Lancements / Transport spatial

Nouvel essai nocturne cette nuit pour Delta 4 Heavy

Mardi soir, la météo a encore empêché le décollage du 12ème Delta 4H (Photo : ULA).

La météo est décidément bien capricieuse sur la Floride. Le douzième exemplaire de la fusée d’United Launch Alliance (ULA) aurait du décoller cette nuit depuis le LC-37A du Centre spatial Kennedy (KSC). Un lancement qui emporte une charge utile pour le compte du National Reconnaissance Office (NRO) et qui a été retardé à plusieurs reprises depuis le mois d’août. Ce tir doit être suivi par trois autres missions elles-même décalées d’ici samedi.

Initialement, ce 12ème lancement de la version lourde de la Delta 4 aurait dû avoir lieu le 26 août dernier. Il a malheureusement accumulé les retards à la suite d’ennuis techniques (entre autres), ce qui a entrainé de multiples reports dans le tir. Le 29 août, la chronologie a ainsi été interrompue juste trois secondes avant le décollage du lanceur du fait d’une défaillance d’un composant interne, ce qui a entrainé l’abandon du décompte final. Trois régulateurs de débit sur la rampe de lancement sont utilisés dans le système de débit d’hélium à haute pression afin de faire tourner les turbines des trois moteurs principaux RS-68A du Delta 4-Heavy. Si le moteur tribord de la fusée a démarré normalement, le régulateur du moteur central ne s’est en revanche pas ouvert. Selon Tory Bruno, le patron d’ULA, la pièce défaillante a été « par précaution » changée sur les trois moteurs. Si le Delta 4-Heavy est composé de trois noyaux de propulseur communs, exactement comme le Falcon Heavy dont la silhouette est très similaire, chacun des trois corps est alimenté par un seul moteur Aerojet Rocketdyne RS-68A. Les trois corps du lanceur lourd de Space X représentent pour leur part un total de 27 moteurs Merlin. Et il y a quelques jours jeudi 24 septembre, tout semblait bien se présenter puisque la revue de préparation au lancement menée par les équipes de ULA avait permis de donner le feu vert pour un tir pendant le week-end. Malheureusement, un nouveau problème est survenu sur le système de rétractation du bras principal de la tour de lancement. Problème qui persistait encore mardi. Et pour couronner le tout, la météo n’a pas arrangé les choses avec des éclairs qui ont frappé le sol à proximité du pas de tir dans la journée de lundi ainsi que hier soir.

Sous la coiffe de Delta 4H, se cache la mystérieuse charge NROL-44, vraisemblablement un satcom géostationnaire (Photo : ULA).

Traffic sur la route

Malgré une météo incertaine, favorable à 70 %, ce douzième tir restait attendu à présent pour la nuit prochaine à 23h54 heure de la Floride (5h54 du matin heure de Paris) à laquelle le lanceur haut de 71 m doit s’élever et se placer sur une trajectoire l’emmenant à l’est de Cap Canaveral. Si la nature exacte de la charge n’est pas connue, on sait que cette mission était destinée à placer sur orbite géostationnaire la charge utile NROL-44. Le NRO exploite des satellites de renseignements électromagnétique (entre autres) prévus pour s’installer en orbite géosynchrone. Cette mission fait partie des cinq dernières que doit accomplir la fusée Delta 4H avant son retrait du service. Elle doit encore lancer quatre autres charges utiles, toutes pour le NRO (NROL-82, NROL-91, NROL-68 et NROL-70). A l’exception du premier exemplaire de la capsule Orion en 2014 et de la sonde scientifique Parker Solar Probe en 2018, la presque totalité des missions du “Delta lourd” aura été réservée pour lancer des charges destinées à la Défense américaine. Le prochain tir du lanceur de ULA est planifié à ce jour à partir de décembre pour un lancement depuis la base californienne de Vandenberg (mission NROL-82). D’ici la fin de la semaine, outre le lancement du Delta, deux tirs de Falcon 9 sont attendus demain et samedi pour les missions Starlink 12 et GPS III-04 depuis le Centre spatial Kennedy. Et vendredi doit avoir lieu un tir d’Antarès, pour lancer la mission de ravitaillement CRS NG-14 de la Station spatiale internationale (ISS) mais depuis la base de Wallops en Virginie.

Antoine Meunier

Mise à jour 1/10/2020, 9h20

La chronologie du lancement a une nouvelle fois été interrompue cette nuit à seulement quelques secondes du décompte final. Tory Bruno, le patron de ULA rapporte dans un tweet “Nous avons subi un abandon automatisé car un capteur a signalé un défaut. Le système de sécurité automatisé a fonctionné comme prévu. L’oiseau et la charge utile sont sûrs et indemnes. Les allumages moteurs n’ont pas été déclenchés…”. A ce stade, il n’y a pas plus d’informations concernant les causes de l’interruption du lancement ni sur une nouvelle date de tir.

 ©                                 La Chronique Spatiale (2020)

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