Lancements / Transport spatial

Shenzhou 12, nouvelle étape du programme habité chinois

La Chine a lancé cette nuit avec succès la mission Shenzhou à 1h22 UTC (Image : CCTV).

La Chine a procédé cette nuit au lancement depuis la base de Jiuquan de sa septième mission spatiale habitée depuis 2003. Un vol de 3 mois qui marque le début d’une occupation permanente de l’orbite basse par l’Empire du Milieu avec sa toute nouvelle station spatiale.

Avec l’amarrage réussi de la capsule Shenzhou 12 à Tianhe ce jour à 7h54 UTC (9h54, heure française), c’est donc une nouvelle aventure qui va débuter avec cette troisième station dont le seul module Tianhe a été placé en orbite basse depuis le 29 avril. Au début de la précédente décennie, les petits laboratoires Tiangong-1 et Tiangong-2 (8,6 t chacun) ont permis à l’agence spatiale chinoise pour les vols habités (CMSA) d’acquérir une toute première expérience en matière de station spatiale. Au cours de Shenzhou 9 (du 16 au 29 juin 2012), puis Shenzhou 10 (du 10 au 26 juin 2013) et Shenzhou 11 (unique mission sur Tiangong-2 du 16 octobre au 18 novembre 2016), les 3 derniers vols habités chinois représentent un temps total passé dans l’espace de 60 jours dont 32 à mettre au crédit de Jing Haipeng et Chen Dong, les hommes de Shenzhou 11 qui sont les 2 taïkonautes ayant pour le moment passé le plus de temps dans l’espace. Jing Haipeng est encore pour un temps le recordman chinois de durée avec 47 jours dans l’espace cumulés sur trois missions (Shenzhou 7, 9 et 11). Au terme de Shenzhou 12, les astronautes devraient totaliser 90 jours supplémentaires en orbite à bord de Tianhe qui accuse 22 t sur la balance. Un module qui est aussi équipé de 4 propulseurs ioniques et qui ne nécessiterait que 400 kg d’ergols par an pour garder la nouvelle station spatiale chinoise (CSS) en orbite selon l’Académie chinoise des sciences. A titre de comparaison, l’ISS en dépense 4 tonnes par an pour se maintenir sur orbite.

La CSS ne devrait être dans sa configuration définitive qu’à la fin de l’année 2022 (Image : DR).

Deux EVA au programme

La tâche qui attend l’équipage, composé de Nie Haisheng (dont c’est le 3ème vol après Shenzhou 6 en 2005 et Shenzhou 10 en 2013) et ses coéquipiers Liu Boming (2nd vol après Shenzhou 7 et Tang Hongbo dont ce sera le baptême de l’espace, sera d’activer et valider les principaux systèmes de Tianhe durant les 3 mois que doit durer leur mission. Ils disposeront de tout le nécessaire qui leur a été préalablement apporté par le vaisseau cargo Tianhzou-2. Lancé le 29 mai dernier à 12h55 UTC depuis la base de Wenchang, ce navire automatique de 13,5 t à pleine charge s’est amarré à Tianhe huit heures plus tard. A bord du ravitailleur, les 3 hommes d’équipages disposeront de 2 t d’ergols et de 4,7 de fret dont des denrées alimentaires pour 3 mois. Des scaphandres pressurisés figurent également dans le chargement, deux sorties extravéhiculaires sont au programme de l’équipage qui met en place une station dont la durée de vie doit être d’au moins 10 ans. La taille de cette station « Tiangong-3 » doit être agrandie puisque Wentian, le premier module scientifique doit se connecter à Tianhe l’année prochaine. Le second, Mengtian, suivra en principe à l’automne 2022. Ce complexe orbital, dont la masse finale sera alors de 66 t, aura sa forme définitive en T. Avant l’amarrage de ces 2 laboratoires, il est prévu que dès la prochaine mission, Shenzhou 13, la durée des séjours des astronautes passe à 6 mois.

Les taïkonautes Tang Hongbo, Nie Haisheng et Liu Boming vont réaliser la plus longue mission habitée chinoise (Photo : CCTV).

Collaboration

En attendant, pour les hommes de Shenzhou 12, la jonction avec Tianhe doit avoir lieu la nuit prochaine au terme d’une montée de 6 heures pour rejoindre leur demeure orbitale jusqu’au début de l’automne. Une demeure à bord de laquelle des astronautes étrangers pourraient également voler au cours des prochaines années. Lors du congrès GLEX 2021 sur l’exploration spatiale, organisé cette semaine par l’IAF à Saint-Pétersbourg, Dmitry Rogozin, le directeur général de l’agence spatiale russe a affirmé que Roscomos travaillait avec son homologue chinoise pour permettre l’arrivée de véhicules pilotés russes sur la CSS. Par le passé, des échanges ont été menés avec des astronautes européens dont Samantha Cristoforetti et Mathias Maurer venus réaliser un entrainement en Chine en 2017. L’année d’avant, c’est Ye Guangfu, doublure sur Shenzhou 12, qui accompagnait ces homologues occidentaux lors d’un exercice CAVES de l’ESA. Shenzhou 12 est la 3ème des 11 missions prévues par la CMSA pour la mis en place de la station spatiale. Le retour de l’équipage doit avoir lieu en septembre.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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