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Crew Dragon démarre sa vie opérationnelle

Lancement réussi à 1h27 du matin, heure de Paris, pour le Falcon 9 de la mission Crew-1 (Photo : NASA/Joel Kowsky)

Initialement planifié samedi soir, le décollage de la mission Crew-1 de la capsule de Space X a finalement eu lieu cette nuit. Ce second lancement habité de l’année réalisé par la société fondée d’Elon Musk s’est déroulé sans encombre cette nuit à 1h27 du matin, heure de Paris.

La carrière commerciale de Crew Dragon peut cette fois-ci démarrer. Sa phase de qualification aura nécessité deux vols. Une première mission à vide en mars 2019 avait permis de qualifier le vaisseau notamment pour les phases d’amarrage avec la Station spatiale internationale (ISS) et de retour atmosphérique. La mission Demo-2, lancée le 30 mai dernier, a qualifié le vaisseau avec cette fois-ci un équipage à bord. Si elle marque le début de l’exploitation commerciale de Dragon, la mission lancée cette nuit n’en demeure pas moins une première. Déjà par la durée. Pour la première fois, un vaisseau habité décollant depuis le sol américain doit passer six mois dans l’espace. A ce jour, le record américain est toujours détenu par la capsule Apollo de la mission Skylab 4 (SL-4) qui a été amarrée pendant 84 jours à la première station spatiale américaine entre le 16 novembre 1973 et le 8 février 1974.  La capsule Endeavour (C206) de la mission Demo-2 est, quant à elle, restée amarrée à l’ISS pendant 63 jours entre le 31 mai et le 2 août dernier. Lancée cette nuit, Resilience (C207) est donc la toute première capsule spatiale de l’histoire des vols habités à transporter quatre astronautes (avec Michael Hopkins, Victor Glover, Shannon Walker et Soichi Noguchi). Qu’elles soient américaine (Apollo), russe (Soyouz) ou chinoise (Shenzhou), les capsules spatiales transportaient jusqu’à présent au maximum trois passagers. 

Après le retour de la mission Demo-2, les équipes de Space X ont procédé à plusieurs changements sur le vaisseau (Photo :NASA/Bill Ingalls)

Quelques changements nécessaires

Et puis avant de passer à la phase opérationnelle, il a tout de même fallu tirer les enseignements de la mission Demo-2. Plusieurs changements ont ainsi été réalisés avant que la NASA ne certifie formellement le vaisseau (cette certification du Crew Dragon a été officialisée par Space X le 10 novembre). Ainsi, la température rencontrée lors de la rentrée atmosphérique de Demo-2 fut un peu plus importante que prévu. Les équipes de Space X à Hawthorne ont ainsi renforcé le bouclier thermique d’Endeavour, notamment entre les points de contact du vaisseau et du « Trunk ». Le nouveau design a ensuite été testé en soufflerie pour simuler une rentrée atmosphérique. Les panneaux solaires ont également été renforcés afin que ceux-ci puissent résister aux contraintes inhérentes à six mois passés dans le vide spatial dont les changements constants de température. Il a également fallu réajuster le système d’ouverture des parachutes. Enfin, lors du retour de Doug Hurley et Robert Behnken le 2 août dernier, plusieurs embarcations privées se sont approchées très près de la capsule des deux astronautes. Ce qui n’est pas sans danger, des résidus toxiques de carburant peuvent subsister dans les moteurs. Lors du retour du vaisseau planifié au printemps prochain, Space X et les garde-côtes ont prévu de maintenir une zone « keep out » d’un diamètre de 10 miles marins (environ 16 km).

Plusieurs dizaines de bateaux s’étaient approchés lors du retour de la mission Demo-2 le 2 août. Les choses seront différentes pour le retour de Crew-1 (Photo : NASA/Bill Ingalls).

168ème mission habitée américaine

Ce deuxième lancement habité pour Space X était également le 21ème de l’année pour la société. Le lanceur a décollé à très exactement 19h27 heure de la Floride. L’étage B1061 de Falcon 9 a ensuite été récupéré sur la barge Just Read The Instructions 9 minutes et 40 secondes après le décollage. Ce même étage doit resservir pour le lancement de la capsule Endeavour à la fin du printemps prochain pour lancer l’équipage de la mission Crew-2. Le vaisseau a ensuite été placée sur une trajectoire qui doit l’amener sur une orbite inclinée à 51,6 ° et à 408 km d’altitude afin d’opérer un rendez-vous avec la Station spatiale internationale (ISS). La jonction du vaisseau avec le Node 2 du module Harmony a eu lieu 5h01 du matin (heure de Paris). Hopkins, Glover, Walker et Noguchi ont rejoint l’équipage du Soyouz MS-17 ; les russes Sergey Ryzhikov et Sergey Kud-Sverchkov ainsi que l’américaine Kathleen Rubins qui sont à pied d’œuvre depuis le 14 octobre dernier sur le complexe orbital international pour former l’Expedition 64. L’équipage de la station passera à sept personnes au lieu de six. Crew-1 est la 168ème mission habitée à s’envoler depuis le Centre spatial Kennedy (KSC). La prochaine rotation d’équipage de l’ISS côté américain (Crew-2) est maintenant attendue à partir de la fin mars. Le français Thomas Pesquet sera du voyage pour sa seconde mission à bord de l’ISS. Côté russe, le Soyouz MS-18 devrait être lancé en avril 2021 depuis le cosmodrome de Baïkonour.

Antoine Meunier

(Dernière mise à jour : 17/11/20, 10h28).

©                                 La Chronique Spatiale (2020)

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