Lancements / Transport spatialTechnologie

New Shepard teste la technologie nécessaire à l’alunissage

Lancement réussi pour la mission NS-13 du dispositif New Shepard de

En marge de l’IAC2020, la mission NS-13 du lanceur suborbital de Blue Origin, initialement planifiée fin septembre, a finalement décollé ce mardi 13 octobre. Si la vocation première de New Shepard est d’emmener des passagers privés pour un vol de quelques minutes au-delà des 100 km d’altitude, ce vol NS-13 a notamment servi de banc d’essais pour les technologies nécessaires aux alunissages prévus dans le cadre du programme Artemis.

Se poser en douceur à la surface de la Lune est un art que la NASA a réussi à onze reprises : au cours des sept tentatives du programme automatique Surveyor avec cinq succès et deux échecs, puis lors des six alunissages habités du programme Apollo. Le programme Artemis de retour lunaire nécessite aujourd’hui la mise au point de nouvelles technologies que la NASA n’exclue pas d’utiliser aussi sur des missions d’exploration planétaires dont notamment la mission de retour d’échantillons martiens (MSR) envisagée pour la fin de la décennie. Le lanceur New Shepard qui a décollé mardi depuis le site de lancements Blue Origin de West Texas, emportait, parmi les 12 charges utiles embarquées, la suite de capteurs SPLICE (Safe and Precise Landing Integrated Capabilities Evolution) développée par la NASA. Cet ensemble est composé de trois instruments. Le premier système est destiné à la navigation relative au terrain qui intègre un logiciel développé par la firme Draper de Cambridge (Massachusetts). Le logiciel utilise les informations du terrain d’atterrissage retransmises en temps réel par la caméra et les compare avec des cartes de surface pré-chargées pour déterminer l’emplacement exact de la fusée. Une technologie similaire doit être utilisée par le rover Perseverance pour atterrir sur Mars en février 2021. Le second système est un LIDAR doppler développé par le centre de recherches Langley de la NASA à Hampton en Virginie. Il envoie des faisceaux laser vers la surface qui, une fois réfléchis, permettent de déterminer la vitesse et l’altitude de l’atterrisseur. Le troisième capteur, destiné à scanner la surface du terrain pour créer une carte en 3D, n’a en revanche pas été installé sur le New Shepard a précisé l’administration spatiale américaine.

Les capteurs destinés à réaliser l’atterrissage de précision sont installés à l’extérieur du lanceur (Photo : Blue Origin).

Précédent

Les données qui auront été recueillis, par les capteurs Splice pendant le vol, doivent permettre de déterminer le comportement d’un vaisseau pendant un alunissage et de voir aussi comment celui-ci peut être affecté par l’atmosphère d’une planète. Les informations récoltées sont transmises par l’intermédiaire de l’ordinateur de descente et d’atterrissage de l’ensemble SPLICE qui est lui-même synchronisé avec l’ordinateur de bord du New Shepard. Les futurs alunissages (automatiques et habités) doivent se faire dans un rayon équivalent à la moitié d’un terrain de football. Ce n’est pas la première fois que des composants « SPLICE » sont testés en vol. Le 11 septembre 2019 au centre de recherches Armstrong à Edwards dans le cadre du programme « Flight Opportunities » de la NASA, un démonstrateur captif Xodiax, conçu par Masten Space Systems, avait permis d’expérimenter une caméra de reconnaissance terrain. L’essai réalisé avec New Shepard jest le premier d’une série de deux prévus avec le même lanceur. C’est également le premier avec l’ordinateur intégré et deux des éléments de la suite SPLICE.

A l’issue du vol NS-13, le lanceur et la capsule ont été récupéré après respectivement 7 et 10 mn de vol (Photo : Bue Origin).

Plusieurs charges utiles

Parmi les autres expériences embarquées figurait également uG-LilyPoud. Il s’agit d’un système de croissance de plantes aquatiques destinés à produire un complément nutritif pour un équipage. Cette manipulation est développée par Space Lab Technologies en collaboration avec l’université de Boulder. Le Southwest Research Institute (SwRI) faisait voler deux expériences : BORE II et LAD-2. La première est dédiée à la collecte d’échantillons rocheux sur des environnements à faible gravité comme les astéroïdes et la seconde est destinée à montrer l’interaction entre gaz et liquide en microgravité. Une application utile pour les systèmes de propulsion dans l’espace. Enfin, la NASA a disposé une seconde charge utile à bord de New Shepard en l’occurrence l’expérience FBMC (Flow Boiling in Microgap Coolers), qui avait déjà volé à bord du vaisseau de Blue Origin, une technologie dédiée au refroidissement des composants électroniques. Ce 13ème vol de New Shepard (le 7ème consécutif pour l’ensemble NS-3) aura duré très exactement 10 mn et 15 pour la capsule (7 mn pour le lanceur) et aura permis de culminer à 351 000 ft (105,6 km) avant que les deux véhicules ne soient récupérés. Selon les informations disponibles, deux vols d’essais resteraient à effectuer avant un premier vol habité de New Shepard à partir de 2021.

Antoine Meunier

 

©                                 La Chronique Spatiale (2020)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *