La NASA retient le Starship pour déposer les astronautes sur la Lune

Entre le duo Blue Origin/Lockheed Martin (soutenu par Northrop Grumman et Draper), Dynetics et Space X, c’est finalement la firme d’Elon Musk qui est choisie par la NASA pour concevoir l’alunisseur habité de nouvelle génération (HLS). Un choix technique qui marque peut-être une rupture même si de nombreuses étapes restent encore à valider.
Les 3 concurrents finaux de cette compétition (NextSTEP-2) étaient connus depuis maintenant près d’une année. Pour Elon Musk, "qui s'est dit honoré de faire partie de l'équipe Artemis", c’est un moyen de damer le pion à Jeff Bezos dont la solution, peut-être plus classique, paraissait la plus aboutie alors que celle de Dynetics, à laquelle était associée Thales Alenia Space, n’aura finalement pas non plus retenue l’attention de la NASA. En revanche pour Space X, c’est un nouveau moyen de prendre un peu plus pied sur le segment des vols habités avec un contrat attribué par la NASA d’une valeur de 2,89 milliards de dollars. Pour mémoire, la société de Hawthorne est actuellement la seule, avec le Soyouz russe, à assurer le transfert des équipages jusqu’à la Station spatiale internationale (ISS) avec son CrewDragon. La capsule Starliner de Boeing, également prévu pour faire la navette avec le complexe orbital, doit effectuer un nouvel essai à vide (OFT-2), vraisemblablement pas avant le mois de juillet. Space X dispose également d’un pied dans le nouveau programme américain de retour sur la Lune, puisqu’elle doit lancer à partir de 2024 les premiers éléments de la station lunaire Gateway à l’aide du Falcon Heavy. En sélectionnant le Starship pour déposer les prochains astronautes à la surface de la Lune au cours des missions Artemis, la NASA fait aussi un choix technique en rupture avec ce qui avait été fait lors du programme Apollo. A cette époque, la fusée Saturn V lançait en une seule fois la capsule principale et le LM. Les 2 vaisseaux effectuaient ensuite leur jonction au cours du transit vers la Lune.

2 fusées
Dans la configuration du programme Artemis, c’est la fusée SLS qui lancera le vaisseau Orion avec les astronautes à bord. Celui-ci devra ensuite effectuer un rendez-vous en orbite « au point approprié » avec le Starship qui sera mis sur orbite basse par son étage Super Heavy (taille totale : 120 m). 4 astronautes seront du voyage à bord d’Orion mais seulement 2 prendront place à bord de l’alunisseur habité. Outre la première femme à marcher sur le sol sélène, la NASA entend également déposer le premier astronaute de couleur. Le Starship, prévu pour être réutilisable, devra permettre aux équipages, qui arpenteront le sol lunaire, de rester jusqu’à une semaine en surface avant de retrouver Orion autour de la Lune. Outre une cabine spacieuse, le Starship devra disposer de 2 sas pressurisés permettant les sorties extravéhiculaires à la surface de la Lune. L’objectif d’un alunissage à partir de 2024 reste cependant confirmé mais parait quand même difficile à atteindre. Il reste en effet de nombreuses étapes à franchir et le calendrier pourrait donc encore largement évoluer. ll faudra notamment maîtriser un nouveau paramètre : celui du transfert d’ergols sur orbite basse. Actuellement en développement sur les installations Space X de Boca Chica au Texas, le Starship a déjà accompli 4 vols d’essais (SN8, SN9, SN10 et SN11) depuis le mois de décembre qui lui ont permis de grimper au maximum à 12,5 km d’altitude. Le dernier en date, celui du 30 mars, s’était soldé par un atterrissage réussi avant qu’une fuite de méthane sur l’un des moteurs Raptor ne provoque une explosion. Le test suivant, baptisé SN15, est attendu prochainement. Quant à l’étage Super Heavy, un premier essai de vol orbital, avec le Starship SN20 et le booster BN3, pourrait être tenté à partir du mois de juillet.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2021)