Exploration

La NASA actualise Artemis

La NASA requiert encore 16 milliards entre 2021 et 2025 pour développer le HLS (Image : NASA).

L’administration spatiale américaine a fait le point de son programme habité de retour sur la Lune. Pour que des astronautes posent le pied sur la Lune dans le calendrier imposé par la Maison-Blanche, l’agence requiert près de 28 milliards de dollars entre 2021 et 2025 dont 16,1 pour le futur alunisseur piloté (HLS).

L’objectif prioritaire de la NASA d’ici 2024, on le sait, reste de poser un binôme mixte d’astronautes à la surface de la Lune. Ce sera le premier duo d’êtres humains sur le sol sélène 52 ans après Gene Cernan et Harrisson Schmitt en décembre 1972 (Apollo 17). Pour tenir ce calendrier, la NASA a publié lundi une estimation du budget nécessaire. Le tableau indique qu’il faut encore près de 28 milliards de dollars étalés entre 2021 et 2025 dont 16,166 Mds rien que pour l’alunisseur. Sur ce point, rappelons que trois industriels sont en compétition pour livrer une proposition finale du HLS d’ici le mois de février prochain. Il y a le véhicule bi-étage Blue Moon de la société Blue Origin de Jeff Bezos, le système mono-étage proposé par Dynetics auquel est notamment associé l’européen Thales Alenia Space. Enfin, Space X propose un dérivé de son Starship qui est actuellement en développement. L’argent étant le nerf de la guerre, la NASA a besoin de l’assentiment du congrès pour voter une première enveloppe de 3,2 milliards d’ici noël. « Alors nous serons toujours dans les clous pour un alunissage en 2024 », a lundi déclaré l’administrateur Jim Bridenstine dans une téléconférence (source : AFP). D’ici le 3 novembre, le congrès américain doit être renouvelé lors des prochaines élections. L’absence de financement rendrait le calendrier, imposé par la Maison-Blanche, difficile à tenir. Un changement d’administration n’est pas non plus à exclure.

Plus de 16 milliards requis entre 2021 et 2025 pour le HLS (Image : NASA).

Gateway : à partir d’Artemis 4

A 4 ans de l’échéance, la NASA annonce cependant que la première mission du programme (Artemis 1) est « sur les rails ». Ce test sans équipage verra le vaisseau Orion lancé par la fusée SLS en direction de la Lune pour un voyage d’environ 3 semaines qui doit l’amener à se placer en orbite distante rétrograde (DRO) pendant une semaine. Mais le premier retour des humains vers la Lune est en fait prévu en 2023 puisque la mission Artemis 2 aura un profil qui ressemble à celui de l’historique vol d’Apollo 8 de décembre 1968 avec un survol habité de notre satellite. Le débarquement de surface sera laissé aux heureux élus d’Artemis 3. Le séjour sera 2 fois plus long que pour les 3 dernières missions Apollo (15,16 et 17) : une semaine contre 3 jours. Et se pose également la question de la station Deep Space Gateway. Pour le moment, la NASA n’a rien décidé concernant son utilisation pour Artemis 3. Il semble que cela sera à partir d’Artemis 4 (et après) que ce petit laboratoire sera occupé par des astronautes véhiculés par Orion. Les premiers éléments de la Gateway – les modules d’habitation (HALO) et propulsif (PPE) doivent être intégrés pour un lancement d’ici 2023. La station doit pouvoir fonctionner de manière autonome et mener des expériences notamment dans le domaine de la météo spatiale avant les futures visites d’équipage. L’installation de modules supplémentaires avec les partenaires internationaux est envisagée mais sans donner plus détails. La priorité reste pour le moment donnée à l’alunissage.

La première mission de surface du programme Artemis doit avoir une durée plus importante que celle des dernières missions Apollo (Image : NASA).

Un choix encore à faire

Celui-ci est planifié au Pôle Sud lunaire. Le choix de cette région s’explique notamment par la présence d’eau dans les cratères ombragés du sud de la Lune. Une eau qui pourrait être utilisée pour les éventuelles missions de longue durée projetées à la surface. Toutefois, l’hypothèse d’un site à l’équateur lunaire reste toujours possible y compris celui d’une mission Apollo. Selon The Space Rewiew du 21 septembre, l’administrateur de la NASA Jim Bridenstine a évoqué cette possibilité lors d’une récente conférence, « s’il s’avérait impossible d’atterrir au pôle Sud ». Se poser à proximité des vestiges d’une mission lunaire habité passée aurait forcément un fort retentissement mais l’intérêt scientifique n’est pas pleinement justifié. L’administrateur de la NASA a cependant été très clair. Il n’y a aucun projet dans ce sens. La direction choisie pour le retour de l’Homme sur la Lune en 2024 pour la mission Artemis 3 est toujours le Pôle Sud. Reste simplement à déterminer le lieu exact.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2020)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *