Spectacle en technicolor pour Perseverance
Quatre jours après l’arrivée du rover sur Mars, la NASA a rendu public lundi soir des photos et un montage vidéo particulièrement spectaculaire de la descente finale de l’astromobile à la surface de la planète rouge. Une petite production cinématographique que n’aurait certainement pas renié le réalisateur Ridley Scott.
Depuis 1976, seulement 9 engins se sont posés en douceur à la surface de Mars et tous sont américains. Les 2 premiers sont les atterrisseurs Viking 1 et 2. Puis, il a fallu attendre le 4 juillet 1997 et l’arrivée de la sonde Mars Pathfinder qui transportait dans ses entrailles le petit rover Sojourner de seulement 11 kg. Les 2 astromobiles Spirit et Opportunity suivirent en 2004. Elles pesaient 185 kg chacun. La seconde était encore active en 2018. 4 ans plus tard en 2008, l’atterrisseur Phoenix se posait presque au pôle Nord pour une courte mission de 3 mois. En 2012, Curiosity a permis de multiplier par 5 la masse qu’il était possible de poser à la surface de la planète Mars par rapport aux 2 rovers de 2004. Aujourd’hui, Perseverance accuse 127 kg de plus que son frère ainé avec 1026 kg sur la balance. En 2018, le lander Insight se pose à son tour avec succès dans Elysium Planitia avec comme mission d’écouter l’activité sismologique de Mars grâce à l’instrument SEIS du CNES. Avec l’arrivée réussie de Perseverance la semaine dernière, l’expérience acquise en matière d’atterrissage sur Mars, depuis maintenant près de 25 ans par la NASA et la sonde Mars Pathfinder, a permis de multiplier par presque 100 la taille du rover qu’il est possible de poser en douceur sur la surface de la planète rouge.
Sous tous les angles
Mais cette nouvelle mission est à marquer d’une pierre blanche pour plusieurs raisons. D’abord pour les images d’une incroyable netteté qui ont été prises au cours de l’ultime phase de vol de Perseverance vers le sol martien, lors de l’entrée la descente et l’atterrissage (EDL*) sachant que le vaisseau est entré dans l’atmosphère martienne à plus de 20 000 km/h. Des images qui ont permis d’avoir un aperçu des ultimes minutes de vol de la sonde. « Maintenant, nous avons enfin une vue en première ligne de ce que nous appelons ‘les 7 minutes de terreur’ lors de l’atterrissage sur Mars », a ainsi déclaré Michael Watkins, directeur du Jet Propulsion Laboratory (JPL). Une caméra était ainsi placée sur le bouclier thermique supérieur pour filmer l’ouverture du parachute. Celle-ci s’est déclenchée dès le déploiement de la toile. Une périlleuse manipulation qui a commencée à seulement 11 km d’altitude. Pour mémoire, ce parachute est le plus grand jamais mis au point pour un atterrissage martien avec une envergure de 21,5 m. Il devait s’ouvrir en une seconde. Ensuite, une caméra placée sous le rover a permis de filmer le largage du bouclier thermique inférieur tandis qu’une autre caméra était installée sur le dessus pour filmer le rover au cours des 20 derniers mètres de descente et vice-versa. Le rover a en effet filmé le skycrane en train de se détacher pour aller s’écraser une centaine de mètre plus loin dans les sables de Mars. « C’est la première fois que nous nous voyons atterrir sur une autre planète », a par ailleurs confié Matt Wallace le chef de projet adjoint de la mission. Un petit film qui aura été obtenu à partir de caméras disponibles dans le commerce. Les dernières images d’une telle netteté d’un atterrissage sur une autre planète l’ont été, non pas sur Mars, mais sur la Lune lors des alunissages des plus récentes missions chinoises Chang’E.
Vent martien
Et puis l’on a également entendu pour la première un son martien. Un microphone placé sur le rover a permis d’entendre pendant quelques secondes, mais en tendant bien l’oreille, le vent de la planète rouge. Enfin, le skycrane a prouvé sa maturité opérationnelle de même que le système de navigation qui a permis de déposer Perseverance à seulement 5 mètres du point prévu a tenu à rappeler Al Shen, l’un des responsables de la NASA, qui a dirigé la manœuvre finale d’atterrissage du rover. Le système utilisé était le même que celui de Curiosity. Pour l’anecdote l’ordinateur de bord utilise un processeur équivalent à celui que l’on trouve sur les ordinateurs personnels ou les consoles de jeux vidéo. Les prochaines images attendues sont celles que doit prendre le petit hélicoptère Ingenuity embarqué sur Perseverance. Pour le moment, l’équipe de la mission poursuit encore les vérifications. Il est également prévu de nouvelles images avec la Mastcam Z qui équipe le mat supérieur du véhicule pour, entre autres, obtenir une parfaite résolution de la route que va prochainement arpenter le rover.
Antoine Meunier
*Entry Descent and Landing.
© La Chronique Spatiale (2021)