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ARIANE 6 EN VOL PAS AVANT LA FIN 2021

Si la nouvelle était connue depuis plusieurs semaines, elle a cependant été confirmée jeudi par André-Hubert Roussel, le président exécutif d’ArianeGroup, lors d’une rencontre avec les journalistes de l’AJPAE*. Le nouveau lanceur lourd européen effectuera son vol inaugural, au mieux au début du second semestre de l’année prochaine. 

« Space is hard » a-t-on coutume de dire. L’épidémie de la Covid-19 a stoppé net, durant plus de deux mois, toute activité industrielle, et le spatial n’a pas été épargné. Le premier vol du successeur d’Ariane 5 en a fait les frais, la crise du Coronavirus ayant notamment contraint les fournisseurs d’ArianeGroup à ralentir leur activité. Ce qui a entrainé un retard dans le déroulement du programme. Si le calendrier de départ d’Ariane 6 a maintenant glissé à l’année prochaine, la préparation des opérations se poursuit. Mardi 7 juillet, l’actualité d’ArianeGroup a été marquée par la signature d’un contrat avec la firme belge Sabca. D’un montant de 30 millions d’euros par ans sur 6 ans, cette transaction doit permettre à la société belge d’assurer la fourniture des actuateurs. « Ce contrat porte sur six ans mais il devrait durer plus », précise néanmoins André-Hubert Roussel. Le dispositif d’actuation permet de réguler et orienter la poussée des moteurs à la sortie des tuyères. Parmi les autres firmes belges impliquées dans Ariane 6, citons également TAS Belgium qui devrait fournir la chaine de sauvegarde permettant la destruction du lanceur en cas de problème grave durant un lancement. Du côté des tests moteurs, le moteur Vinci de l’étage supérieur est bon pour le service et le Vulcain 2.1 est qualifié depuis le mois de juillet 2019. Toutefois, un dernier test doit avoir lieu sur le moteur P120C, celui destiné aux propulseurs d’appoint à carburant solide, il est théoriquement programmé à la fin de ce mois depuis le Centre spatial guyanais (CSG).

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Le Vulcain 2.1, le moteur de l’étage principal d’Ariane 6, est qualifié depuis le mois de juillet 2019 (Photo : ArianeGroup).

Surcroit de puissance et gain de temps

Pour l’industriel, et pour l’agence spatiale européenne, il s’agit maintenant de consolider le nouveau planning bien que des imprévus puissent surgir de manière opinée. Ainsi, des difficultés techniques sont récemment intervenues sur les bras de raccordement cryotechniques du pas de tir. Cependant Daniel Neuenschwander, le patron des lanceurs à l’ESA, présent lors de la réunion, a assuré que « les points les plus critiques sont sous contrôle mais la prudence reste de mise ». Parallèlement, les améliorations futures du lanceur sont toujours en cours d’étude à commencer par le « Kick Stage » Astris. Il s’agit d’un petit étage supérieur supplémentaire installé sous les charges utiles et au-dessus de l’étage cryotechnique. Il est doté du moteur BERTA, 20 fois allumable qui est attendu en 2023. Il sera conçu en Allemagne. Le gain de puissance fourni par ce moteur doit permettre d’envoyer des charges utiles en quelques jours sur l’orbite géostationnaire (GEO) au lieu de plusieurs mois de voyage avant la mise à poste sur l’orbite GEO. Ce Kick Stage, dont un contrat pourrait être signé avec l’ESA d’ici la fin de l’année, devrait également servir pour les missions lointaines comme celle envisagée vers l’astéroïde Hera à partir de 2024, ou encore pour la mise à poste de modules destinés à la future station lunaire habitée Gateway. Sur ce sujet, André-Hubert Roussel a entre autres évoqué le module I-Hab. Quant à lancer un hypothétique véhicule habité, ce n’est bien évidemment pas à l’ordre du jour. La difficulté tient plus au développement de la charge utile (une capsule habitée) qu’à l’adaptation d’Ariane 6 à ce type de mission. 

Le “Kick Stage” Astris permet d’envisager des missions vers des destinations lointaines avec un surcroit de puissance (Image : Capture d’écran vidéo ArianeGroup).

Futur

Si Ariane 6 doit maintenant attendre 2021 pour son premier vol, certains éléments de sa succession sont néanmoins déjà à l’essai dont notamment la chambre de combustion du moteur à propulsion Lox-Méthane Prometheus, entièrement réalisée en impression 3-D. Celle-ci a été testée pour la première fois à Lampoldshausen en Allemagne le mois dernier. Prometheus, dont un premier essai est attendu l’an prochain devrait, quant à lui, équiper le démonstrateur réutilisable Themis qui sera lui-même testé sur le banc de tir PF20 de Vernon. Themis doit servir de base à la réalisation d’une fusée lourde réutilisable qui assurera peut-être à la fin de la décennie, ou au tout début de la suivante, les lancements institutionnels et commerciaux de l’Europe. Mais le calendrier n’est pour le moment pas déterminé.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2020)

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