Vols habités

L’astronaute, le fabuleux voyage de Jim Desforges

(Image : Nord-Ouest productions).

En France, les films parlant d’espace sont plutôt rares. Il y avait toutefois eu en 2019 Proxima d’Alice Vinocour. L’astronaute, mis en scène par Nicolas Giraud et qui sort ce mercredi en salle, vient combler un manque en nous offrant une histoire ultra réaliste et qui raisonne aussi avec l’actualité.

            En 2009, l’Agence spatiale européenne (ESA) a dévoilé sa troisième promotion d’astronautes parmi laquelle figurait le français Thomas Pesquet. Ce que l’on sait moins c’est qu’il y eut des candidats recalés dont l’ingénieur d’Arianegroup Jim Desforges (incarné par Nicolas Giraud). Notre héros, loin de se laisser abattre par cet échec, va passer la décennie suivante à construire dans le plus grand secret avec comme objectif : « réaliser le premier vol spatial habité amateur de l’histoire » et accomplir ainsi son rêve de pouvoir observer la Terre depuis l’orbite. Durant une heure et cinquante minutes, nous suivons ainsi notre personnage qui, dans cette singulière entreprise, est parfois amené à franchir certaines limites. Ne pouvant toutefois pas résoudre seul les difficultés techniques inhérentes à la conception d’un véhicule spatial habité, il sollicite l’aide, entre autres, de son modèle en la personne d’Alexandre Ribbot (Matthieu Kassovitz), un astronaute retraité de l’ESA. Au début réticent, ce dernier finit par se laisser convaincre d’aider ce personnage un peu fou mais passionné, qui veut se battre contre un ordre établi et faire ainsi avancer les choses. Ne bénéficiant pas des infrastructures d’une grande agence spatiale, Desforges et Ribbot vont devoir faire preuve d’inventivité et prendre des risques pour franchir un à un les différents obstacles techniques qui se dressent sur leur route.

 

(Photo : Nord-Ouest Productions).

« Un film qui va dans l’espace »

            Voilà planté le décor de cette fable, qui n’est pas un film de science-fiction, «… mais de fiction scientifique car mon maitre mot était de faire un film réaliste. Ce qui passe par une réalité scientifique », explique Nicolas Giraud le réalisateur et principal interprète. Il montre ainsi que poésie à la française et réalisme technologique peuvent se marier pour le meilleur. La présence de l’astronaute Jean-François Clervoy au générique, en tant que conseiller technique, n’y est pas pour rien. N’oublions pas non plus le concours d’Arianegroup. Plusieurs scènes de ce long-métrage, dont celle de l’ouverture, ont été tournés dans les installations vernonaises de la société. « Sans Arianegroup, je ne fais pas le film… Je n’aurai pas pu avoir cette crédibilité qui est le moteur premier de mon travail », insiste Nicolas Giraud. Le réalisateur s’est servi de ce décor pour faire avancer étape par étape sa narration. De plus, l’ambiance du film, très intimiste, fait ressortir ce sentiment d’isolement qui entoure Jim Desforges dans sa quête. Un héros passionné qui entraine d’autres passionnés pour réaliser son rêve. Si l’alchimie entre Nicolas Giraud et Mathieu Kassovitz fonctionne parfaitement, le film est aussi porté par d’excellents seconds rôles dont Hélène Vincent (Madame Lequesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille), l’ancien Deschiens Bruno Lochet ou encore Hyppolite Girardot et Ayumi Roux. Et puis L’Astronaute fait aussi écho avec l’actualité spatiale. Depuis quelques années maintenant, l’association danoise Copenhagen Suborbitals entend réaliser une entreprise similaire en ne s’entourant que de bénévoles. De plus, certains dialogues des personnages principaux sont également remplis de sens. « Je suis heureux si l’espace-temps vient en corrélation avec mon propos », se réjouit Nicolas Giraud. Mais n’en disons pas plus si ce n’est qu’il faut aller voir L’astronaute. Un très joli long-métrage qui nous rappelle que l’espace, avant d’être une conquête, est aussi une aventure.

François Karcel

 

 

 

 

©                                 La Chronique Spatiale (2023)

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