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L’EUROPE, ACTEUR DE L’EXPLORATION SPATIALE

L'exploration spatiale au coeur des débats de Perspectives Spatiales 2020 (Crédit photo : LCS/A.Meunier).

L’exploration spatiale au coeur des débats de Perspectives Spatiales 2020 (Crédit photo : LCS/A.Meunier).

Pour sa dixième édition, le séminaire Perspectives Spatiales d’Euroconsult, organisé en partenariat avec le GIFAS, a notamment permis de débattre, une fois n’est pas coutume, sur les enjeux de l’exploration automatique et habitée.

« Grâce aux programmes d’exploration on emmène tout le monde », a déclaré Jean-Marc Nasr, le président de la commission espace du Gifas à l’issue de ce dixième numéro de Perspectives spatiales. Il est vrai que l’exploration spatiale en cette décennie 2020 est aujourd’hui marquée par le caractère international des missions. Sur la période 2018-2027 Euroconsult en dénombre 78 en cours d’exécution ou bien qui seront réalisées. Quand aux vols spatiaux pilotés, ils sont l’arme stratégique avec laquelle les Etats-Unis et la Russie ont démontré leur supériorité technologique en un plus d’un demi-siècle. Et depuis maintenant presque vingt ans, la Chine fait de même puisqu’elle est venue agrandir le club des puissances capables de lancer un homme dans l’espace, en réalisant six missions habités avec son vaisseau Shenzhou. Il est d’ailleurs prévu que l’Empire du Milieu teste au printemps son véhicule de seconde génération. En ce début de décennie, c’est l’Inde qui manifeste à présent des velléités en matière de vols spatiaux. Son vaisseau Gaganyaan doit être testé en automatique l’an prochain. 

Le véhicule Orion, un vaisseau propulsé par l'Europe (Crédit photo : LCS/A.Meunier).

Le véhicule Orion, un vaisseau propulsé par l’Europe (Crédit photo : LCS/A.Meunier).

Acteur malgré tout

Bien qu’archi présente dans les missions automatiques, depuis l’arrêt du projet de navette Hermès en 1992, l’Europe a décidé de ne pas s’engager dans la réalisation d’un véhicule piloté. Pour Didier Schmitt, coordinateur de l’exploration humaine et robotique au sein de l’ESA, le constat est en fait plutôt simple. « Nous ne sommes pas dans le siège du pilote parce que nous avons simplement choisi de ne pas y être ». Mais ne pas être installé dans le siège du pilote ne signifie pas non plus ne pas prendre part à l’aventure et ne pas jouer un rôle. « Nous sommes peut-être suiveurs, concède Didier Schmitt, mais nous participons quand même au jeu ». C’est au travers de l’ISS, du programme ATV et du module Colombus que l’Europe a en effet su conserver sa place dans l’aventure humaine de l’espace. Certains des modules de la station lunaire Gateway doivent être conçus par Airbus et Thales Alenia Space (I-Hab et ESPRIT).

L'ESM, conçu par Airbus DS, est l'élément critique livré par l'Europe qui doit permettre le retour des hommes vers la Lune (Crédit image : Airbus DS).

L’ESM, conçu par Airbus DS, est l’élément critique livré par l’Europe qui doit permettre le retour des hommes vers la Lune (Crédit image : Airbus DS).

Le nerf de la guerre

C’est en effet le Vieux continent qui fournit aux Etats-Unis l’élément propulsif ESM (European Service Module), du véhicule interplanétaire Orion. Un élément critique qui est basé sur celui de l’ATV. « Sans nous, Orion ne peut aller sur la Lune ». C’est donc une technologie européenne qui propulsera les hommes et les femmes qui, si tout va bien, doivent descendre à la surface de la Lune dans une poignée d’années maintenant. Fin novembre, la conférence ministérielle de Séville a d’ailleurs permis de valider le financement des modules ESM3 et ESM4. Il s’agira des modules de service qui équiperont les missions Artemis 3 et 4, dont la première devrait voir en 2024 l’alunissage d’un duo mixte d’astronautes américains en surface, le premier depuis décembre 1972 et la mission Apollo 17. Même si l’industrie européenne a la volonté de concevoir un véhicule habité, il semble aujourd’hui peu probable qu’une initiative commerciale, similaire à celle de la NASA avec les véhicules Starliner et Crew Dragon, qui sont dévolus à l’orbite basse (LEO), puisse voir le jour sur le vieux continent. « Aux Etats-Unis, le carnet de commandes est rempli avant même de démarrer ». Dans le cadre de l’initiative Commercial Crew Programme (CCP), Boeing et Space X se partagent 12 vols vers l’ISS destinés à assurer les rotations d’équipage de la Station spatiale internationale (ISS). Un marché pour lequel les deux sociétés ont touché  en 2014 une enveloppe de 6,8 milliards de dollars (4,2 pour Boeing et 2,6 milliards pour Space X). Pour sa part, l’Europe de l’espace ne dispose pas d’une telle surface budgétaire. « Il faudrait couper dans les autres budgets », ce qui n’est bien entendu pas souhaitable et serait forcément préjudiciables aux autres programmes. “L’important, c’est aussi de travailler en collaboration”, confie une source d’Airbus. Le retour sur la Lune offre désormais cette perspective.

Antoine Meunier

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