Corporate

Passage de témoin

Deux DG pour les voeux 2021 en ligne de l’ESA. Au centre, Jan Woerner qui cédera ses fonctions à Josef Aschbacher le 28 février prochain (Photo : capture d’écran conférence ESA)

Une fois n’est pas coutume, il y aura eu ce jeudi 14 janvier deux directeurs généraux lors du traditionnel rendez-vous des vœux de nouvel an de l’agence spatiale européenne (ESA), avec Jan Woerner et Josef Aschbacher. Ce dernier devrait finalement succéder au premier le 1er mars prochain et est revenu sur les multiples chantiers qui attendent l’agence dans les prochains mois.

Initialement à la tête des programmes d’observation de la Terre, l’Autrichien Josef Aschbacher a vu sa nomination, en tant que nouveau DG, actée par le Conseil de l’ESA le 17 décembre 2020. Sa prise de fonctions à la tête de l’autorité spatiale européenne devait intervenir au 1ER juillet prochain, celle-ci aura finalement avoir lieu avec quatre mois d’avance. Jan Woerner, l’avait d’ailleurs annoncé il y a quelques jours sur son blog, Josef Aschbacher lui succédera finalement à partir du 1er mars prochain. Après un peu moins de six ans à la tête de l’autorité spatiale européenne, Jan Woerner devrait, quant à lui, « revenir à mon parcours professionnel en génie civil », selon ses propres termes. S’il n’a pas toujours eu la partie simple, l’actuel directeur général aura tout de même réussi à négocier un budget plus important que prévu lors de la conférence ministérielle Space 19+ tenue à Séville fin novembre 2019. A l’issue de ce rendez-vous, l’ESA avait ainsi pu récolter 14,388 mds d’euros sur cinq ans (contre 14,256 mds initialement demandés) de la part de ses états membres. La prochaine ministérielle doit se tenir fin 2022 (en France ou au Portugal). Les étapes préparatoires de ce rendez-vous, vital pour le spatial européen, ont déjà démarré. 

Le lancement du JWST : la mission la plus importante à lancer cette année pour l’ESA (Photo : NASA/Chris Gunn).

Serpent de mer

Avant cela, l’actualité de l’ESA sera bien entendu très chargée pour le nouveau patron de l’ESA. Cette année, sur le volet Vols habités/Exploration, plusieurs points sont à retenir. Le recrutement d’une nouvelle promotion d’astronautes devrait être officialisé à partir du 16 février prochain. Pour les anciens, si Luca Parmitano et Alexander Gerst ont déjà réalisé deux vols, en avril/mai ce sera au tour de Thomas Pesquet d’accomplir sa seconde mission de six mois sur l’ISS. Il sera suivi à l’automne par son collègue allemand Mathias Maurer dont ce sera le baptême de l’espace. Samantha Cristoforetti, Tim Peake et Andreas Mogensen n’ont pour le moment effectué qu’une seule mission. Point important, les prérogatives de Thomas Pesquet sont élargies. Ce qui pourrait lui permettre de se retrouver en bonne position pour une mission dans le cadre du programme Artemis. Alors que le vol Artemis-1 (inhabité) est planifié pour la fin de l’année, il n’y a pour le moment aucune décision prise quant à l’attribution des missions lunaires habitées bien que l’ESA ait négocié trois sièges pour ses astronautes pour des missions sur la Deep Space Gateway. Il devrait cependant y avoir une présence du vieux continent, mais par procuration, sur la Lune en 2021. Ainsi, l’autorité spatiale européenne fournit notamment un spectromètre de masse sur l’alunisseur Peregrine conçu par Astrobotics Technology qui doit décoller pour notre satellite en juillet prochain. Au chapitre des contributions en matériels, l’ESA doit livrer l’ISS le bras robotique ERA. Celui-ci doit être expédié vers le complexe orbital au cours du printemps prochain par un lanceur Soyouz parallèlement au module russe scientifique Nauka qui reste le serpent de mer de la station. 

Le budget 2021 de l’ESA sera un peu moins important par rapport à celui de 2020 (Image : ESA).

Disponibilité améliorée

Parmi les autres dossiers figurent la Science. Le lancement du télescope spatial JWST fin octobre doit être LA mission scientifique de l’année. Au chapitre des lanceurs, est attendu cette année le 1er tir de Vega C. Ariane 6 n’aura lieu que l’an prochain. Josef Aschbacher a rappelé que la tenue de cet agenda reste “essentielle”. Concernant les lanceurs, « la concurrence reste féroce », ont déclaré les deux dirigeants puisque les charges utiles sont envoyées de l’orbite basse (LEO) jusque dans l’espace profond ou encore autour des points de Lagrange (L1, L2). Pour prendre en compte la diversité croissante des lanceurs, le CNES entend améliorer la disponibilité du Centre spatial guyanais (chantiers de l’ELA-4 et de l’ELD, notamment). D’autres mesures “doivent également s’appliquer dès cette année”. En matière d’observation de la Terre, plusieurs chantiers sont attendus dont celui des prochains Earth Explorer. Le 9ème, le satellite FORUM, dédié à l’étude du rayonnement infrarouge de la Terre, doit débuter sa phase B2. Pour le 10ème (phase A). Il s’agit de Daedalus (étude de la frontière entre haute atmosphère et espace), Hydroterra (étude du cycle diurne de l’eau) et Harmony (étude des courants océaniques). La date de lancement de l’heureux élu est envisagée à partir de 2027. Un point doit également être fait sur les prochaines missions du programme européen d’observation de la Terre Copernicus (CRISTAL, CO2M, CIMR, ROSE-L, entre autres). Idem pour le programme Galileo dont le prochain lancement (FOC-FM23) aura lieu avec Soyouz ST depuis Kourou cette année. Deux autres tirs Galileo sont programmés sur Ariane 6 à partir de 2022. Parmi les autres dossiers sur le bureau de Josef Aschbacher figurent également ceux de la connectivité en Europe et des smallsats. Quatre petits démonstrateurs sont annoncés sur la mission VV19 de Vega en 2021 (à confirmer). Il s’agit de Radcube (étude de l’environnement spatial), Sunstorm (étude des rayons X), la mission d’altimétrie PRETTY et le démonstrateur de micro-propulsion électrique uHETSat. Pour finir, un mot sur les chiffres. Le budget 2021 de l’ESA sera de 6,49 mds d’euros, (avec une contribution du CNES de 1,075 milliard). L’observation de la Terre reste le principal poste avec une dotation de 1439,9 millions d’euros.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *