Un rendez-vous déterminant

La France dispose à présent d’un quartier général pour le Commandement de l’Espace (CdE) inauguré mercredi 12 novembre par le président de la République Emmanuel Macron. A Toulouse, un bâtiment intégralement dédié accueille désormais 500 personnes qui travaillent quotidiennement à la surveillance de l’espace et surtout celle des capacités spatiales françaises. Ils sont localisés à proximité d’industriels tels qu’Airbus Space ou Thales Alenia Space (TAS) et du CNES. L’agence spatiale française devrait d’ailleurs transférer le contrôle de certains satellites aux militaires. L’espace étant devenue une zone de conflictualité se défendre d’éventuelles menaces implique de disposer d’un tel lieu que celui-ci. Personne n’a oublié l’attaque du satellite russe Luch Olymp sur Athena Fidus en 2018.
Mais outre l’inauguration, le chef de l’État a également détaillé sa stratégie spatiale pour les quinze prochaines années dans un document d’un peu plus de 60 pages sur lequel nous reviendrons plus en détails ultérieurement. Cette stratégie repose sur cinq piliers : autonomie stratégique, collaboration avec l'industrie, défense, science et exploration, coopération européenne. Sur ce dernier point, le récent rapprochement entre Leonardo, Airbus et Thales pour créer un géant du satellite face à la concurrence obéit à cette logique. Le président a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’une collaboration pour garantir la souveraineté qu’elle soit nationale ou européenne. Il a également annoncé une enveloppe de 4,2 milliards supplémentaires pour renforcer les capacités militaires spatiales françaises à l’horizon 2030. Mais à l’heure où l’Allemagne, qui a déjà récupéré la fabrication de l’étage supérieur d’Ariane 6 sur son territoire, et a prévu d’investir 35 milliards dans divers projets spatiaux dont une constellation susceptible de fragiliser la future infrastructure de connectivité Iris2, Paris apparaît aujourd’hui en retrait dans ce domaine d’excellence qu’est le spatial. Plus que jamais, le rendez-vous ministériel de Brême les 26 et 27 novembre prochains s’annonce déterminant pour la France.
Antoine Meunier
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