Lancements / Transport spatial

ENTRÉE EN SCÈNE RATÉE POUR LAUNCHERONE

Si l'ignition du moteur du 1er étage s'est bien déroulée, la mission a du être brutalement interrompue (Photo : Virgin Galactic).

Si l’ignition du moteur du 1er étage s’est bien déroulée, la mission a du être brutalement interrompue (Photo : Virgin Galactic).

Initialement programmé dimanche, Virgin Orbit a procédé hier soir au premier essai en vol de son petit lanceur. Si le moteur du premier étage s’est bien allumé, la tentative de lancement ne s’est malheureusement pas déroulée de manière nominale.

La mise au point d’un lanceur reste une entreprise qui peut s’avérer longue et difficile à bien des égards. Le précédent lanceur du même type, le Pegasus dont le dernier vol remonte au 11 octobre 2019 et la mise en orbite du satellite ICON pour le compte de l’Université de Berkeley, a connu pas moins de 8 échecs de causes diverses rien qu’au cours de ses 14 premiers tirs. L’échec de Virgin Orbit a également fait réagir Elon Musk qui a rappelé qu’il avait fallu 4 tentatives avant de réussir à lancer correctement le Falcon 1 le 28 septembre 2008. L’arrivée en vol de LauncherOne aurait dû intervenir exactement trois ans après un autre vol inaugural, celui de l’Electron du néo-zélandais Rocket Lab qui lui décolle à la verticale. Ce premier vol de LauncherOne était même attendu depuis longtemps. Régulièrement depuis 2017, Virgin Orbit annonçait la réalisation prochaine d’un premier vol mais sans pour autant concrétiser. Le 12 avril dernier, une répétition en costumes a même été réalisée depuis Mojave, la base d’opérations de l’avion porteur de LauncherOne, le B747-400 Cosmic Girl. Le lanceur était en configuration de vol, réservoirs remplis, mais il n’était pas prévu que les équipes de Virgin Orbit procède au largage. Pour la réalisation de ce premier vol, les opérations avaient débuté dès samedi avec le remplissage des réservoirs de kérosène (RP-1). Initialement prévue dimanche, Virgin Orbit a toutefois été contraint de décaler la mission de 24h à la suite de la défaillance d’un capteur mais le problème a pu être rapidement résolu. La fenêtre de lancement de ce vol inaugural s’est ouverte à 10h00 heure locale. Accompagné d’un Cessna Citation, qui n’a malheureusement pas filmé le test, le Cosmic Girl a ensuite rejoint, après une petite heure de vol sa zone de largage située au large de Los Angeles en Californie.

Le Cosmic Girl s'est posée un peu moins d'une heure plus tard après la tentative de lancement ratée (Photo : Virgin Orbit).

Le Cosmic Girl s’est posée un peu moins d’une heure plus tard après la tentative de lancement ratée (Photo : Virgin Orbit).

Un second essai « bientôt »

Selon le communiqué émis en fin de soirée, la société annonce que le moteur Newton 3 du premier étage s’est bien mis à feu mais à la suite d’une anomalie rapidement apparue, « la mission s’est interrompue en toute sécurité ». Il n’y avait pas de satellite sous la coiffe mais juste une charge inerte. Le Cosmic Girl est revenu ensuite à l’aéroport de Mojave un peu moins d’une heure plus tard après un vol sans histoire. Une analyse complète des informations de vol devra permettre de comprendre ce qui n’a pas fonctionné sur la fusée. « Nos ingénieurs parcourent déjà les données », précise Dan Hart, CEO de Virgin Orbit. Et l’intéressé d’ajouter : « Notre prochaine fusée attend. Nous allons apprendre, ajuster et nous préparer pour notre prochain test qui arrive bientôt ». Le prochain exemplaire du LauncherOne est en phase d’intégration finale dans les ateliers de Virgin Orbit à Long Beach avec une demi-douzaine d’autres fusées pour des missions ultérieures « pas loin derrière ». La société a déjà plusieurs lancements programmés sur son manifeste. Début avril, un contrat a été signé avec le Département de la Défense (DoD) pour un montant de 35 millions de dollars et qui porte sur trois lancements pour le compte de l’US Space Force (USSF). Le prochain tir de LauncherOne était planifié à partir du 14 août prochain avec la charge éducative ELANA de la NASA qui comprend 14 nanosats. 

Cet échec arrive au mauvais moment pour Richard Branson dont la branche spatiale du groupe pourrait souffrir. Le milliardaire britannique envisage en effet de vendre quelques 25 millions d’actions de Virgin Galactic (environ 500 millions de dollars) pour sauver sa compagnie aérienne Virgin Atlantic mutilée par les effets  dévastateurs de l’épidémie du Covid-19.

Antoine Meunier

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