Exploration

Thomas Pesquet de retour sur l’ISS

Décollage réussi vendredi 23 avril 2021 pour le Falcon 9 de la mission Crew-2 à 11h49, heure de Paris (Photo : NASA/Kim Shifflett).

Après un report de 24h dû à une mauvaise météo sur la trajectoire de montée du lanceur, la mission Crew-2 s’est envolée ce jour à 5h49 (heure de la Floride) avec 4 astronautes à bord. C’est le troisième lancement habité réussi pour Space X. Mais c’est surtout le second envol vers la Station spatiale internationale pour l’astronaute français dans le cadre de la mission Alpha qui se déroulera sur l’expédition 65/66.

La 19ème mission spatiale habitée française est donc en marche. Exactement 4 ans, 5 mois et 5 jours après son premier décollage, Thomas Pesquet reprend le chemin de l’espace pour un nouveau séjour de 6 mois à bord de l’ISS dans le cadre de l’Expedition 65/66. Le lancement du Falcon 9 a eu lieu à 11h49 heure de Paris (5h49 en Floride). Pour ce tir, les astronautes Shane Kimbrough, Ahikido Hoshide et Megan Mc Arthur, et bien sûr Thomas, ont pris place dans la capsule Endeavour C206, utilisée l’an dernier pour la mission Spx Demo 2 des astronautes Doug Hurley et Bob Behnken. Le booster employé est le B1061 dont c’était ici la deuxième utilisation après le lancement de la capsule Resilience (C207) vers l’ISS le 15 novembre dernier. Il a été largué après 2 mn et 45 s avant de se poser en douceur après 9 mn et 30s de vol sur la barge Of Course I still Love You. A T+ 11 et 58 s, le Crew Dragon devait se séparer du 2nd étage de F9 pour s’insérer sur sa trajectoire qui lui doit permettre de rejoindre l’ISS. L’ouverture du nez de Dragon devait suivre à très exactement T+13 mn 02 s. La montée jusqu’à la station doit prendre 23 heures. Pour cette nouvelle mission qui débute, l’astronaute préféré des français confiait il y a quelques jours, lors d’une conférence de presse en ligne, qu’elle pourrait être un peu plus ardue à la fois physiquement et mentalement. « Je pense que le second vol est plus difficile bien que j’ai l’impression d’être dans la meilleure forme physique de ma vie même si je suis un peu plus vieux… ».

Thomas Pesquet, ici lors de son ultime conférence de presse en ligne, lundi dernier (Photo : LCS-A.Meunier/Webex ESA).

Retrouvailles

 Sur le plan mental, la pandémie qui perdure depuis maintenant plus d’une année a compliqué les choses. « La situation sanitaire n’a pas rendu l’entrainement facile, ajoute-t-il. Cela fait quasiment un an que nous sommes en isolation, ce n’est pas génial car on se prépare à quitter la Terre et nos proches pour 6 mois. J’aurai bien aimé, comme tout le monde, avoir un peu plus de libertés et de possibilités pendant l’année qui vient de s’écouler… ». Outre un environnement qu’il connait, Thomas retrouve 2 de ses compagnons de sa mission de 2016/2017. C’est avec Shane Kimbrough qu’il a réalisé ses 2 sorties extravéhiculaires de janvier et mars 2017 lors de sa première mission. Il va retrouver également Oleg Novitski dont il fut le copilote sur le Soyouz MS-03 en 2016. Le cosmonaute russe est arrivé le 9 avril à bord du Soyouz MS-18, en compagnie de son compatriote Piotr Doubrov dont c’est le baptême de l’espace et de l’astronaute américain Mark T.Vande Hei qui, comme le français, accomplit sa seconde mission spatiale. Une seconde mission qui, sur la forme, ressemble beaucoup à la première. Thomas Pesquet va ainsi travailler sur une centaine d’expériences dont la moitié est européenne. Elles seront directement suivies par le CADMOS (Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales) au CNES. Au titre de la contribution française, le CADMOS a initié une douzaine de manipulations dont 4 dans le domaine de la santé (Dreams, étude du sommeil ; Cerebral Ageing sur le vieillissement du cerveau ; Pilote pour les neurosciences et Immersive Exercize qui allie sport et réalité virtuelle). 5 manipulations technologiques ont été programmées. Telemaque doit permettre d’expérimenter la manipulation d’objets sans contact avec une pince accoustique tout en évaluant la capacité de capture de petites sphères de plastique ou de verre. Seconde expérience :  le dosimètre à fibre optique Lumina qui doit permettre de mesurer les radiations dans l’ISS.

Le logo de la mission Alpha, au terme de laquelle Thomas Pesquet cumulera près d’une année dans l’espace (Image : ESA).

Nouvelles responsabilités

La gestion des emballages pour les missions au long cours est aussi au menu, avec 3 expériences regroupées sous le label Eco Pack. Renewable Foam et Edible Foam proposent, quant à elles, l’utilisation expérimentale de matériaux de protection réutilisables, biodégradables ou comestibles, afin de remplacer les traditionnelles mousses pétro-sourcées inutiles une fois à bord de la Station. Freshness Packaging teste l’emballage de fruits frais (pomme, tomate cerise, kiwi et raisin) pour des longues durées (15 jours à un mois). 3 expériences éducatives, sélectionnées dans le cadre du concours Génération ISS, figurent également au programme : TetrISS (matérialisation des ultrasons), Eklosion (expérience participative de pousse de plante), Blob (étude du comportement d’un organisme unicellulaire en impesanteur). Le programme scientifique prévoit aussi un suivi sur les expériences suivantes : EveryWear (application mobile sur tablette tactile), l’échographe Echo (étude des caractéristiques mécaniques de certains muscles au cours de l’expérience Myotones), Fluidics (dynamique des fluides), Matiss (surfaces intelligentes) et Perspectives (réalité virtuelle appliquées aux fonctions cognitives en microgravité). Il s’agit de manipulations héritées de la mission Proxima. Outre son travail scientifique, Thomas va prendre une responsabilité supplémentaire au cours de la seconde moitié de la mission Alpha : celle de commandant de bord de la station. Avant lui, il n’y a eu que 3 européens à commander le complexe orbital : le belge Frank De Winne en 2009 (Exp 21), l’Allemand Alexander Gerst en 2016 (Exp 57) et l’italien Luca Parmitano en 2019 (Exp 61). Après l’amarrage réussi de la capsule Endeavour à l’ISS samedi à 11h10 à 424 km d’altitude, et une prise de contact initialement prévue à 13h15, mais retardée à 13h45 suite à un problème mineur, l’arrivée de l’équipage de Crew-2 porte jusqu’au 28 avril la population totale de l’ISS à 11 personnes. Il y aura 6 astronautes américains (Shane Kimbrough, Megan Mc Arthur, Shannon Walker, Michael Hopkins, Victor Glover et Mark Vande Hei), 2 japonais, (Soichi Noguchi et Ahikido Hoshide), 2 cosmonautes russes (Oleg Novitski et Pyotr Dubrov) et enfin Thomas Pesquet. Au terme de son deuxième vol de 6 mois, il deviendra le français à avoir séjourner le plus de temps en orbite.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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