Retard à prévoir pour la capsule Gaganyaan
Dans moins de deux ans maintenant, l’Inde entend réaliser son premier vol habité. Si la date butoir annoncée reste fixée à aout 2022, le docteur K.Sivan patron de l’agence spatiale indienne (ISRO) n’exclue maintenant plus la possibilité d’un retard du fait de la pandémie de Covid-19. Dans l’optique de cette mission, l’Inde fait également appel à la collaboration internationale.
Construire et mettre au point un véhicule habité est incontestablement la partie la plus difficile de toute l’activité astronautique. Une activité où les retards sont parfois inévitables et d’autres parfois imprévisibles. Pour l’Inde qui ambitionne de lancer son premier astronaute autour de la Terre en 2022 avec le vaisseau Gaganyaan, ce retard risque d’être amplifié par la pandémie mondiale du coronavirus qui sévit maintenant depuis le début du printemps 2020. Cette épidémie impacte déjà le programme de vols habités indiens puisqu’initialement, il était prévu de tester deux fois la capsule à vide : une fois en décembre 2020 et encore une seconde fois en 2021 avant de passer au premier vol avec équipage. Le premier test automatique n’aura maintenant pas lieu avant l’année prochaine. Concernant le vol avec astronautes, le docteur K.Sivan, le directeur de l'ISRO a confié, pendant la « cyber-édition » du congrès international d’astronautique (IAC 2020) organisé chaque année par la Fédération internationale d’astronautique (IAF), que « la date pourrait glisser compte tenu de la situation sanitaire ». D’une masse au décollage de 8,2 t, le véhicule Gaganyaan, qui est développé par Hindustan Aeronautical Limited (HAL) et le département indien de la défense (DRDO), peut transporter trois personnes pour un séjour d’une durée allant jusqu’à une semaine. Il doit être lancé sur orbite basse par la fusée GSLV Mk III. Au terme de la mission, l’équipage doit être récupéré dans les 2 à 3 heures en situation nominale et dans les 8 heures en situation non-nominale selon le plan de récupération planifié par l'ISRO.
Un fort soutien international
Pour envoyer ses premiers ressortissants dans l’espace, l’ISRO, qui travaille à la mise au point de son vaisseau depuis maintenant plus de trois ans, bénéficie du soutien de plusieurs puissances spatiales à commencer par la Russie pour l’entrainement d’un premier groupe de quatre candidats astronautes. Leur entrainement, interrompu au tout début du printemps à cause de la situation sanitaire avait repris en mai dernier. La France fournit également un support logistique notamment pour les aspects liés à la télémédecine. L’ISRO et le CNES ont d’ailleurs mis en place depuis septembre 2018 un groupe de travail dans le domaine des vols pilotés. Selon K.Sivan, si l’Inde continue de développer ses propres dispositifs, elle cherche aussi à accéder à certaines technologies. L’autorité spatiale indienne a ainsi initié des discussions avec la NASA afin de pouvoir accéder à certaines procédés dont « la propulsion verte » ou encore à des technologies critiques ayant trait à la sécurité des astronautes selon une information rapportée par Times of India. Néanmoins pour le moment, il semble que rien de concret n’ait permis d’aboutir à un quelconque accord entre les deux partis. Dans le cadre du programme Gaganyaan, l’Inde devrait également faire appel à l’Australie (avec laquelle elle a développé un partenariat dans le domaine spatial depuis 1987) pour le suivi au sol du vaisseau. Une compétence dans laquelle l'Australie s'est fait une spécialité depuis plusieurs décennies maintenant. C'est notamment depuis l'observatoire de Parkes, établi en Nouvelle-Galles du Sud, que sont parvenues les premières images de la surface de la Lune de la mission Apollo 11.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2020)