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Sentinel-6, l’héritier de Topex-Poseidon

La mission de Sentinel 6A-Michael Freilich doit durer au moins 5 ans (Image: NASA).

Conjointement réalisé par l’ESA et la NASA, le satellite d’altimétrie Sentinel-6 Michael Freilich a décollé samedi soir depuis le centre de lancements californien de Vandenberg. Cette mission doit assurer la continuité de service des mesures océanographiques réalisées depuis maintenant 30 ans.

Baptisé en l’honneur de l’ancien responsable de la division Earth Science de la NASA décédé le 5 août), Sentinel-6 Michael Freilich est l’héritier d’une famille de satellites dont le premier représentant est Topex-Poseidon, lancé par le CNES et la NASA en 1992. Entre les deux, quatre autres satellites sont venus agrandir la famille : JASON 1, 2 et 3 en 2001, 2008 et 2016. Sentinel-6 s’ajoute également aux sept premiers membres de la composante spatiale de Copernicus (les duos Sentinel 1 à 3 et Sentinel 5P). Selon l’ESA, le programme européen d’observation de la Terre permet aujourd’hui de distribuer quotidiennement jusqu’à 250 TO de données d’imagerie satellitaire. Sentinel-6, qui doit assurer la continuité des mesures obtenues précédemment, doit récolter des données en temps réel sur la surface des eaux, des vents de surface et de la hauteur des mers. Des informations essentielles pour mesurer les effets du changement climatique. Il doit également prendre des mesures au niveau des côtes. Environ 680 millions de personnes vivent sur les zones côtières, elles seraient les premières à être impactées par une montée des eaux océaniques, qui pourrait s’élever de 0,43 à 0,84 m (source : GIEC) d’ici la fin du siècle. Les données altimétriques récoltées doivent aussi permettre de prévoir les vagues de chaleur jusqu’à trois semaines à l’avance. Les phénomènes météorologiques comme El Niño et La Niña sont également pris en compte. La précision des mesures obtenues avec Sentinel-6 doit être de l’ordre du centimètre avec un temps de revisite de 10 jours.

Sentinel-6 est l’héritier de Topex-Poséidon lancé en 1992 (Image : NASA).

Continuité de collaboration

Construit sous maîtrise d’œuvre par Airbus Space, et avec un cahier des charges défini par Eumetsat, Sentinel-6 est un satellite d’1,4 t dont la plateforme est basée sur l’héritage de Cryosat. Sentinel-6, c’est aussi une collaboration internationale puisque la NASA est partie prenante dans cette mission qui comporte en fait deux satellites (pour un investissement entre l’Europe et les Etats-Unis d’environ 430 millions d’euros chacun). Ainsi, le JPL fournit l’un des deux instruments constituant la charge utile principale. Il s’agit du radiomètre AMRC qui doit mesurer la réflexion des micro-ondes sur l’océan dans trois longueurs d’ondes notamment pour mesurer l’influence du vent sur la surface de la mer ou encore la vapeur d’eau présente dans l’air traversé par les émissions radar. Le second instrument, l’altimètre radar Poséidon-4, est un dispositif conçu par Thales Alenia Space. Fonctionnant en bande C et bande Ku, il sert à calculer la topographie de l’océan dont la vitesse des courants ainsi que la hauteur des vagues. Le CNES fournit également un appareil : l’instrument de trajectographie DORIS qui est utilisé depuis Topex-Poséidon. Toujours côté américain, la NOAA fournit le segment terrestre pour la récupération des données. Enfin, le lancement est assuré par la NASA par l’entremise de Space X. Sentinel-6 a pu être déployé, environ une heure après le décollage, sur une orbite inclinée à 66° et culminant à 1336 km d’altitude, soit pratiquement la même que celle de JASON-3 dont il prend la suite. Le lanceur Falcon 9 (B1063) utilisé par Space X pour le lancement n’avait encore jamais servi. Ce dernier est ensuite revenu se poser sur le SLC-4 de Vandenberg. La mission de Sentinel-6 Michael Freilich doit durer au moins 5 ans avec une extension possible à 7,5 ans. Quant au second satellite, Sentinel-6B, il est prévu qu’il assure la continuité de service à partir de 2026 sans qu’il y ait pour autant une complémentarité entre les deux engins. Avant cela, les premières données obtenues par Michael Freilich pourront être complétées par une autre mission de mesure des eaux de surface : SWOT dont le lancement est planifié à partir de 2022, également avec le Falcon 9.

Antoine MEUNIER

(Dernière mise à jour : 21/11/2020, 19h36).

©                                 La Chronique Spatiale (2020)

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