PLD Space bientôt dans la dernière ligne droite

Alors que la première pierre vient d’être posée sur l’ensemble de lancements multi-lanceurs (ELM, ex-Diamant) à Kourou, les choses avancent rapidement pour l’opérateur espagnol qui devrait être le premier à inaugurer l’ELM avec le tir inaugural de Miura-5 probablement l’été prochain. Pour débuter l'exploitation commerciale, la société annonce disposer d'un milliard d'euros d'intentions de contrat.
D'ici le printemps 2026, PLD Space commencera à préparer sa toute première campagne de lancement. Depuis ces derniers mois, le constructeur espagnol a pris pied au Centre spatial guyanais (CSG). Ces derniers jours, la société a remporté son premier contrat GNC avec l’ESA pour développer un nouveau système de navigation hybride. Elle a également participé à l’événement organisé par le CNES de la pose de la première pierre de l’ELM. Si une partie de la concurrence se trouvait également présente sur le CSG, PLD Space devrait logiquement être le premier à lancer en 2026 depuis le pas de tir qui accueillait autrefois les lanceurs Diamant. Elle dispose d’un coup d’avance. Déjà parce que le...
démonstrateur suborbital Miura-1 a ouvert la voie en octobre 2023 en testant les technologies nécessaires à Miura-5. Selon nos informations, le premier exemplaire de vol de Miura-5 doit être assemblé d’ici le mois de décembre avant d’être ensuite expédié par bateau vers la Guyane « entre janvier et février 2026 », a indiqué Raul Verdu, COO de la société, au cours d’une rencontre avec les journalistes spécialisés en marge de la 28ème World Space Business Week (WSBW) organisée par Novaspace. Les tests combinés pourraient ensuite avoir lieu d’ici mars ou avril et la campagne de lancement se déroulerait ensuite entre mai et août 2026. Planifiée avant le lancement, cette étape, qui sert à vérifier notamment les connections entre le sol et le lanceur, permet de s’assurer que ce dernier se marie parfaitement avec son pas de tir.

Déploiement sur trois sites
Deux tirs de qualification sont envisagés avant de passer ensuite à l’exploitation commerciale de Miura-5 dont les boosters et le corps central pourront être réutilisables jusqu’à vingt fois. Atteindre l’objectif de la qualification représente un investissement total de 178 millions d’euros (Miura-1 inclus) et la société annonce un nouveau tour de table pour le premier trimestre 2026. Le premier client, soit institutionnel ou commercial, embarquera ainsi à bord du troisième exemplaire de la fusée espagnole. Sans le dire, Raul Verdu pense que l’orbite ne sera pas atteinte avant cette troisième mission. Mais les plans de PLD prévoient un déploiement sur au moins deux autres spaceports. La société, qui a doublé ses effectifs depuis début 2024 (passant de 200 à 400 personnes), prépare un ramp-up (montée en puissance) progressif. De 2027 à 2029, quatre lancements par an de Miura-5 sont ainsi prévus tandis que, dès 2028, le Miura-5 block 2 devrait effectuer son vol de qualification. Ce décollage pourrait avoir lieu sur le port spatial de Duqm à Oman. PLD prévoit d’y lancer des missions vers l’orbite héliosynchrone (SSO) à partir de 2027. Des négociations pour lancer depuis un troisième site à partir de 2028, pour l’instant encore non confirmé, sont également en cours. Celui-ci ne sera toutefois pas connu avant 2027. Ce n’est qu’à partir de 2030 que PLD Space devrait atteindre une dizaine de missions annuelles puis quatorze en 2031 et jusqu’à dix-huit dès 2032. Pour parvenir à un tel rythme, PLD Space doit encore cadrer son organisation commerciale mais selon les informations disponibles, elle dispose d'un milliard d'euros d'intentions de contrats. Parallèlement, toujours en 2032, PLD envisage de lancer Miura-Next « qui par sa forme s’inspire du lanceur russe Angara », précise Raul Verdu. Il s’agit d’un vrai changement d’échelle. D’un lanceur capable de placer jusqu’à 1040 kg sur orbite SSO avec Miura-5, Miura Next annonce des performances de l’ordre de 13 t sur orbite basse (LEO).

Au milieu de nulle part
Pour réussir son pari, auquel elle se prépare depuis 2011, PLD Space dispose d’un outil industriel décomposés en trois sites stratégiques. Deux installations à Elche de 6 000 m2 pour la production et le design et de 12 500 m2 pour la fabrication de ses lanceurs (ou 60 moteurs Teprel devraient être produits chaque année). Ces derniers seront ensuite testés sur l’installation de 125 000 m2 à l’aéroport de Teruel à trois heures de route en voiture et localisée « au milieu de nulle part ». Il faut également ajouter les cinquante-six emplois locaux directs et indirects que la société escompte créer d’ici 2030 en Guyane. Par ailleurs, outre la réalisation de son premier lancement orbital, PLD Space met aussi l’accent sur les travaux de R&D puisqu’elle projette la capsule habitée Lince (Lynx). Un premier essai de largage atmosphérique est envisagé dès l’année prochaine avec une maquette avant un vol automatique à partir de 2030 puis un vol humain à partir de 2035. Ce qui nécessitera la mise en œuvre des lanceurs Miura Next équipé de 4 boosters. Néanmoins, pour espérer un jour atteindre cet objectif ambitieux, la réussite de Miura-5 sera un préalable nécessaire pour tracer ce chemin.
Antoine Meunier