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« ESPOIR » SUR LA ROUTE DE MARS

Première des 3 sondes spatiales qui doivent prendre le chemin de la planète Rouge durant les prochaines semaines, la sonde émiratie a décollé hier soir depuis la base japonaise de Tanegashima, située au sud de l’île de Kyushu. L’arrivée de Al-Amal en orbite martienne est programmée pour février 2021.

Si son départ a été retardé d’une dizaine de jour à la suite de mauvaises conditions météos, la première sonde interplanétaire émiratie (Emirates Mars Mission) est à présent sur le chemin de Mars pour un voyage de très exactement 493 millions de kilomètres à travers l’espace. Le lancement a eu lieu hier soir à 23h58, heure de Paris. Le lanceur H2-A japonais a lancé dans l’espace sa neuvième charge utile à destination de l’espace profond. Construit par le laboratoire de physique atmosphérique et spatiale (LASP) de Boulder au Colorado, Al-Amal, « Espoir » en arabe, est un véhicule de 2,37 m de diamètre et d’une envergure de 7,9 m une fois ses 4 panneaux solaires déployés. Ceux-ci doivent fournir une puissance totale de 1200 watts pour assurer l’alimentation électrique de ce vaisseau stabilisé 3 axes de 1350 kg (dont 800 kg d’hydrazine). La masse sèche de la sonde est de 550 kg. Pour assurer sa propulsion, Al-Amal est pourvue de six moteurs développant chacun une poussée de 120 N et de 8 propulseurs d’appoint de 5 N pour les corrections mineures. Les communications s’opèrent via une antenne parabolique à faible gain de 1,5 m de diamètre et d’un débit de 1,6 mégabytes. Opéré depuis le centre spatial Mohammed Bin Rashid de Dubaï (MBRSC), là où a lieu l’assemblage final du vaisseau, Hope aura notamment pour mission d’étudier la météorologie martienne. Elle devra ainsi étudier la distribution de l’oxygène et de l’hydrogène dans l’exosphère de Mars. Pour se faire, le vaisseau dispose d’une charge utile composée de 3 instruments scientifiques.

3 instruments constituent la charge scientifique du vaisseau (Image : DR).

3 instruments à bord

Le spectromètre EMIRS (Emirates Mars Infrared Spetrometer) étudiera l’atmosphère de Mars dans l’infrarouge. Il doit mesurer la distribution des particules de poussière, évaluer l’évaporation de l’eau et dresser une carte des températures dans la basse atmosphère de la planète. Le spectromètre ultraviolet EMUS (Emirates Mars Ultraviolet Spectrometer) est un instrument développé conjointement par le LASP et le Centre spatial Mohammed Bin Rashid (MBRSC). Il est conçu pour observer dans l’ultraviolet la composition de la haute atmosphère de la planète et déterminer les taux de présence en CO, hydrogène et oxygène dans la haute atmosphère. Les résolutions spectrales sont choisies afin de distinguer les émissions d’intérêt des autres émissions lumineuses (spécifiquement l’émission d’oxygène à 135,6 nm de 130,4 nm) et pour résoudre les émissions de CO. L’imageur EXI (Emirates Exploration Imager) doit prendre des photos de la surface de Mars avec une résolution de 12 mégapixels dans le spectre visible et l’ultraviolet. Il est également prévu qu’EXI mesure l’épaisseur de la glace d’eau présente sur le sol martien. Au terme de ses 7 mois de voyage, et après une ultime correction de trajectoire d’une durée de 30 mn, Al-Amal doit s’insérer sur une orbite héliosynchrone (SSO) de 44 000 km d’apogée et de 22 000 km de périgée inclinée avec une période de 55 heures. 

Assemblage final en salle blanche pour Al-Amal (Photo : UAE Agency).

Dans le Top 5

La mission primaire d’Al-Amal doit s’étaler sur 2 ans. Elle fait partie du trio de sondes qui, avec les missions Mars 2020 (Etats-Unis) et Tianwen-1 (Chine), profitent cette année de la fenêtre pour rejoindre Mars. Si tout de passe comme planifié, les Emirats Arabes Unis (UAE) pourraient donc devenir la cinquième nation au monde à envoyer un véhicule spatial autour de la planète rouge derrière la Russie, les Etats-Unis, l’Europe et l’Inde. Il devrait devancer Tianwen-1 de deux mois puisque la sonde chinoise n’est pas attendue sur Mars avant le mois d’avril prochain. Planifié à partir de 2014, ce projet a mobilisé près de 150 ingénieurs et techniciens d’origine émiratie ainsi que 200 personnes dans les instituts américains impliqués dans la mission. Outre l’aspect scientifique, la mission Hope revêt également un caractère politique important puisqu’elle doit se mettre en orbite autour de Mars quelques mois avant le 50ème anniversaire de l’indépendance des Emirats Arabes Unis qui sera fêté le 2 décembre 2021.

 Antoine Meunier

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