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Airbus décroche un contrat pour 3 nouveaux ESM

3 nouveaux ESM équiperont les vaisseaux Orion des missions lunaires Artemis 4 à 6 (Image : ESA-D.Ducros).

L’agence spatiale européenne et l’industriel ont officialisé mardi le contrat portant sur les modules de service européen (ESM) 4 à 6 qui seront destinés à équiper les vaisseaux Orion du second trio des missions lunaires Artemis, entre autres destinées à la construction de la future station lunaire Gateway. 

D’ici l’automne prochain, le tout premier exemplaire de la fusée SLS doit lancer vers la Lune la mission Artemis-1. Ce vol inhabité doit permettre de valider le vaisseau Orion qui autorisera le retour des êtres humains dans les parages de la Lune, fin 2022 ou début 2023, au cours de la mission Artemis-2. Une mission de survol de notre satellite dont le profil rappelle celui d’Apollo 8 en décembre 1968. Airbus Space qui produit le module de service européen, c’est-à-dire la partie propulsive d’Orion, a livré le premier exemplaire de l’ESM fin 2018. Celui-ci est en cours de remplissage d’ergols au centre spatial Kennedy (KSC) afin de préparer le décollage d’ici la fin de l’année. L’ESM-2, celui de la mission Artemis-2, est actuellement en cours d’intégration dans les ateliers Airbus de Brême en Allemagne et doit être livré en juillet prochain au centre spatial Kennedy (KSC). Le contrat, officialisé, mardi par l’ESA et Airbus Space porte sur les exemplaires 4 à 6 qui équiperont les missions Artemis 4 à 6. Le montant global pour ces trois nouvelles unités atteint 650 millions d’euros. Les 2 premiers ESM de ce contrat serviront ainsi que la participation européenne dans la station lunaire Gateway, c’est-à-dire le module ESPRIT (logistique) et I-Hab, à garantir à l’ESA la présence de trois astronautes européens à partir de 2026 pour des missions à bord de cette station qui doit être placée dans l’espace lointain. Ces deux éléments seront conçus dans les installations françaises et italiennes de Thales Alenia Space.

Installation du réservoir principal sur l’ESM-2 (Photo : ESA-S.Corvaja).

Véhicules logistiques à l’étude

Construit par Airbus, l’ESM, qui doit permettre de maintenir en vie jusqu’à 4 astronautes pendant 3 semaines, repose sur la technologie de l’ATV pour la partie GNC (guidance, navigation et contrôle) ainsi que les propulseurs dédiés notamment au contrôle d’attitude. Le propulseur principal du module est cependant américain. Il s’agit du moteur AJ-10 construit par la firme Aerojet Rocketdyne basée à Sacramento en Californie. Ce moteur servait de système de manœuvre orbitale (OMS) sur les navettes spatiales jusqu’à leur retrait du service en 2011. Il est d’ailleurs prévu que huit exemplaires de l’AJ-10, prélevés sur les navettes, soient utilisés sur les ESM. Celui qui équipera le module de service de la mission Artemis 1 a volé 19 fois et a été mis à feu à 89 reprises. A partir de 2024, l’ESM-3 doit propulser la mission Artemis-3 qui permettra de déposer les premiers astronautes sur la surface de notre satellite depuis 1972. Son intégration doit bientôt débuter pour une livraison fin 2022. Cette mission nécessitera cependant un nouvel alunisseur piloté. La NASA doit rendre son verdict fin avril sur l’industriel qui sera retenu pour construire le nouveau système d’alunissage piloté (Human Landing System ou HLS). Si officiellement, le calendrier fixe toujours l’alunissage d’Artemis-3 à 2024, il parait néanmoins peu probable que cette date soit tenue pour des raisons financières. Les fonds obtenus par la NASA pour développer le HLS dans son budget 2021 sont en effet insuffisants (850 millions $ obtenus contre 3,3 milliards demandés). De son côté, en matière de véhicules automatiques lunaires, l’ESA étudie actuellement la piste du Cis-Lunar Transfert Vehicle (CLTV) dont elle a confié une étude préliminaire à Airbus et TAS. Ce véhicule logistique pourrait, à l’image de l’ATV avec l’ISS, venir ravitailler la station Gateway. Il pourrait venir en complément de l’atterrisseur lunaire logistique EL3, également envisagé mais pour les opérations à la surface de la Lune. Une décision pour la construction de ces véhicules est attendue pour la conférence ministérielle planifiée fin 2022, en vue d’un lancement sur Ariane 6 à partir de 2027.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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