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RETARD DE 3 JOURS POUR LE DÉPART DE MARS 2020

Sur ce cliché du 23 avril dernier, les techniciens du JPL raccordent Perseverance à sa grue volante Skycrane (Photo : JPL).

Sur ce cliché du 23 avril dernier, les techniciens du JPL raccordent Perseverance à sa grue volante Skycrane (Photo : JPL).

La NASA vient de l’annoncer, la mission décollera finalement le 20 juillet prochain. Les équipes techniques ont en effet besoin d’un délai supplémentaire pour résoudre un problème sur le segment sol de la mission. Le départ du jumeau de Curiosity pour Mars s’en trouvera décalé de 3 jours.

Mais c’est un léger retard qui n’aura aucune incidence sur la mission qui attend l’an prochain le rover Perseverance, sa fenêtre de lancement pour la planète Rouge s’étale du 17 juillet au 11 août. Au cours de ce bref lapse de temps, Mars se trouve en effet au plus proche de nous. Ce qui n’est possible qu’une fois tous les deux ans. Pour cette nouvelle mission martienne de la NASA, le départ interviendra donc le 20 juillet à 9h15 du matin. Au terme d’un voyage de sept mois à travers l’espace, Perseverance devra se poser le 18 février 2021. Site d’atterrissage visé : le cratère Jezero qui est situé par 18,9°N et 77,5 E, une région martienne vraisemblablement autrefois riche en eau. Conçu par le Jet Propulsion Laboratory, la sonde comporte plusieurs éléments principaux : l’étage de croisière, le véhicule de rentrée dans l’atmosphère martienne et le rover. La masse totale au lancement atteint environ 3,5 t. Celle de Perseverance représente « seulement » 1025 kg, c’est-à-dire l’équivalent d’une Twingo. Cette astromobile reprend l’architecture de Curiosity qui est toujours à poste depuis maintenant le mois d’aout 2012. L’atterrissage de ce nouveau rover doit d’ailleurs faire appel une seconde fois au « Skycrane », la grue volante qui avait permis de déposer Curiosity en douceur sur la surface de Mars.

Maquette du boitier de l'instrument SuperCam, évolution de ChemCam, présenté sur le stand du CNES lors du SIAE 2019 (Photo : LCS-A.Meunier).

Maquette du boitier de l’instrument SuperCam, évolution de ChemCam, présenté sur le stand du CNES lors du SIAE 2019 (Photo : LCS-A.Meunier).

Présence internationale

Parmi les nombreuses tâches qui l’attendent, Le rover doit tenter de dépister d’éventuelle signatures biologiques. Pour y parvenir Perseverance dispose de huit équipements scientifiques dont 3 instruments fournis respectivement par l’Espagne, la Norvège et la France. Le conseil supérieur de la recherche scientifique, basé à Madrid apporte l’ensemble de capteurs MEDA, (Mars Environnment Dynamics Analyser), qui doit notamment permettre de mesurer la vitesse du vent, la pression atmosphérique ou encore les particules de poussière. Pour sa part, la Norvège apporte le radar RIMFAX. Conçu par l’Institut de recherche de la défense norvégienne, cet équipement a pour but de détecter la glace d’eau jusqu’à 10 m de profondeur. Déjà présent sur Curiosity avec ChemCam, le CNES fournit l’évolution de cet instrument avec SuperCam. Fruit d’une coopération franco-américaine, et d’une masse de 10,6 kg, #SuperCam est développé par le laboratoire de Los Alamos, qui fournit les trois spectromètres du dispositif, et par l’institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) pour la partie optique et le laser qui est fourni par Thales Alenia Space. La maitrise d’œuvre du dispositif est confiée au CNES. L’autre grande nouveauté technique de cette mission, c’est aussi le petit Mars Helicopter Scout (MHS) que nous avions précédemment évoqué ici.

L'un des principaux du retour d'échantillons consistera à accomplir un décollage depuis la surface de Mars (Image : JPL).

L’un des principaux du retour d’échantillons consistera à accomplir un décollage depuis la surface de Mars (Image : JPL).

Vers un nouveau défi

Perseverance est aussi la première étape d’une grande première technique puisqu’il est prévu, durant l’année martienne de sa mission, que le rover collecte des échantillons de roche martienne qui seront destinés par la suite à être récupérés pour être rapportés sur Terre par une nouvelle mission dans quelques années. Ces échantillons seront empaquetés dans une quarantaine de petits containers et laissés à même la poussière martienne. Si nombre de choses pour la récupération restent encore à définir, le scénario de récupération est maintenant relativement précis. Un orbiteur de rendez-vous devrait être lancé aux alentours de 2026, vraisemblablement par l’ESA. Parallèlement, la NASA lancera un véhicule d’atterrissage qui devra se poser dans la zone où les échantillons recueillis par Perseverance auront été collectés. Ce MAV (Mars Ascent Vehicle) transportera un « Fetch Rover », c’est-à-dire une astromobile de récupération des échantillons qui, une fois sa précieuse cargaison chargée ( dans les 500 g), devra revenir jusqu’au MAV. Une petite fusée à carburant solide embarquera ensuite les échantillons dans une capsule pour les expédier sur une trajectoire de rendez-vous avec l’orbiteur qui recueillera ladite capsule. Comme le précise Francis Rocard dans son ouvrage Dernières Nouvelles de Mars*, le retour d’échantillons rocheux de Mars est une mission d’une extrême complexité dont le coût se situe dans une fourchette comprise entre 5 et 10 milliards de dollars. Mars 2020 a déjà coûté 2,1 milliards de dollars. De nombreuses étapes restent encore à franchir, et notamment savoir si un redécollage depuis Mars est possible. En tous les cas, la première partie de cette nouvelle aventure martienne décolle le 20 juillet prochain.

Antoine Meunier

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