Gouroutisation…?
Qu’il s’agisse de la réforme des retraites, du réchauffement climatique ou encore de la liberté de la presse, il est des sujets qui attisent les passions dans bien des cas. Et dans le climat actuel, le spatial n’échappe pas à cette règle. En témoignent récemment, certains échanges plutôt musclés sur divers réseaux sociaux à la suite du troisième vol du Starship (lire notre analyse du vol). Que l’on soit pour ou contre, la méga-fusée d’Elon Musk reste en effet un incroyable sujet de controverse. Mais le fantasque patron de SpaceX est-il un gourou ? A-t-il envouté les employés de sa société ? N’exagérerons pas non plus… Cependant, amener une entreprise, de n’importe quel secteur d’activité, vers un objectif ambitieux, implique aussi la notion de fierté d’appartenance pour les employés. Tous les grands capitaines d’industrie y ont recourt pour motiver leurs troupes. Mais aujourd’hui, SpaceX tente de mettre au point un monstre qui est un véritable cauchemar d’ingénierie. Il est vrai que les trente-trois moteurs du booster Super Heavy développent une puissance encore jamais atteinte : plus de deux fois celle de la Saturn V des années Apollo. Pas franchement écologique, il faut bien l’admettre. Le seul véritable équivalent du Starship (au moins pour le premier étage) c’est peut-être la N-1 imaginée par Sergueï Korolev. La fusée lunaire soviétique comptait 30 moteurs à sa base. Ses quatre tentatives de lancement, entre 1969 et 1972, se sont toutes soldées par des échecs et la N-1 n’est jamais parvenue à atteindre l’espace. Ce qu’a déjà réussi à accomplir à deux reprises le Starship dont la dernière fois sur une trajectoire suborbitale l’ayant amené jusque dans l’Océan Indien. Est-ce que le Starship révolutionnera le transport spatial ? Quoi qu’il se passe, c’est bien son objectif.
Antoine Meunier
© La Chronique Spatiale (2024)