Vols habités

Le premier astronaute non américain sur la Lune sera japonais

Conférence commune de Joe Biden et Kishida Fumio, le Premier Ministre Japonais (White House).

L’annonce a été confirmée mercredi soir lors d’une conférence de presse commune du président américain Joe Biden et du Premier Ministre japonais Kishida Fumio. L’accord prévoit que deux astronautes nippons puissent prendre part à des missions lunaires Artemis et la fourniture d’un rover pressurisé. Un choix finalement logique au regard notamment de la récente présence économique japonaise sur le sol américain.

            Thomas Pesquet ne sera donc pas le premier non américain sur le sol sélène. Mardi 9 avril, Bill Nelson, l’administrateur de la NASA et Masashito Moriyama, Ministre japonais de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie, ont formalisé un accord qui portera sur deux missions. L’annonce a cependant été conjointement faite par la Maison Blanche et l’administration spatiale américaine. La première des deux missions prévoit qu’un astronaute japonais puisse être le premier non américain à fouler le sol lunaire. Aucune précision n’est en revanche donnée quant à ladite mission. Ce ne devrait toutefois pas être lors d’Artemis-3 aujourd’hui prévue pas avant la fin 2026. Les plans de la NASA prévoit « un astronaute de couleur et la première femme à la surface de la Lune » qui, selon toute vraisemblance, seront américains. La contrepartie de l’accord prévoit  que le Japon fournisse un rover pressurisé dans la perspective de la mission Artemis VII « et les missions ultérieures sur une durée de vie de dix ans », précise la NASA dans son communiqué. Artemis VII n’est attendue qu’au-delà de 2030. L’utilisation d’un rover pressurisé doit permettre aux astronautes d’effectuer des investigations au long court qui permettront de s’éloigner du point d’alunissage sur de grandes distances pendant plusieurs jours. Ce que n’autorise pas le futur véhicule mobile « ouvert », le LTV, pour lequel la NASA a sélectionné trois concurrents nationaux.

Le rover pressurisé doit être disponible pour Artemis 7 (Jaxa/Toyota).

Discussion en cours

L’annonce du partenariat américano-nippon n’est pas uniquement logique, au regard de la participation japonaise dans l’ISS (12,3% contre 8,3% pour l’Europe), elle est également diplomatique. Comme l’a rappelé le président américain Joe Biden lors de la conférence de presse donnée à la Maison Blanche, en compagnie du Premier Ministre Kishida Fumio, l’Empire du Levant est ainsi le premier investisseur des Etats-Unis. En 2023, le Japon a investi pour 121 milliards de dollars sur le sol américain. Un record. L’accord porte donc également sur des motifs géostratégiques « compréhensibles » selon Daniel Neuenschwander, le directeur des programmes d’exploration humaine et robotique au sein de l’ESA s’exprimant au micro de France 24. Dans le cadre de ses accords passés avec la NASA pour le programme Artemis, l’ESA dispose actuellement de trois opportunités pour faire voler ses astronautes. En contrepartie, l’accord oblige l’Europe à fournir deux des modules de la future station lunaire Gateway. Mais elle se trouve encore en situation d’attente pour l’attribution des futures missions lunaires. Une attribution qui fait encore l’objet d’âpres discussions entre la NASA et l’ESA.

Antoine Meunier

 

©                                 La Chronique Spatiale (2024)

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