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UN PREMIER VOL PRÉVU EN JUIN POUR LE LANCEUR CERES-1

Pour le Ceres-1, Galactic Energy annonce une capacité de mise sur orbite de 230 kg pour l'orbite SSO et 350 kg pour l'orbite LEO (Crédit image : Galactic Energy)

Pour le Ceres-1, Galactic Energy annonce une capacité de mise sur orbite de 230 kg pour l’orbite SSO et 350 kg pour l’orbite LEO (Crédit image : Galactic Energy)

Parmi les sociétés privées de lancements qui émergent en Chine, la firme Galactic Energy se prépare pour une étape importante. En juin, elle devrait ainsi procéder au tir inaugural de son petit lanceur à propulsion solide.

En Chine depuis le milieu des années 2010, le secteur privé spatial a bénéficié d’un soutien de l’état qui a permis la naissance de plusieurs start-ups comme Linkspace, ISpace, Landspace. Cette dernière bénéficiait notamment d’un soutien logistique de la CASC. L’objectif de ces petites structures : attaquer le lancement des satellites commerciaux et notamment celui des petites charges utiles. La firme Galactic Energy, fondée en 2018, obéit elle aussi à ce schéma. Destiné à lancer des charges utiles de 230 kg sur orbite héliosynchrone (SSO) et jusqu’à 350 kg sur orbite basse (LEO), son lanceur Cérès-1 dont le nom est aussi celui du plus gros corps de la Ceinture des astéroïdes, est un lanceur à trois étages à carburant solide et un étage supérieur à carburant liquide. Chacun des trois premiers étages utilise un moteur Light-Year unique. Celui du premier étage (Light-Year GS-1), d’un diamètre de 1,4m doit développer 60 t de poussée pendant 74s. Le propulseur pour le deuxième étage (Light-Year GS-2) doit procurer 28 t de poussée pendant 70 s tandis que celui du troisième étage (Light-Year GS-3), qui est légèrement plus petit, doit produire 8,8 t pendant 69 s. Le carburant utilisé est le polybutadiène hydroxytéléchélique (PBHT). Il n’y a pour le moment pas d’information disponible sur le carburant liquide utilisé pour l’étage supérieur. Pour son premier vol planifié à partir de juin, le Ceres-1 doit lancer une charge utile en orbite héliosynchrone à 500 km et inclinée à 97,4 degrés depuis la base de Jiuquan. La nature de celle-ci n’est pour l’instant pas connue.

Moteur Light-Year au banc d'essais (Crédit photo : capture vidéo Galactic Energy).

Moteur Light-Year au banc d’essais (Crédit photo : capture vidéo Galactic Energy).

Jusqu’à 50 réutilisations

Avec ce lanceur, la société, qui a levé 21,5 millions de dollars en décembre 2019, envisage un prix au lancement de 4 millions de dollars pour des charges utiles destinées notamment « à la construction de réseaux Internet » pour des missions uniques ou partagées. Un usage pour des charges militaires n’est pas à exclure. Selon les informations disponibles, la société a levé au total 43 millions de dollars (300 millions de yuan) pour mener ses travaux de mise au point. Fin décembre, elle avait également achevé les essais pour les moteurs des trois premiers étages. Si la société fait le choix de la propulsion solide pour les petites charges utiles, elle envisage aussi la propulsion liquide pour les charges utiles plus lourdes. Pour Galactic Energy, il s’agit en effet d’aller plus loin, le vol test de Cérès-1 planifié en juin n’est donc qu’une première étape. D’ici deux ans, la société souhaite passer à un lanceur plus ambitieux : le Pallas-1. D’une hauteur de 42 m et prévu pour les charges moyennes, il serait capable de lancer de 2 t sur orbite SSO à 700 km d’altitude et jusqu’à 4 t sur orbite LEO à 200 km. Après Linkspace, le modèle de Space X continue de faire des émules en Chine, dans la mesure où le premier étage du lanceur Pallas-1 doit revenir se poser au sol. Comme le Falcon 9, il sera donc pourvu de jambes d’atterrissage et de grilles destinés à le stabiliser lors de la descente. Le premier étage fonctionne sur la base de sept moteurs Welkin, fonctionnant sur la base d’un mélange Lox-kérosène, qui sont réutilisables chacun jusqu’à 50 fois annonce le constructeur et fabriqués en impression 3D. La poussée totale fournie par le premier étage est de 280 t au niveau de la mer durant un temps de combustion de 151 s. L’unique moteur Welkin du second étage prend ensuite le relais pendant 186 s. La mise sur orbite est effectuée par un étage supérieur avancé à propulsion liquide dont les caractéristiques ne sont pas communiquées.

Sur cette image, les jambes d'atterrissage du 1er étage du Pallas-1 sont nettement visibles (Crédit image : Galactic Energy).

Sur cette image, les jambes d’atterrissage du 1er étage du Pallas-1 sont nettement visibles (Crédit image : Galactic Energy).

Selon une information publiée sur le site spectrum.iee, Liu Baiqi, CEO de Galactic Energy justifie le choix d’un mélange oxygène liquide et kérosène (RP-1) par le fait que « l’utilisation de ce carburant par le lanceur Falcon9 de Space X convient pour la réutilisation ». Le premier tir de Pallas-1, qui pourrait lui aussi être utilisé pour des charges militaires, est envisagé pour la fin 2022 depuis le centre spatial de Wenchang. Son calendrier est ambitieux mais la société ne l’est pas moins. Il faudra néanmoins en passer par la première étage : le vol inaugural de Ceres-1.

Antoine MEUNIER

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