Du rêve à la (dure) réalité ?

L’IAC 2024 a refermé ses portes avec inévitablement comme sujet principal de discussion, dans les couloirs du salon, la performance réalisée par SpaceX dimanche 13 octobre. En 2016, quand Elon Musk a présenté le projet du Starship, baptisé à l’époque ITS (Interplanetary Tranportation System) à l’IAC de Guadalajara, personne n’y croyait. Seulement, huit ans plus tard, la science-fiction s’ancre un peu plus dans la réalité. Il est maintenant prouvé qu’il est possible de faire revenir de l’espace l’équivalent d’un immeuble de 70 m de haut et de le reposer exactement là où il a décollé. Et de surcroît, en le saisissant au vol ! « Il nous avait mis 15 ans dans la vue au moment du premier atterrissage réussi du Falcon 9 et il nous en remet 15 de plus avec cet atterrissage réussi du Booster », confie un expert du secteur à l’auteur de ces lignes. Autant dire que la plupart des projets présentés pendant cette semaine spatiale milanaise donne l’impression d’appartenir à un passé qui s’éloigne chaque jour un peu plus. Et il n’y a pas que le Starship. Seulement aujourd’hui, quand un acteur lance 100 fois par an et qu’un autre arrive à aligner une dizaine de lancements, le métier exercé par le premier n’est peut-être pas le même que celui exercé par le second. Par manque de vision politique, ou encore d’audace, l'industrie n'en manque pourtant pas (par le passé, c'est cela qui a permis la réalisation de projets ambitieux comme le Concorde, le TGV ou encore le Tunnel sous la Manche),  l’Europe accuse un sérieux retard technologique en matière de lanceurs. Face au Starship, qui doit il est vrai encore progresser, on peut aujourd’hui légitimement se demander comment il sera rattrapé.

Antoine Meunier