Un motif de fierté

Le 5 mai dernier, un aéronef a été classé au rang des monuments historiques par le ministère de la Culture. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du premier des exemplaires de série du plus bel avion du monde, j’ai nommé le Concorde 201. Si le premier supersonique civil de l'Histoire a été un échec commercial, il fut cependant une réussite technologique. Il effectue son premier vol en 1969, une année importante pour la filière aérospatiale. A la même époque de l’autre côté de l’Atlantique, Boeing fait voler pour la première fois son 747 tandis que Neil Armstrong et Buzz Aldrin laissent leurs empreintes de bottes sur la Lune lors de la mission Apollo 11. 56 ans après son premier décollage, aucun avion supersonique n’a repris le flambeau pour transporter des passagers entre deux continents. Plus important, il a servi de pierre fondatrice pour l’aéronautique européenne qui, 25 ans après la fin de la 2èmeGuerre mondiale, commençait à renaître. Et puis c’est peut-être osé mais Concorde, c’est aussi le chaînon manquant entre les longs courriers et la navette spatiale. Exceptés les pilotes de chasse et les astronautes, peu de monde a en effet voyagé au-dessus des océans en filant à plus de deux fois la vitesse du son. Un merveilleux moyen d'accès au ciel aujourd'hui entré dans la légende. Alors si Concorde a été honoré, pourquoi ne pas faire la même chose avec les lanceurs spatiaux ? 45 ans après ses débuts, la famille Ariane ne mérite-t-elle pas, elle aussi, la même distinction ? Un vrai motif de fierté pour la France et l’Europe.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2021-2025)