L’ESA lance son 4ème recrutement d’astronautes
L’agence spatiale européenne se prépare à recruter une nouvelle promotion douze ans après la dernière. Une future sélection qui devrait prendre part aux missions vers la prochaine station lunaire Gateway. Elle pourrait également inclure un astronaute avec un handicap physique.
En 2021, le corps européen des astronautes (EAC) compte sept membres. Les six qui ont été recrutés en 2009 : Samantha Cristoforetti, Luca Parmitano, Thomas Pesquet, Alexander Gerst, Andreas Mogensen et Tim Peake. L’Allemand Mathias Maurer intègre à son tour les rangs de l’EAC en 2015. Il y a 12 ans, le renouveau des effectifs d’astronautes européens correspondait notamment avec l’arrivée du laboratoire Colombus ainsi qu’aux missions de ravitaillement de l’ISS effectuées par l’ATV. Le lancement de ce 4ème recrutement obéit, entre autres, à la nécessité de former des effectifs dans le cadre du programme Artemis. Les places seront forcément rares puisque l’ESA devrait au final retenir de 4 à 6 candidats. Plusieurs nouveautés néanmoins : il est envisagé de constituer un corps de réserve qui pourrait compter jusqu’à 20 personnes pour des missions courtes notamment. Ces réservistes seraient engagés au sein de l’ESA le temps de leur mission soit « pendant 4 ans », indique Didier Schmitt l’un des responsables des vols habités au sein de l’agence. Il est important de rappeler que dans un domaine aussi stratégique que les vols habités, des critères politiques entrent également en ligne de compte. Tous les états membres ne contribuent en effet pas forcément à la même hauteur dans le budget de l’agence spatiale européenne. Au final, il s’agit de parvenir à un équilibre des pays représentés.
Diversité et curiosité
Mais la grande nouveauté est que l’ESA a décidé d’introduire un nouveau critère dans le recrutement de ses nouveaux explorateurs : celui de la diversité. Si les femmes sont vivement encouragées à postuler (il y avait 15% de candidates lors du recrutement de 2008), la future promotion de 2022 verra peut-être le recrutement du premier « parastronaute » de l’histoire, une nouveauté qui a été annoncée par David Parker, le patron de l’exploration et des vols habités au sein de l’autorité spatiale européenne. « La diversité au sein de l’ESA ne doit pas seulement tenir compte de l’origine, de l’âge, des antécédents ou du sexe de nos astronautes, mais peut-être aussi des handicaps physiques. Pour faire de ce rêve une réalité, parallèlement au recrutement des astronautes, je lance le projet de faisabilité des parastronautes - une innovation dont l’heure est venue ». Pour cette initiative, trois catégories de personnes présentant un handicap ont été retenues selon des critères établis par le comité paralympique international. Il pourra s’agir de personnes présentant une insuffisance des membres inférieurs, une déficience des membres inférieurs (simple ou double) et une taille pouvant être inférieure à 1m30. En termes de compétences, les profils recherchés restent à peu près les mêmes. Il faut être titulaire d’au moins un master avec un minimum de 3 ans d’expérience professionnelle dans son domaine (sciences, médecine, ingénierie, pilote militaire ou civil, sciences de l’informatique).
Verdict final à l’automne 2022
Il faut également posséder des qualités humaines importantes. « Avoir une grande curiosité c’est quelque chose de commun à tous les astronautes », explique ainsi Luca Parmitano qui a volé sur l’ISS en 2013 (Exp 36/37) et 2019/20 (Exp 60/61). « Il faut également avoir le plaisir de partager une mission collective », estime pour sa part Claudie Haigneré qui compte également deux missions dans l’espace sur la station Mir (1996) et l’ISS (2001). Le processus de recrutement sera long. A partir du 31 mars prochain et jusqu’au 28 mai, l’ESA recueillera les candidatures sur son site spécialement dédié. Ensuite commencera un parcours en six étapes. Les candidats seront notamment soumis à des tests psychologiques et psychomoteurs ainsi qu’une sélection médicale avant des entretiens en deux temps. L’ensemble doit s’étaler sur un peu plus d’un an et demi puisque l’ESA n’annoncera son choix final qu’au mois d’octobre 2022. Pour les heureux élus, les futures opportunités de vol se concentrent bien sur en direction de la Station spatiale internationale mais aussi vers la future station lunaire Gateway dont les modules PPE et HALO doivent être acheminés par la fusée Falcon Heavy à partir de 2024. A ce jour, l’ESA dispose de trois sièges sur cette future station qui doit démarrer son exploitation dans la seconde moitié de la présente décennie. Une nouvelle aventure débute.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2021)