Technologie

1er vol réussi pour Ingenuity

Ingenuity capture son ombre depuis une hauteur de 3 m grâce à sa caméra de navigation (Photo : NASA/JPL-Caltech).

Après un report dû à la nécessité de reconfigurer son logiciel de bord, le petit hélicoptère embarqué sur le rover martien Perseverance a accompli son premier vol dans le ciel martien. Si les conditions le permettent, il doit réaliser encore 4 décollages au cours des prochaines semaines.

Ingenuity va-t-il voler la vedette à Perseverance ? A en juger par les cris d’enthousiasme de l’équipe technique du Jet Propulsion Laboratory (JPL) à l’arrivée des données et des premières images, il est clair qu’il focalise toute l’attention. Il l’a donc fait. Cette petite machine d’à peine 2 kg et de 49 cm de haut prouve désormais qu’il est possible de s’élever dans le ciel martien, malgré la quasi absence d’atmosphère. Pour mémoire, celle de Mars ne représente seulement que 1% de celle de la Terre. Si son rayon d’action lui permet de parcourir en théorie jusqu’à 300 m, Ingenuity n’est monté qu’à 3 petits mètres au-dessus du cratère Jezero pendant une durée totale de 39 secondes et un dixième très précisément. Les images, transmises par les instruments Mastcam-Z et NavCam de Perseverance (distant de 64,3 m), montrent qu’il est ensuite resté en vol stationnaire pendant 20 secondes avant de redescendre au sol verticalement à la vitesse de 1m/s. C’est peu, certes, mais l’objectif premier de ce démonstrateur technologique était avant tout de prouver qu’il est possible à un engin volant de se déplacer dans l’atmosphère martienne, aussi mince soit elle. Outre la transmission des images, le rover qui est posé sur mars depuis le 18 février sert également de relais pour transmettre la télémétrie vers la Terre. D’autres images, prises par la caméra verticale montre l’ombre de l’hélicoptère qui se reflète sur le sol martien.

Ingenuity filmé par les imageurs de Perseverance à une distance de plus de 60 m (Photo : direct NASATV).

Un aéronef autonome

Pour cette première, Ingenuity a simplement exécuté une série de commandes simple : mettre en route ses pales de 1m20 d’envergure, décoller, survoler, redescendre et arrêter les pales. Compte tenu de la distance, (plusieurs centaines de millions de km) et donc du délai dans les transmissions, il n’est pas possible de piloter l’engin en temps réel. Celui-ci exécute une série de commandes envoyées au préalable par son équipe technique. Au cours des 3 prochains sols (jours) martiens, de nouvelles données doivent parvenir aux équipes du JPL pour analyse. Elles permettront d’affiner la seconde tentative de vol d’Ingenuity. L’intrépide hélicoptère en est actuellement à son 16ème sol sur une fenêtre qui en comporte au total 31. La NASA annonce que la deuxième tentative de vol est prévue pour jeudi 22 avril. Au cours de ce second envol, il devra voler à 5 mètres d’altitude sur quelques mètres. S’il survit à ce deuxième essai, au cours de la nuit la température peut chuter à -100 °C, les ingénieurs vont étudier la meilleure façon d’affiner le profil du prochain essai. 5 envols au total sont prévus. Quoi qu’il en soit, Ingenuity ouvre une nouvelle brèche dans l’exploration martienne (et aussi planétaire avec la possibilité d’envisager des engins aériens, exactement comme le fit en 1997 le petit rover Sojourner pour les rovers qui permettent aujourd’hui d’avoir des véhicules de près d’une tonne en surface. A plus longue échéance, les drones devraient logiquement trouver une application lors des futures missions humaines sur Mars.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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