toutes les raisons d’être satisfait puisque sur trois ans, son département bénéficie d’une dotation qui s’élève à 1953 M€ au total. « En 2016, nous avions demandé 1,6 milliard nous avions obtenu 1,5 milliard », rappelle-t-il. L’ensemble de la somme garantie à Séville (1953 M€) servira à financer les programmes d’exploration dans laquelle l’Europe de l’Espace est engagée. David Parker nous explique que la moitié concerne les activités en orbite basse (LEO), c’est-à-dire notamment les activités scientifiques à bord de l’ISS. Un quart de la somme concerne les activités martiennes. Outre le rover Exomars, rappelons que l’ESA et la NASA planchent actuellement sur une mission de retour d’échantillons dont la mission Mars 2020, attendue pour un décollage l’été prochain, constitue le premier volet.

La conférence Space 19+ a permis d’assurer la participation financière dans l’exploration lunaire dont la station Gateway mais aussi le vaisseau Orion (ESA – D.Ducros)
De nouveaux astronautes pour 2021
Fin 2020, l’ESA devrait lancer à travers les états membres un appel à candidature pour une nouvelle promotion d’astronautes en 2021. Ceux sélectionnés en 2009 continueront à être affectés à des missions jusqu’à ce qu’ils aient tous effectué un deuxième séjour dans l’espace. Les futurs recrutés devront pouvoir effectuer à leur tour une mission sur l’ISS à partir de 2025. Le prochain astronaute européen à revoler est le Français Thomas Pesquet qui doit prendre place à bord de la capsule CST-100 Starliner de Boeing. A la suite de sa tentative ratée de rendez-vous avec l’ISS de fin décembre, le véhicule habité est actuellement en inspection dans les locaux de Boeing en Floride. Pas d’information pour le moment quant à un prochain vol automatique ou piloté. Pour sa part, le Crew Dragon doit effectuer un test d’abandon de vol de la capsule samedi 18 janvier. Le premier vol habité doit avoir lieu en février avec les astronautes Doug Hurley et Robert Bhenken. « Quand le Crew Dragon et le Starliner seront opérationnels, nous espérons pouvoir y faire voler nos astronautes », indique David Parker. Par ailleurs, certains membres du corps européen des astronautes (EAC), devraient logiquement réaliser une mission lunaire dans le cadre du programme Artemis. L’après ISS est aussi dans les starting-blocks. L’Europe de l’espace se prépare au retour vers la Lune avec une participation sur la future station lunaire Gateway. Dans ce qui a été décidé à Séville fin novembre, le Vieux continent engage sa participation sur trois ans à hauteur de « plusieurs centaines de millions ». Il convient également de préciser que la participation européenne dans le retour vers la Lune implique aussi les missions robotiques.

Comme le Crew Dragon, le CST-100 Starliner dispose de 4 sièges contre 3 au Soyouz (Crédit photo : NASA/Frank Michaux).
Pas de véhicule habité européen
Présente dans l’exploration automatisée et habitée, l’ESA ne s’engage cependant toujours pas sur la voie d’un véhicule habité 100 % Made in Europe. « Et ce n’est pas près de changer », a déclaré Jan Worner le DG de l’ESA lors de ses vœux à la presse. Le dernier projet en date reste le système de transport spatial d’équipage (CSTS) annulé en 2009. Pour avoir un véhicule habité européen en développement, “il faudrait probablement doubler l’actuel budget de l’exploration”. Ce qui n’est pas à l’ordre du jour. Mais pour le Directeur général de l’agence, cette absence d’une capacité européen pour le vol habité reste « malgré tout quelque chose de positif car cela incite à travailler ensemble ». Comprenez avec les Etats-Unis, la Russie et peut-être d’ici quelques années avec la Chine. L’arrivée programmée cette année du Crew Dragon et du Starliner devrait favoriser les opportunités de vols pour les astronautes européens puisqu’il y aura quatre sièges disponibles dans chacune des 2 nouvelles capsules, contre seulement 3 à bord de Soyouz qui reste depuis 2011, c’est-à-dire depuis l’arrêt des navettes, le seul véhicule pour accéder à l’ISS.
Antoine Meunier