Technologie

L’Iran testerait sa capsule habitée en 2022

Maquette de la capsule habitée iranienne, un engin aux caractéristiques similaires au vaisseau Mercury des années 60 (Photo : ARI).

Présentée pour la première fois en 2015, la capsule spatiale habitée devait être livrée en février à l’agence spatiale iranienne (ISA). Un premier vol d’essai sans pilote serait envisagé sur une trajectoire suborbitale d’ici moins d’un an et demi.

Activité stratégique par excellence, le vol habité n’est aujourd’hui maitrisé à 100 % que par trois grandes puissances : les Etats-Unis (avec les capsules Crew Dragon et prochainement Starliner ainsi qu’Orion), la Russie (avec Soyouz) et la Chine (Shenzhou et à venir le NGV). L’Inde travaille actuellement à la mise au point de son propre dispositif avec le vaisseau Gaganyaan dont deux vols d’essai à vide devraient avoir lieu fin 2021 et en 2022, avant un premier vol avec astronaute en 2023. A partir du milieu de l’année prochaine, c’est l’Iran qui envisagerait un essai non piloté de son propre véhicule (mission Kavoshgar-9), la capsule E1. L’agence spatiale iranienne devait réceptionner au cours du mois de février l’engin d’1,8 t, de classe Mercury, et développé par l’Institut iranien de recherche aérospatiale (ARI). Les informations sur ce vaisseau restent pour le moment encore très fragmentaires. On sait cependant qu’il pourrait transporter un pilote sur un profil de vol suborbital similaire à celui des deux premières missions Mercury américaines de 1961 (MR-3 et MR-4). Pour mémoire, la fusée Redstone avait permis aux astronautes Alan Shepard et Gus Grissom de monter, respectivement, à 187,5 et 190,31 km d’altitude. Si le vol de démonstration à vide iranien a lieu comme envisagé en juin 2022, il ne serait dans l’immédiat pas envisagé d’installer de système d’éjection d’urgence comme cela est prévu.

De forme conique, la capsule iranienne évoque le Crew Dragon de Space X (Crédit : image originale ARI).

Un vol suborbital piloté en 2025 ou 2026 ?

Ce test nécessiterait l’utilisation d’un lanceur mono-étage dérivé du missile balistique Shahab-3/Ghadr et dont la masse au décollage se situe légèrement en-dessous de celle de la vieille Redstone (26 contre 28 t pour la fusée américaine). Pour le moment, au moins deux essais automatiques pourraient avoir lieu. D’autres sources évoquent cependant la possibilité de réaliser jusqu’à cinq tests automatiques de la capsule au cours des 5 années qui viennent avant d’envisager une première mission suborbitale à partir de 2025 ou 2026 d’une durée maxi d’environ 15 à 30 mn. L’Iran annonce son intention de lancer un homme dans l’espace depuis maintenant la fin des années 2000 et elle a déjà réalisé quatre essais suborbitaux « à petite échelle » entre 2011 et 2013 avec des capsules biologiques (Pishgam) d’environ 300 kg dans le cadre du programme Kavoshgar. Les deux dernières missions (menées en janvier et décembre 2013) ont permis de lancer avec succès des singes rhésus. Le dernier vol (Kavoshgar 8) a permis au singe Fargam d’accomplir un vol de 15 mn à 120 km d’altitude. Quand au vol orbital, s’il est envisagé, l’Iran ne dispose pas d’un lanceur qui lui permette de préparer une mission aussi complexe qui nécessite le lancement d’une charge lourde en orbite basse (LEO). Il est d’ailleurs fort peu probable qu’elle en dispose à long terme. Il n’est en revanche pas exclu que, dans les prochaines années, un astronaute iranien puisse voler sur la future station chinoise dont le premier module doit être lancé fin avril.

Antoine Meunier

©                                 La Chronique Spatiale (2021)

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