Technologie

Un pas décisif pour Exotrail

Le nanosat R2 équipé du propulseur électrique à effet Hall d’Exotrail (Photo : NanoAvionics/ISRO).

La nouvelle a été confirmée ce mardi par la voie de David Henri, le président de la société, à l’occasion d’un point presse en marge de l’European Space Conference qui se termine aujourd’hui à Bruxelles. Le nanosat de démonstration lithuanien R2, lancé il y a 2 mois, a fait fonctionner avec succès son propulseur électrique à effet Hall dont il est équipé et qui est développé par la start-up française.

Le 7 novembre dernier, un lanceur indien PSLV (mission PSLV-C49) décollait depuis la base de Satish-Dhawan située sur l’ile de Sriharikota. Sous la coiffe du lanceur, dix passagers avaient pris place parmi lesquels le satellite d’imagerie terrestre indien EOS-1 de 650 kg. Les neuf autres satellites étaient opérés pour des clients commerciaux dont le nano-satellite R2 de 6U conçu par la société lithuanienne NanoAvionics. Ce petit satellite, qui est une mission partagée, est dédié notamment à l’Internet des Objets (IOT). Il est mu par le système de propulsion électrique ExoMG™ d’Exotrail qui est lui-même opéré par le logiciel d’opérations spatiales ExoOPS™. Pour mémoire, Exotrail, qui a levé 11 millions d’euros en juillet dernier a lancé le développement de son moteur « Hall » dès le mois de novembre 2018 avec l’ambition de pouvoir le tester un an plus tard. Comme le rappelle David Henri, ledit moteur a pu être délivré « dès le mois de septembre 2019 et son lancement a pu être programmé dès le début 2020 ». Malheureusement, les effets de la pandémie du Covid-19 ont contraint les responsables de l’agence spatiale indienne (ISRO) à retarder le lancement du PSLV au tout début du mois de novembre. Une fois la charge utile en orbite, Exotrail a pu débuter les tests à partir de la mi-décembre.

Décollage réussi pour la mission PSLV-C49 le 7 novembre qui emporte le nanosat R2 propulsé par Exotrail (Photo : ISRO).

Changement d’orbite

« C’est la première fois qu’un propulseur à effet Hall est employé sur un satellite d’une masse inférieure à 100 kg », a déclaré David Henri. C’est aussi le plus petit moteur à effet Hall jamais testé. Ceux-ci sont utilisés depuis plusieurs années sur les satellites de grande taille et peuvent avoir « la taille d’un frigo » mais aussi nécessiter plusieurs kilowatts d’énergie. Le petit démonstrateur, a permis au satellite R2 d’opérer un changement d’orbite sur 700 mètres au cours du mois de décembre. Il peut fonctionner « avec 50 watts d’énergie et dans un volume de moins de 2 litres », annonce la jeune société. Son moteur a pu également être activé à plusieurs reprises indique par ailleurs David Henri. Au cours des prochains mois, Exotrail doit continuer à tester son propulseur ExoMG™, notamment pour démontrer son utilisation lors des manœuvres anti-collisions (CAM), de désorbitation, ou encore pour les corrections d’inclinaison et de changements de plans orbitaux. Si la suite logicielle ExoOPS a déjà été fourni à plusieurs clients à l’échelle mondiale, Exotrail annonce également travailler à la production de systèmes propulsifs pour des missions institutionnelles et commerciales. Parmi les objectifs qui sont fixés en 2021, la société annonce d’ores et déjà qu’au moins 4 nouvelles missions devraient être lancées et équipées par des propulseurs de sa gamme qui sont prévus pour s’adapter aux satellites de 10 à 250 kg.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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