Lancements / Transport spatial

Décollage inaugural le 9 juillet pour Ariane 6

Ariane 62 au décollage, une image bientôt réelle (ESA).

Après dix ans de développement émaillés de nombreux retards sur son calendrier initial, le nouveau lanceur lourd européen a enfin une date prévisionnelle certaine pour son premier envol désormais fixé au début de la seconde semaine de juillet soit presque exactement un an après le dernier vol d’Ariane 5.

            C’est donc un nouveau chapitre du spatial européen qui va commencer à s’écrire. La nouvelle, annoncée par Josef Aschbacher, le directeur général de l’ESA depuis le salon aérospatiale ILA de Berlin, aura finalement été bien gardée. Mais maintenant, Ariane 62 FM1 a une date de décollage planifiée pour le mardi 9 juillet. A un peu plus de quatre semaines de cet envol inaugural, la fusée a récemment franchi une étape importante. Vendredi 31 mai, les équipes techniques présentes autour du lanceur ont procédé à un « dry run » (essai à sec) des différents systèmes logiciels et avioniques du bord. Et dans moins d’une quinzaine de jours à présent doit avoir lieu la toute dernière étape le « wet dress rehearsal », la répétition en costumes, à savoir la qualification complète des différents systèmes de lancements. Ensuite, les équipes d’ArianeGroup et de l’ESA procèderont à l’intégration et l’encapsulation des charges utiles sous la coiffe. Après, Ariane 6 FM1 pourra faire son entrée en scène. Depuis maintenant une décennie, c’est une armada de 13 000 personnes, réparties sur 550 entreprises, qui sont mobilisés pour permettre la réalisation de ce premier lancement.  Sur les sites de Brême en Allemagne pour la production de l’étage supérieur, celui de Vernon pour les moteurs Vinci et Vulcain 2.1 et bien sûr l’étage central, les équipes ont travaillé d’arrache-pied.

Space Case X01 est avec Bikini l’un des 2 principaux passagers sous la coiffe de ce premier vol Ariane 6 (Arianegroup).

Aller vite

            L’enjeu de cette première mission est capital pour l’Europe puisque depuis la dernière mission d’Ariane 5 (VA 261, le 5 juillet 2023), aucune fusée lourde ne s’est élevée dans le ciel de la Guyane. Le retard pris pour la mise en service d’Ariane 6, la perte de l’accès au Soyouz ou encore les déboires sur Vega-C ont contraint l’ESA à se tourner provisoirement vers le Falcon 9 de SpaceX pour lancer certaines de ses charges utiles : le télescope Euclid le 1 juillet 2023 et les satellites Galileo FM25 et FM27 le 28 avril dernier. Pour Ariane 6, le manifeste s’annonce déjà chargé avec une trentaine de lancements en attente dont les dix-huit tirs commandés par Amazon pour lancer les satellites de la constellation Kuiper. Le vol inaugural qui doit voir la mise en œuvre de la toute première Ariane 62 de vol permettra de lancer onze charges utiles dont les deux démonstrateurs de rentrée atmosphérique Bikini de The Exploration Company et Space Case X01 d’ArianeGroup. Ce premier lancement, qui doit avoir lieu 17 jours avant l’ouverture des Jeux Olympiques, doit être suivi par une seconde mission d’ici l’automne. Il faudra cependant tenir compte des enseignements du décollage inaugural. La seconde Ariane 6 opérationnelle devra, pour sa part, lancer le satellite CSO-3 pour le compte du Ministère des Armées. D’ici l’année prochaine, la cadence de vol envisagée par la Task Force Ariane 6 prévoit de monter à quatre missions par an puis d’arriver à un rythme de neuf à dix vols annuels à partir de 2026.

Antoine Meunier

 

 

©                                 La Chronique Spatiale (2024)

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