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Bill Nelson, le choix de la continuité pour la NASA

Bill Nelson, pendant son vol à bord de Columbia, va devenir le 14ème administrateur de la NASA (Photo : NASA).

Parmi les prétendants à la succession de Jim Bridenstine figuraient notamment l’ex astronaute Pamela Melroy (STS-92, STS-112 et STS-120) ou encore celui d’Ellen Stofan, la directrice du Smithsonian Institute. Mais c’est un politicien, et ex astronaute, qui a finalement eu les faveurs de la Maison Blanche pour diriger l’autorité spatiale américaine.

Si la carrière politique de Bill Nelson débute dès 1972 en tant que député de la Floride, elle sera marquée 14 ans plus tard par un unique vol spatial en tant que spécialiste de charge utile sur la navette Columbia en janvier 1986 lors de la mission STS-61C. L’année précédente, c’était le sénateur américain Jake Garn qui prenait place à bord de la navette Discovery pour un vol d’une semaine au cours du vol STS-51D. Pour les deux parlementaires, l’objectif était de pouvoir observer in situ comment l’argent du contribuable américain était investi lors des vols spatiaux habités. Privilège de politiciens diront les détracteurs mais c’est aussi une « expérience de terrain » unique. Si Bill Nelson est un politicien, il a été élu à trois reprises sénateur de Floride entre 2001 et 2018, il est aussi considéré comme un fervent avocat du spatial et pas uniquement parce qu’il a eu la chance d’y aller. Les liens de Monsieur Nelson avec l’espace perdurent en effet depuis maintenant plus de 35 ans. Ainsi, c’est lui qui a suggéré au président Barack Obama d’installer Charles Bolden à la tête de la NASA en 2009. Pour la petite histoire, Bolden était pilote de la navette Columbia lors du vol de Nelson.

L’équipage de la mission STS-61C de janvier 1986. Bill Nelson est le 2nd à gauche en haut (Photo : NASA).

Une sécurité pour l’agence

Plus récemment, l’ex sénateur de la Floride a aidé à l’élaboration du NASA Authorization Bill de 2010 qui fixe le cadre légal permettant entre autres la création du super lanceur SLS. Nelson en est un farouche avocat depuis le début. Et selon le journaliste américain Jeff Foust, son soutien n’a jamais failli y compris quand les coûts de développement ont dépasser les prévisions et que le calendrier du vol inaugural a glissé de 2016 à la fin de cette année. L’annonce faite la semaine dernière par la Maison Blanche dans la foulée du second test de mise à feu du corps central du SLS n’est donc pas anodine. Pour Bill Nelson, l’espace ne doit pas servir à renforcer les clivages et l’agence spatiale américaine se doit avant tout de rester une administration apolitique qui doit être dirigée par un professionnel de l’espace avec des compétences techniques et être un dirigeant accompli. Il s’est opposé à la nomination de Jim Bridenstine à la tête de l’agence en 2018, considérant que celui-ci manquait d’expérience et n’était pas suffisamment calibré pour diriger l’agence. Les deux hommes se sont finalement rapprochés et Nelson avait fini par apporter son soutien à Bridenstine pour que la NASA reste apolitique. En 2019, Bridenstine avait même nommé Nelson au conseil consultatif de la NASA.« Bill Nelson est un excellent choix pour administrer la NASA et il aura l’influence nécessaire pour obtenir d’importants budgets (à l’agence)… », a récemment déclaré l’ancien administrateur dans un communiqué. Même son de cloche de la part de Marco Rubio, sénateur républicain qui considère Nelson comme l’homme de la situation. C’est donc un choix de continuité fait par le président Biden pour la poursuite des programmes dont Artemis . Il faut maintenant que la nomination de Bill Nelson soit approuvée par le Sénat. Ce qui parait désormais être une formalité.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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