Vous avez dit prouesse touristique ?
Quelques minutes sur le perron, juste le temps d’observer la Terre qui défile, la première sortie spatiale privée réalisée lors de la mission Polaris Dawn, par Jared Isaacman et Sarah Gillis, aura duré au total 15 petites minutes. On est loin des 6 à 7h que durent en moyenne les EVA « classiques » sur l’ISS. Mais pour une première depuis le Crew Dragon, la prudence était de mise surtout à 700 et quelques kilomètres d’altitude et, de surcroit, dans la partie non éclairée de la Terre. Ce vol d’essai des scaphandres extravéhiculaires de SpaceX n’en était pas moins une vraie performance réalisée par des personnes privées. Et le mot « privé » semble réveiller l’ire de certains politiques. Ainsi, l’un d’entre eux évoquait dans un tweet plutôt acerbe, il y a une semaine, une « industrie touristique réservée aux ultrariches…et un désastre écologique d’une indécence sans limite. ». Il se livrait également à un calcul assez curieux. « Ces hypers riches consomment en 10 minutes autant d’énergie qu’un milliard d’humains en une vie ». Drôle de maîtrise de l’arithmétique qui témoigne visiblement d’une méconnaissance manifeste du sujet ou alors d’un éternel dogmatisme un peu stérile. Contrairement aux apparences, l’envoi d’êtres humains hors de l’atmosphère terrestre n’a rien de touristique et nécessite une préparation particulièrement longue (deux ans dans le cas de Polaris Dawn). Heureusement qu’il existe encore aujourd’hui des « hyper riches », autrement dit des industriels, prêts à investir des sommes conséquentes en R&D pour faire progresser des technologies spatiales aussi pointues et qui peuvent avoir des retombées transversales. Alors à quand une prouesse “touristique” du même ordre depuis l’Europe ?
Antoine Meunier
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© La Chronique Spatiale (2024)