Second vol d’essai réussi pour LauncherOne
Alors que Blue Origin n’est plus très loin de lancer des passagers à bord de sa capsule Blue Shepard, c’est à présent au tour de Virgin Orbit de réussir un premier vol d’essai de son lanceur aéroporté. Un nouveau test qui efface la première tentative qui avait échoué en mai 2020.
Le 25 mai dernier, le lancement inaugural du LauncherOne, depuis l’aile gauche de son avion porteur B747 Cosmic Girl, s’était soldé par un échec. Si l’ignition du moteur Newton 3 du premier étage de la fusée, lancée à l’horizontale, s’était déclenchée, une anomalie était apparue qui avait entrainé l’extinction prématurée du moteur. Ce nouveau "vol inaugural" s’est en revanche parfaitement déroulé. Le Cosmic Girl a décollé ce dimanche à 10h50 du matin (heure locale) depuis la base de Virgin Orbit située à Mojave en Californie. Après un vol sans histoire, celui-ci a gagné sa zone de largage au-dessus de l’Océan Pacifique à une centaine de km au sud des Channels Islands, au large de la Californie, et à une altitude de 35 000 ft (11500 m). La mise à feu du moteur Newton-3, fonctionnant au Lox-kérosène (RP-1) a eu lieu quelques secondes après le largage. Selon le plan de vol, l’extinction du moteur principal (MECO) devait intervenir à T+187s et être suivie trois secondes plus tard par la séparation du premier étage. Celle-ci devait intervenir à T+190,5 s dans la chronologie, soit dix secondes après une brève réduction de la poussée. L’ignition du moteur Newton-4 (deuxième étage) était prévue à T+194 s pour une première combustion d’environ 6 mn. Le largage de la coiffe devait, quant à lui, se produire à T+219,4 s. Une ultime combustion de quelques secondes du moteur du second étage était programmée un peu plus de 50 mn après le lancement. Le déploiement de la charge utile devait intervenir à T+56 mn. Le suivi de la mission était réalisé par cinq stations de poursuite : trois sur le continent nord-américain (Long Beach, Mojave et Baja), une en Antarctique et une dernière à l’Ile Maurice.
Neuf missions mais 11 cubesats
Cet exemplaire numéro 2 de LauncherOne emportait les 11 nanosats de la mission ELaNa 20 de la NASA qui devaient être déployés sur orbite. Représentant une masse au lancement de 23,8 kg. Il s’agit de charges utiles conçues par différentes universités américaines. Les neuf missions de ces cubesats concernent les débris spatiaux (CACTUS-1 : Université de Laurel, Maryland), la météo spatiale (EXOCUBE-2 : Université polytechnique de San Luis Obispo, Californie), l’observation de la Terre (PolarCube : Université de Boulder, Colorado), la formation des planètes (Q-PACE : Université d’Orlando, Florida). RadFXSat-2 (Université Vanderbuilt de Nashville) a pour objectifs d’étudier les effets du rayonnement spatial sur certains composants électroniques et de tester un système bi-directionnel de communication pour les radio-amateurs. Les deux cubesats CAPE-3 (Université de Lafayette, Louisiane) et TechEdSat-7 (NASA Ames) sont avant tout des démonstrateurs technologiques. Les deux dernières missions embarquées : MiTEE (Université d’Ann Arbor, Michigan) et PICS (Université Brigham Young, Utah) comportaient chacune une paire de satellites. La première emportait une expérience d’amarrage et la seconde concerne, entre autres, la maintenance et l’inspection des satellites. Depuis 2011, l’initiative éducative ELaNa de l’agence spatiale américaine a permis de faire voler 129 Cubesats. La mission ELaNa 29 doit d’ailleurs une nouvelle fois faire appel à LauncherOne afin de déployer un cubesat pour le compte de l’Université de Cornell (Ithaca, état de New-York). Virgin Orbit annonce d’ailleurs qu’à la suite du succès de la seconde mission d’essai de son lanceur, elle devrait passer à la phase suivante : l’exploitation commerciale de LauncherOne. Parmi les futurs passagers à embarquer sur LauncherOne figurent l'US Air Force, la RAF ainsi que trois clients commerciaux : l'américain Swarm Technologies, l'italien Sitael et le danois GomSpace. Toutefois, la date du prochain tir n’est pour le moment pas encore connue.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2021)