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STARLINK POURSUIT SON EXPANSION

C’est mercredi dans la nuit qu’a eu lieu le 2ème lancement de Space X en seulement cinq jours. Celui-ci était cette fois-ci réservé à la constellation Internet haut débit projetée par Elon Musk (le 5ème de l’année pour Starlink). Cette même constellation que l’armée américaine projette de tester.

En moins d’une semaine, Space X aura monopolisé l’actualité à trois reprises. Il y a eu le premier lancement habité parfaitement réussi samedi dernier, avec les astronautes Doug Hurley et Bob Behnken installés à bord de la capsule Crew Dragon (DM-2). Ils se sont amarrés sans encombre le lendemain à l’ISS. Un succès qui a d’ailleurs éclipsé l’explosion du Starship SN4, survenue la veille de cette mission DM-2, sur le site Space X de Boca Chica, situé à la frontière entre le Mexique et le Texas. Il ne s’agissait heureusement que d’un bâti moteur et des réservoirs. Cependant, le futur véhicule interplanétaire dont rêve Elon Musk a encore bien du chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau de fiabilité du Crew Dragon… En revanche pour la constellation Starlink, les choses paraissent aujourd’hui presque routinières avec le lancement réussi cette nuit du 86ème Falcon9 transportant la mission Starlink 7. La neuvième en comptant le lancement des démonstrateurs Tintin A et B le 22 février 2018 et celui des 60 premiers exemplaires de test (version V 0.9) qui ont été mis sur orbite le 24 mai 2019. Ce nouveau tir Starlink s’est déroulé cette nuit à 21h25 heure de la Floride (3h25 du matin heure française). Le lanceur Falcon 9 a décollé sans problème depuis le SLC-40 de Cap Canaveral. Selon la chronologie, la séparation entre le premier et le second étage est intervenue à T+2 mn et 36 s. Sept secondes plus tard, le moteur Merlin du second étage a été activé avec succès. Le 1er étage (B1049) est revenu se poser avec succès sur la barge « Just Read The Instructions » après 8 mn et 42 s de vol. Le commencement du bon déploiement de la charge utile a été confirmé à T+14 mn 54 s.PUBLICITÉ

Le booster B1049 a réussi l'exploit d'apponter sur la barge de nuit (Image : direct Space X).

Le booster B1049 a réussi l’exploit d’apponter sur la barge de nuit (Image : direct Space X).

Vers une 6ème réutilisation

Le booster B1049 n’en est pas à sa première mission mais déjà à la cinquième. Son vol inaugural remonte à la mission Telstar 18 Vantage en septembre 2018. Il fut suivi en janvier 2019 du vol Iridium-8 puis de deux missions Starlink lancées les 24 mai 2019 et 7 janvier 2020. Cette cinquième récupération ouvre donc la voie à une sixième réutilisation potentielle.  B1049 est le deuxième booster réutilisé à cinq reprises, le second est B1048 utilisé également à cinq reprises en 2018 et 2019 pour les lancements Iridium Next-7, SAOCOM 1A, le vol partagé Nusantra Satu/Beresheet (février 2019) et les missions Starlink-1 et 5. A l’issue de cette dernière, le 18 mars 2020, il n’avait pu être récupéré. Le tir Starlink survenu hier soir est donc le sixième cette année dédié à la constellation qui compte maintenant 482 satellites installés sur orbite basse (LEO) allant de 440 à 550 km pour les soixante premiers exemplaires et de 550 km pour les satellites opérationnels soit 420 au total. A noter que l’un des exemplaires lancés hier soir est équipé d’un pare-soleil expérimental destiné à réduire le reflet de la lumière solaire qui peut perturber les observations astronomiques au sol. L’inclinaison est la même pour tous : 53 degrés. Rappelons aussi que la constellation, qui doit compter 12 000 satellites, se divise en trois vagues : 1584 unités à 550 km, 2825 à 1100 km (bandes Ka et Ku) et 7 500 sur la bande V à 340 km d’altitude. Pour le moment, moins d’un tiers des satellites de la première phase est donc déployé. Toutefois, Space X prévoit encore jusqu’à six missions supplémentaires pour la constellation en 2020. Selon notre estimation, cela pourrait porter d’ici la fin de l’année le total de satellites en orbite à pratiquement 950. 

Parmi les 60 nouveaux satellites envoyés sur orbite cette nuit. L'un d'entre eux est équipé d'un système prototype (VisorSat) qui vise à réduire sa brillance dans le ciel (Image : Space X).

Parmi les 60 nouveaux satellites envoyés sur orbite cette nuit. L’un d’entre eux est équipé d’un système prototype (VisorSat) qui vise à réduire sa brillance dans le ciel (Image : Space X).

Besoin de nouvelles alternatives

La mise en service d’une première version béta (privée) du réseau est quant à elle attendue pour le mois d’août, tandis que celle de la version béta public pourrait arriver vers le mois de novembre. Une première couverture mondiale n’est pas attendue avant l’année prochaine. A noter également que l’US Army est intéressée par le dispositif. Le 20 mai, un accord coopératif de développement et de recherche (CRADA) a ainsi été signé par Starlink et les militaires américains. Objectif : tester le réseau face à des besoins en connectivité de l’armée qui sont sans cesse croissants. L’accord entre les deux entités porte sur trois ans et devrait permettre, entre autres, de tester le réseau au sol. Ce qui implique de disposer des équipements adéquats, ce qui n’est pour le moment pas chiffré. L’US Army utilise actuellement des satellites géostationnaires pour accéder à l’Internet dont le débit est peu rapide. Le temps de latence est en moyenne de 600 ms depuis une altitude de 36 000 km. Starlink entend réduire ce délai entre 25 et 35 ms.

Antoine Meunier

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