Récupération réussie pour le booster de Starship mais perte de l'étage supérieur

Une poignée d’heures après le premier décollage réussi de la New Glenn de Blue Origin, SpaceX a emboité le pas de son conccurent pour réaliser le septième essai (IFT7) de sa super-fusée. Si le booster a été récupéré avec succès pour la seconde fois, le Starship a été perdu alors qu’il était en dehors de l’atmosphère. Un premier revers dans la mise au point pour la société d'Elon Musk.
Cela avait pourtant bien commencé. A 23h37 (heure de Paris), et sous un ciel parfaitement dégagé, l’ensemble Booster14/Starship33 s’est élevé au-dessus de la Starbase pour filer vers l’espace en offrant un lot d’images toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Il faut dire qu’avec 30 caméras installées sur la structure de l’engin, il y avait de quoi faire. A T+2 mn et 42 s, le booster s’est, comme prévu, désolidarisé de l’étage supérieur avant d’entamer sa redescente vers le sol. Le composite se trouvait alors à un peu moins de 70 km d’altitude. 6 mn et 54 s après l’avoir quitté, le booster 14 reprenait finalement contact avec la tour de lancement, saisi par les gigantesques pinces Mechazilla. Cette réussite montre indiscutablement que la première capture, réalisée lors de l’essai IFT5 le 13 octobre dernier, n’était pas dû à la chance même s’il en faut forcément. Si les choses se sont bien passées pour le booster, la mission de cette seconde version du Starship, dont c’était la première sortie, est en revanche un échec. Après 8 mn et 26 s de vol, et alors qu’il se trouvait à 146 km d’altitude, le contact a été brusquement perdu avec le Starship n° 33. Quelques minutes plus tard, des vidéos, montrant une pluie de débris incandescents, ont commencé à fleurir sur le réseau « X ». Plusieurs prises de vues aériennes ont même pu être réalisées . Le vaisseau pourrait avoir explosé au niveau des Îles Turques-et-Caïques dans les Caraïbes. Mais que s’est-il passé ?

Réussir à tout prix ?
Selon les informations annoncées par Elon Musk lui-même sur son compte X, une fuite d’oxygène liquide au niveau de la baie moteur du second étage pourrait être la cause de cet échec en vol. Des modifications techniques, dont l’ajout de dispositifs anti-incendie, doivent être apportées sur la partie incriminée. « Rien ne suggère pour l’instant de repousser le prochain lancement au-delà du mois prochain », a déclaré le grand patron de SpaceX. Une enquête est cependant en cours pour déterminer les causes exactes de cet accident. Pour Elon Musk, il s’agit simplement d’une étape de plus pour fiabiliser ce qui est la machine spatiale la plus complexe jamais mise sur pied. Cependant, pour SpaceX, c’est tout de même le premier sérieux revers pour sa super-fusée. En sept missions, le Starship n’est toujours pas parvenu à atteindre l’orbite. Au cours de ce vol IFT7, il devait également procéder à un essai du système d’éjection de charge utile avec l’emport d’une dizaine de satellites factices. Ce qui n’a pas non plus été accompli. Starship est le futur vaisseau amiral des ambitions de SpaceX puisqu’il doit permettre le déploiement à grande échelle des satellites Starlink de nouvelle génération. Dans le domaine du vol habité, il doit assurer la dépose en toute sécurité d’astronautes sur le sol sélène dans le cadre du programme Artemis et, à plus longue échéance, permettre l’envoi d’hommes et de femmes vers la planète rouge. Envisagée dès le mois prochain, si l’on en croit Elon Musk, la mission numéro 8 (IFT8) n’a pas d’autre option que d’être une réussite. Un échec serait en effet un mauvais signal pour les investisseurs et les clients potentiels du Starship.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2021-2025)