Ariane 6 pas disponible avant le second trimestre 2022
Le Conseil de l’ESA qui s’est tenu mercredi et jeudi l’a maintenant confirmé. Déjà décalé à l’automne 2021, le tir inaugural d’Ariane 6 est une nouvelle fois repoussé à causes de problèmes techniques qui sont malheureusement amplifiés par les effets de l’épidémie du coronavirus.
L’information avait fuité dans la presse la semaine dernière via le magazine Aerospatium, Ariane 6 ne pourra s’élever dans le ciel de la Guyane que d’ici vingt mois au plus tôt. Initialement, le calendrier prévoyait un premier vol pour cette année. Malheureusement, la pandémie qui confine la planète depuis maintenant le mois de mars dernier a contraint, et l’industrie et les institutions, à reporter le tout premier vol au second trimestre 2022. En cause, des mesures sanitaires en Guyane qui sont encore plus sévères que sur le territoire national. Des mesures de quarantaine qui entrainent également des retards dans le chantier du pas de tir Ariane 6 au Centre spatial guyanais (CSG). De plus, le CNES connait des difficultés techniques avec les bras d’avitaillement cryotechniques de l’étage supérieur du futur lanceur. Selon l’ESA, le surcoût occasionné pour ce nouveau retard s’élève à environ 230 millions d’euros. Les deux premiers tirs d’Ariane 6 seront réalisés par des Ariane 62 (2 propulseurs d’appoint). L’un des deux exemplaires doit servir à lancer une paire de satellites de la constellation Galileo (FOC 25 et FOC 26). La version « 64 » ne sera pas utilisée avant le troisième tir dont la date reste encore à déterminer.
Un développement toujours optimal
Malgré ce nouveau retard, le développement du programme se poursuit. Le 22 octobre dernier, Arianegroup a réussi, dans ses installations de Brême en Allemagne, l’assemblage du premier étage supérieur d’Ariane 6. Il s’agissait d'assembler les réservoirs d’hydrogène et d’oxygène liquide avec la partie qui soutient le moteur rallumable Vinci. Cet étage baptisé Hot Firing Model (HFM) doit rejoindre par voie fluviale le site du DLR à Lampoldshausen pour subir des essais de mise à feu sur un banc spécialement conçu pour le développement de l’étage supérieur. Au début du mois, Arianegroup a réussi les derniers essais du moteur P120C qui est commun aux boosters d’Ariane 6 et au premier étage de Vega C, dont le vol inaugural reste pour le moment toujours planifié au mois de juin prochain. Se pose à présent la question de la transition entre Ariane 5 et Ariane 6. A priori, pas de changement de ce côté. Il reste encore huit Ariane 5 à lancer avant qu’Ariane 6 ne monte en puissance. Parmi les charges utiles attendues figure le James Webb Space Telescope (JWST), le successeur du télescope spatial Hubble (HST). Daniel Neunschwander, le directeur des lanceurs à l’ESA, indique ainsi que son lancement reste toujours planifié pour le 31 octobre 2021. La prochaine mission d’Ariane 5 (VA254) est quant à elle projetée pour le mois de février. Elle doit permettre de placer sur orbite les satellites de télécommunications Eutelsat Quantum et Star 1 D2.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2020)