Lancements / Transport spatial

1ER VOL RÉUSSI POUR LA FUSÉE LM-5B

Spectaculaire image de la LM-5B fonçant vers le ciel. A terme, les exemplaires suivants devraient lancer les éléments de la future station spatiale (Photo : DR)

Spectaculaire image de la LM-5B fonçant vers le ciel. A terme, les exemplaires suivants devraient lancer les éléments de la future station spatiale (Photo : DR)

La Chine a procédé hier avec succès au tir inaugural de son lanceur Longue Marche 5 B. Un lancement qui embarquait le prototype inhabité du successeur du véhicule Shenzhou ainsi qu’une capsule cargo expérimentale. Cette 4ème mission de la fusée LM-5 (toutes versions confondues) ouvre notamment la voie à l’assemblage de la nouvelle station spatiale chinoise.

Ce vol réussi de la Longue Marche 5B est une étape importante pour l’Empire du Milieu. Il inaugure en effet la prochaine phase du programme habité chinois. Pour ce premier vol, ce premier exemplaire du lanceur LM-5B embarquait deux charges utiles. La première est une capsule cargo expérimentale munie d’un bouclier thermique gonflable. Celle-ci devait être récupérée aujourd’hui même mais elle a été perdue à la suite d’une anomalie. Il semble qu’elle se soit consumée lors du retour dans l’atmosphère, ce qui reste cependant encore à confirmer. La seconde charge utile est le vaisseau habité de nouvelle génération, qui ne dispose toujours pas de nom de baptême, et qui doit succéder à l’actuel Shenzhou. Il est décliné en deux versions : la première de 14 t pouvant embarquer trois taïkonautes et 500 kg et la seconde de 21,6 qui est prévue pour les vols interplanétaires vers la Lune. C’est cette dernière qui a été lancée hier matin à 6h (heure locale) depuis le centre spatial de Wenchang. Selon le déroulé de cette mission inaugurale, la charge utile s’est séparée du lanceur après 488 s pour se placer sur une orbite basse (LEO) de 299 x 719 km d’altitude. Dans un deuxième temps, le vaisseau doit grimper sur une trajectoire qui le fera culminer à 8000 km de hauteur. Il s’agit ici de simuler un retour interplanétaire depuis la Lune, exactement à la manière de ce qui a été entrepris lors de la mission EFT-1 du 5 décembre 2014, en l’occurrence le premier vol de la capsule américaine Orion dédiée au programme Artemis de retour vers la Lune. Outre le test du bouclier thermique, cette première mission du nouveau vaisseau spatial chinois doit permettre de tester l’avionique de bord, les parachutes ou encore le système d’airbags prévus pour l’atterrissage. Prévu pour être partiellement réutilisable, le vaisseau doit tenter sa rentrée atmosphérique dans la matinée de vendredi prochain.

Mise sous coiffe de la capsule de nouvelle génération. Un vaisseau qui doit emmener dans quelques années les taïkonautes vers la Lune (Photo :

Mise sous coiffe de la capsule de nouvelle génération. Un vaisseau qui doit emmener dans quelques années les taïkonautes vers la Lune (Photo :

Le fer de lance pour le programme habité

D’une hauteur de 53,7 m et d’une masse totale de 849 t au décollage, la Longue Marche 5 B se distingue de la Longue Marche 5 « de base » par l’absence d’un second étage. L’étage central de la LM-5B a un diamètre de 5 m et est propulsé par 2 moteurs YF-77 chacun fonctionnant sur la base d’un mélange hydrogène et oxygène liquide. C’est une défaillance de la turbopompe qui a causé l’échec du lancement du 2 juillet 2017 et obligé les ingénieurs chinois à clouer au sol pendant deux ans et demi le lanceur Longue Marche 5. Les quatre boosters latéraux, équipés de moteurs YF-100 de 3,35 m de diamètre, utilisent quant à eux une solution Lox-kérosène. Capable de lancer 25 t en orbite basse, la Longue Marche 5B doit être le fer de lance du programme habité chinois. Elle doit lancer les éléments de la troisième station spatiale chinoise. Le premier segment, le module Tianhe (d’une masse d’environ 22 t) doit être lancé début 2021. Le premier équipage à destination de Tianhe serait même déjà sélectionné. Quant aux deux autres modules, les laboratoires scientifiques Wengtian et Mengtian, ils doivent suivre respectivement en 2021 puis 2022. Le planning de vols du lanceur est déjà chargé. Le bureau des vols habités de l’agence spatiale chinoise (CMSA) indique que douze missions seraient prévues avec la fusée LM-5B. Outre les vols d’assemblage de la station, des missions de ravitaillement avec le vaisseau cargo Tianzhou sont programmées de même que des vols pilotés avec l’actuelle capsule Shenzhou. La LM-5B pourrait également placer en orbite à partir de 2024 le projet Xuntian de télescope spatial chinois. Pour les sondes planétaires, dont la mission martienne Tianwen programmée en juillet, il est prévu d’utiliser la version LM-5.

Antoine Meunier

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