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NASA : UN BUDGET TOUJOURS PLUS HAUT EN 2021

Outre la station lunaire Gateway, la proposition de budget fait la part belle aux missions habitées et automatiques (Crédit image : NASA)

Outre la station lunaire Gateway, la proposition de budget fait la part belle aux missions habitées et automatiques (Crédit image : NASA)

La proposition a été dévoilée par la Maison-Blanche le 10 février dernier*. Elle prévoit pour l’autorité spatiale américaine un budget en hausse de plus de 2,5 milliards de dollars par rapport au budget précédent. L’effort est particulièrement concentré sur les vols habités et les missions automatiques.

Pratiquement 12 %, c’est l’augmentation de budget de la NASA que préconise le gouvernement américain pour l’année fiscale 2021. Celui-ci passerait donc de 22,6 milliards à 25,2 milliards. Un tel bond n’a pas été vu depuis la période Apollo ou encore au cours de la décennie 2000 dans la perspective de feu le programme Constellation démarré en 2004 mais abandonné sous l’ère Obama. Précisons toutefois, qu’au cours de cette période, le budget de la NASA est resté relativement stable entre 2004 et 2007 pour faire un bond de 15,8 à 17,8 mds de dollars en 2008 avant de se stabiliser une nouvelle fois l’année suivante (source : OMB). Les subprimes sont passées par là. La proposition déposée par l’administration Trump montre une volonté d’inscrire la hausse dans le temps, au moins jusqu’en 2024. Ce qui correspondrait à la dernière année d’un possible second mandat pour Donald Trump.

Sans surprise, il s’agit donc d’allouer la majorité des sommes au programme lunaire habité Artemis. Ainsi, 12,371 milliards seraient consacrés au développement de l’initiative Moon-to-Mars (débarquement humain sur la Lune servant à préparer l’exploration humaine de Mars). L’enveloppe comporte une dotation de 3,370 milliards pour la conception d’un module lunaire habité destiné à transporter le premier équipage à la surface de la Lune depuis 1972 d’ici 4 ans. Cela inclue également la réalisation des éléments initiaux de la future station lunaire Gateway ou encore les éléments de l’exploration robotique martienne.

Dans la stratégie spatiale de la NASA, l'ISS reste une plateforme pour préparer les missions d'exploration lointaine (Crédit photo : NASA)

Dans la stratégie spatiale de la NASA, l’ISS reste une plateforme pour préparer les missions d’exploration lointaine (Crédit photo : NASA)

Un dénominateur commun : la Lune

L’exploration humaine et les opérations se verraient alloués au cours des prochaines années 12,949 milliards de dollars pour, entre autres, développer la future station lunaire ou encore les améliorations de la fusée SLS. L’accent serait mis sur l’exploration lointaine avec 8,762 milliards dont 4,187 milliards pour les opérations sur orbite basse. Rappelons que la NASA est toujours impliquée dans la Station spatiale internationale. Dans la perspective de missions lointaines (la Lune et Mars), celle-ci est présentée comme le terrain d’essais pour « identifier les risques sur la santé humaine » et « tester les technologies afin de protéger les astronautes » des risques inhérents aux missions dans l’espace lointain. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’avait été entrepris en 2015/2016 la One Year Mission de l’astronaute Scott Kelly et du cosmonaute russe Mikhail Kornienko à bord de l’ISS (340 jours en orbite), ou encore de l’américaine Christina Koch revenu sur Terre le 6 février après 329 jours passés sur la station. Une mission qui a été rallongée dès avril 2019 à la suite des modifications de calendrier du programme CCDev (Commercial Crew Development).

La mission Europa Clipper, prévue à partir de 2022, pourrait être envoyée vers Jupiter à l'aide d'un lanceur commercial (Crédit photo : LCS/Antoine Meunier d'après une image JPL).

La mission Europa Clipper, prévue à partir de 2022, pourrait être envoyée vers Jupiter à l’aide d’un lanceur commercial (Crédit photo : LCS/Antoine Meunier d’après une image JPL).

1,7 milliard pour l’observation de la Terre

Concernant l’exploration planétaire, la proposition de l’administration Trump prévoit un budget de 6,306 milliards dont la plus grand part (2,660 milliards) serait destinée aux missions des programmes Discovery et New Frontiers : Lucy, Psyche, Dragonfly et DART. Concernant la mission lourde Europa Clipper, il est évoqué de l’envoyer vers Jupiter via un lanceur commercial afin d’économiser jusqu’à 1,5 milliard de dollars si l’on utilisait un exemplaire du SLS. Autre mission emblématique : le télescope spatial James Webb qui se voit alloué un budget de 415 millions de dollars pour son lancement, qui pourrait d’ailleurs une nouvelle fois être décalé de mars à juillet 2021. Pour la recherche dans la vie dans l’Univers (missions IXPE, GUSTO et SPHEREx), une enveloppe de 831 millions est demandée. L’étude de l’héliosphère (mission IMAP, initiative DRIVE et les initiatives interagences liées à la météo spatiale). Pour les missions d’observation de la Terre, la proposition de budget porte notamment sur les lancements à venir de Landsat-9, NISAR, SWOT et Sentinel-6 et s’élève au total à 1,768 milliard. Certaines missions comme les satellites océanographique PACE et Clarreo-Pathfinder (étude du changement climatique), ainsi que les observatoires SOFIA et WFirst pourraient être purement et simplement annulées. Enfin, la recherche aéronautique (le 1ER A dans NASA !) pourrait être dotée d’un budget de 819 millions de dollars. Celui-ci servirait notamment à la poursuite du développement du démonstrateur destiné à tester le bang supersonique atténué. 

Et se pose maintenant la question de savoir si ce budget requis par la Maison-Blanche a des chances d’être voté. C’est un parcours très structuré qui attend ladite proposition, puisqu’elle passera devant les parlementaires américains et pourrait, si besoin, être modifiée. Mais c’est une proposition qui, si elle fait la part belle aux vols habités, reste néanmoins en cohérence avec la volonté américaine de retourner sur la Lune d’ici 2024. L’inscrire dans le temps, cela reste encore une autre problématique.

Antoine Meunier

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